Lecture : Luc 22/ 1 à 46
« Le
fils de l’homme s’en va, selon ce qui est écrit de lui. Mais
malheur à l’homme par qui le Fils de l’homme est livré !
Mieux vaudrait pour cet homme qu’il ne fut pas né. »
Matthieu 26/ 24.
« Veuillez
et priez, afin que vous ne tombiez pas dans la tentation ;
l’esprit est bien disposé, mais la chair est faible. »
Matthieu 26/ 41
L’amour
que nous devons à la vérité nous oblige à repenser
continuellement la façon dont nous la comprenons. La vérité étant
une chose vivante, nous ne pouvons pas l’étouffer dans le cadre
trop étroit de nos représentations mentales conditionnées par
notre éducation, notre héritage intellectuel ou notre entourage.
C’est pourquoi il ne faut pas s’étonner si nous avons parfois le
désir, le besoin et la soif de nous affranchir des vieilles formules
et de revoir avec des yeux neufs le message qui se dégage de la vie,
des activités et des paroles de Jésus.
La
fête juive de la Pâque a été pour Jésus l’occasion d’une
démonstration exceptionnelle de la vérité. Cette vérité qu’il
a toujours généreusement proclamée rappelle à l’homme qu’il
est un être libre, douée d’une volonté personnelle, ainsi que
l’a décrété son Créateur dès les origines. La Pâque est
essentiellement une fête de la liberté. Elle rappelle la sortie
d’un peuple hors de la maison de servitude. Elle signe pour
toujours l’arrêt de mort de la puissance des ténèbres ; la
création ne sera pas indéfiniment asservie aux forces dégradantes
de l’esclavage.
Le drame pouvait-il être évité ?
croix, tout ce qui se passait n’a été marqué que par le signe de la liberté. Ce côté des événements passe le plus souvent inaperçu et il est un des plus important. Les ennemis sont libres, Barabbas est libre, Judas est libre, tous sont libres d’accuser, de trahir, de s’enfuir, d’aimer ou de haïr, d’arrêter Jésus et de le crucifier, parce que simplement Dieu l’a voulu ainsi. Même à ce point là Dieu honorera le principe de liberté dont il a doté l’homme, créature faite à l’image du Dieu libre.
Il est cependant une chose qui est encore plus importante et qui doit éclairer ce sombre tableau, c’est que Jésus a LIBREMENT accepté d’être une victime sans défense, innocente, mais JAMAIS, au grand jamais, livré contre sa propre volonté. S’il était déterminé que Jésus devait un jour mourir, il avait parfaitement la liberté de choisir sa manière de mourir. Il POUVAIT très bien remettre son Esprit entre les mains de son Père AVANT la croix. C’est sa prière à Gethsémané qui le laisse clairement entendre.
Sil s’en réfère à son Père Céleste c’est parce qu’il aime par dessus tout accomplir la volonté de ce Père Bien-aimé. Et ce Père Divin sait qu’il peut compter sur son fils pour témoigner jusqu’au bout, à un monde pervers, de la qualité de son Amour. Ainsi se vérifie la parole du Psaume 103 : «L’Éternel est miséricordieux et compatissant, lent à la colère et riche en bonté. Autant les cieux sont élevés au-dessus de la terre, autant sa bonté est grande pour ceux qui le craignent ».
Si Dieu a donc usé d’une miséricorde infini et pardonné si généreusement à « ceux qui ne savaient pas ce qu’ils faisaient », comment pourrions nous encore mettre en doute la réelle bonté et la profonde affection qu’il a pour ceux qui le craignent ?
Le chemin de la croix est celui d’un sort librement consenti, non pas en vue d’édifier une théologie ou une dogmatique plus ou moins abstraite et sujette à d’inépuisables discussions, mais pour démontrer, sur le terrain concret de l’existence humaine, la réalité d’un amour et d’une confiance sans borne envers le Dieu dont Jésus révèle cette indéfinissable qualité : L’AMOUR PATERNEL. Un amour qui prouve sa qualité par le PARDON envers des fils rebelles et qui démontre son efficacité par la transformation qu’il opère dans leur cœur, lorsque ceux-ci reviennent vers lui, cet amour de Dieu est une réalité toujours actuelle et absolument parfaite.
- Le triste cas de judas
Mais le terrible défaut de Judas sera de douter de la loyauté de Jésus et de son désintéressement. S’il est d’accord avec l’idée du règne futur de Jésus, il ne l’est pas du tout sur les procédés qu’Il adopte pour y parvenir. Judas est un arriviste et il est profondément déçu de voir comment Jésus laisse échapper la totalité des bonnes occasions pour s’assurer l’adhésion en masse de la foule. C’est une nature égocentrique et son ambition humaine se reflète dans ses réactions. Il est impatient d’obtenir facilement les privilèges qu’il entrevoit auprès d’un Seigneur aussi puissant que Jésus.
La tension psychologique de la foule et des disciples étaient telle qu’on s’attendait à un coup d’éclat de la part de Jésus. On savait que les autorités le surveillaient et avaient décidé de se saisir de lui et on pensait que Jésus ne tarderait pas à manifester son pouvoir souverain pour établir son règne : voir Luc 19/ 11.
On imagine facilement la réaction de Judas quand il constata exactement le contraire de ce qu’il espérait. Jésus avait cependant plusieurs fois averti ses disciples qu’ils seraient tous scandalisés par son étrange comportement, contraire à la logique humaine et, surtout, à l’enseignement religieux jusqu’alors accepté concernant la personnalité du Messie.
Judas met alors toute sa pensée et sa volonté au service de sa propre ambition et projette de précipiter les événements. Il est convaincu que Jésus saura se défendre s’il est vraiment ce qu’il dit, mais, inconsciemment ou consciemment, il est difficile d’en juger, Judas veut compenser sa propre déception en sollicitant l’honneur des autorités en place. Sa déloyauté est totale et prépare sa trahison.
- Le plus grand malheur
Un
égoïsme forcené conduit à l’autodestruction de l’individu.
Judas est appelé, dans Jean 17/ 12, le fils de perdition parce
qu’il est le représentant typique de ce qui est entièrement
retourné sur soi-même et finit par s’effondrer sur soi-même dans
une totale inutilité.
On
sait que Satan, prince déchu d’une planète en désordre, avait le
dessein de discréditer Jésus par une mort humiliante afin qu’il
devint impossible aux hommes de le reconnaître comme Souverain
envoyé par Dieu. L’acceptation de la croix est un défi qui rend
la victoire de Jésus absolue, définitive et incontestable sur le
plan de la juridiction céleste. Satan a donc cherché tous les
moyens de faire échec au plan de Dieu, mais il s’est trompé dans
ses appréciations.
Dans
cette sombre entreprise une chose est certaine, c’est que Satan
avait obligatoirement besoin d’un ACCORD de la volonté humaine
pour pouvoir œuvrer. Il faudra toujours souligner avec insistance le
fait que la liberté humaines est une chose sacrée et que, même
Satan, n’a ni le droit ni le pouvoir d’en disposer. Il ne peut
que s’assurer le concours de la volonté humaine quand cette
volonté se trouve être seulement en ACCORD avec la sienne.
Il
se trouve donc que Judas ayant librement choisi d’être ce qu’il
est, Satan a trouvé en lui une porte grande ouverte et en a profité.
Satan ne pouvait infléchir et occuper une volonté humaine que si
celle-ci était consentante. A un certain moment la décision de
Judas est devenue irréversible et il est allé jusqu’au bout de
ses projets.
Jésus
n’a jamais condamné Judas, pas plus que les hommes qui l’ont
fait mourir. Son dernier cri a été de pardonner. Mais le pardon n’a
pas d’effet s’il n’est pas reçu et l’homme établi lui-même
son propre jugement à la mesure exacte de ses mérites. Le malheur
qui frappe Judas ne vient ni du ciel ni de l’enfer mais de sa
propre conscience.
Il
réalise soudain qu’il n’est plus maître des événements et que
l’innocence de Jésus n’est pas reconnue, bien qu’il aille en
faire part aux autorités auxquelles il avait livré Jésus. Il ne
s’attire que du mépris et une totale incompréhension pour son
repentir. Alors le grand malheur se produit : il se retrouve
TOUT SEUL. Il est COSMIQUEMENT SEUL, il s’est coupé de l’aide
miséricordieuse de Jésus, il est méprisé par les autorités, il
est même lâché par Satan qui n’a que faire de cet instrument
désormais INUTILE
C’est
un jugement atroce qu’il s’est infligé par son égoïsme et il
ne lui reste plus qu’à se détruire de désespoir.
Pourquoi
Jésus pense-t-il qu’il eut mieux valu que cet homme ne soit pas
né ? La seule réponse valable parait être celle qui révèle
le désir de Dieu de ne voir aucune des innombrables créatures de
l’univers se perdre dans une totale inutilité. Judas s’est
anéanti lui-même et c’est une vie gaspillée, et Jésus a une
fois montré qu’il n’aimait pas le gaspillage.
Judas
est devenu comme s’il n’avait jamais été et Jésus ne donne à
personne le droit de juger ou de condamner…
Il
avait manqué à Judas d’aimer sincèrement son Maître. Si cet
amour avait existé, même après avoir fait ce qu’il a fait, sa
repentance aurait eu une voie toute tracée pour lui assurer son
retour.
Le crible purificateur
Le
comportement des disciples n’a pas été non plus, glorieux dans
cette difficile épreuve. Mais ce qui les a finalement préservés de
l’irréparable c’est qu’ils ont toujours eu un sincère amour
pour Jésus et qu’ils avaient confiance en lui. Pierre est l’image
vivante de la maladresse et de l’action irréfléchie, mais il y a
toujours de l’espoir quand il y a la sincérité et l’amour vrai
au fond d’un cœur humain.
L’épreuve
les a durement secoués. Satan a voulu répéter l’histoire de Job.
Il pense que l’intérêt personnel, égoïste et matériel est le
seul est le seul motif de l’attachement des disciples à Jésus.
C’est pourquoi Jésus accepte le défi car il sait que le crible
fera tomber les illusions des disciples, MAIS PAS LEUR AMOUR. Jésus
a prié pour eux, c'est-à-dire qu’il s’est assuré du concours
des puissances célestes au service de l’amour de Dieu pour
préserver les siens. L’Amour répond toujours à l’amour.
Les
disciples aussi aspiraient à la grandeur matérielle et aux honneurs
terrestres. Juste avant le dernier repas ils ont encore trouvé le
moyen de se disputer au sujet de celui qui serait le plus grand dans
le Royaume. C’est la mort de Jésus qui a détruit en eux
l’illusion de la fausse grandeur. Un bonheur ne peut pas être vrai
ni durable s’il est limité par le temps et s’il se flétrit
comme l’herbe. Le seul Royaume où notre joie puisse être
parfaite est un Royaume Spirituel.
Jésus
leur promet qu’ils seront assis sur des trônes. Si les espérances
matérielles des disciples ne peuvent être réalisées c’est parce
que le Maître leur réserve une gloire bien supérieure à ce qu’ils
imaginent, une Gloire incorruptible et éternelle parce que de nature
supérieure à la matière .
Pour
l’instant, il leur enseigne que la grandeur consiste à servir et
le Royaume de Dieu est véritablement au milieu d’eux quand ils
font cela : Luc 17 :20. L’homme fait son propre bonheur
comme il peut faire aussi son propre jugement. Mais pour le bonheur
il est au moins aidé par la propension naturelle du cœur de tout
homme vers ce bonheur. Il suffit de le chercher au bon endroit :
DANS SON PROPRE CŒUR. Si notre cœur est sincèrement pour Dieu rien
ne pourra nous séparer de son amour. Les épreuves, les échecs, les
imperfections, les erreurs, les chutes, la vie, la mort, les anges,
les puissances célestes ou terrestres, rien ne peut jamais empêcher
l’Amour de Dieu de répondre à l’amour sincère de sa créature,
où qu’elle soit et quoi qu’elle soit. Romains 8/ 37-39.
Veillez et priez
Lorsque
les disciples auront appris à se faire les serviteurs les uns des
autres, ils réaliseront que c’est là que règne la plus grande
liberté. Quand tout le monde sert, il n’y a plus de serviteurs car
chacun est servi et chacun est prince.
Nous
faisons ici-bas l’apprentissage de la gloire. L’amour n’est pas
instantanément parfait mais il le devient progressivement quand il
apprend à discerner les choses les meilleures. C’est cela veiller.
C’est comprendre intelligemment la volonté de Dieu afin d’éviter
les tentations, c’est-à-dire les épreuves inutiles, pour avancer
plus vite et mieux vers les demeures éternelles du Royaume divin de
la joie et de la gloire.
Samuel
GUILHOT
22/03/1970
22/03/1970
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