jeudi 12 mars 2015

Jésus et l’église

 Lecture : Matthieu 16/ 13 à 23
«  Jésus posa cette question à ses disciples : Qui dit-on que je suis, moi, le Fils de l’Homme ? Simon Pierre répondit : Tu es le Christ (Messie), le Fils du Dieu vivant. Jésus dit : Tu es heureux, Simon, fils de Jonas ; car ce ne sont pas la chair et le sang qui t’ont révélé cela, mais c’est mon Père qui est dans les cieux. Et moi, je te dis que tu es Pierre, et que sur cette pierre je bâtirai mon Église… Alors il recommanda à ses disciples de ne rien dire à personne qu’il était le Christ ( le Messie)…  Jésus, se retournant, dit à Pierre : Arrière de moi, Satan ! Tu es pour moi un scandale ; car tes pensées ne sont pas celles de Dieu, mais celles des hommes. »
Le ministère de Jésus a posé d’énormes problèmes à la mentalité religieuse de ses contemporains. Ses disciples ont été très lents à comprendre la nature et la portée de son message. Tous admettaient cependant le fait indiscutable de l’origine humaine de Jésus, il était un des leurs, un être bien réel, ayant été aux prises avec les mêmes réalités de l’existence terrestre et ayant exercé une profession bien connue de tout le monde.
Ce qu’on ne comprenait pas, c’était sa persistance à vouloir rester un simple citoyen tout en démontrant, à l’occasion, son extraordinaire aptitude à confondre ses contradicteurs ou à secourir des malades en les guérissant, à enseigner les Écritures ou à déjouer le plan de ses adversaires. Maintes fois il avait exercé son pouvoir pour venir en aide aux hommes dans le besoin, mais jamais il ne s’en servait pour s’assurer une domination quelconque sur les âmes de son peuple, ni même sur les ennemis de son peuple.
Il a toujours refusé d’être une vedette et s’est arrangé pour que son séjour terrestre passe inaperçu des historiens de ce monde. Il n’a pas cherché à clarifier la confusion que suscitaient son comportement et sa personnalité, ses propos ou ses actions ; il n’a pas discuté sur les problèmes de son temps, ni cherché à apporter des solutions politiques ou des méthodes nouvelles de gouvernement humain. On pouvait avoir sur son compte les opinions les plus variées, il restait indifférent à tous ces courants de la pensée humaine. Son attitude et ses réactions étaient réellement loin des attitudes et des réactions que l’on peut observer chez tous les hommes de tous les temps.
Se trouve-t-il, aujourd’hui même, beaucoup de gens qui ne soient pas tentés d’imposer leurs convictions quand ils en ont, ou de mettre en évidence leur personnalité dés qu’ils sont dotés de quelques pouvoirs ? C’est pourquoi les autorités religieuses de ce temps là étaient irritées et troublées ; elles observaient le comportement inhabituel d’un maître qui ne réagissait pas comme tout le monde et qui ne cherchait pas l’appui des tenants de la tradition officielle.
La différence entre lui et les autres était tout simplement qu’il révélait une religion entièrement spirituelle, tandis que les autres tenaient à tout prix à conserver les formes et les cadres matériels de ce qui n’était qu’un prélude à la révélation spirituelle.
      1. La religion spirituelle

Jésus vivait et agissait en vertu de la connaissance personnelle et profonde qu’il avait de Dieu. La particularité de son comportement se caractérisait par le fait, qu’en sa qualité humaine, il n’éprouvait pas le besoin d’un intermédiaire quelconque pour s’approcher de Dieu. Les disciples eux-mêmes ont parfois été très surpris d’observer chez lui cette entière liberté qui lui permettrait d’être, à tout moment et en tout lieu, directement en contact avec Dieu (Luc 11 :1). Il y avait donc, chez les officiels de la religion, un certain dépit de constater à quel point Jésus restait indépendant de la filière traditionnelle. Ils ne comprenaient pas que l’exemple de Jésus était une démonstration vivante d’une vérité contenue en puissance et annoncée prophétiquement dans tout le rituel mosaïque. Le judaïsme avait été le vase le plus approprié pour être le point de départ d'une expérience religieuse entièrement fondée sur le contact personnel et direct avec la Présence divine.
Les définitions théologiques et les formulations dogmatiques ont pu apporter aux hommes une certaine satisfaction intellectuelle et un certain sentiment de sécurité devant le mystère de la divinité. Mais jamais ces choses n'ont apporté l'illumination spirituelle, ni la joie profonde qui résultent d'une rencontre personnelle avec Dieu. Aucune théorie sur Dieu n'apporte la révélation de Dieu, ni aucune discussion ne peut communiquer une conviction joyeuse et vivante.
Jésus ne désirait pas diviser les hommes, mais eux-mêmes se divisaient à son sujet parce qu'ils voulaient interpréter intellectuellement ce qui ne pouvait se concevoir que par une expérience spirituelle et personnelle. Le rôle de Jésus n’était pas de contester l'enseignement de la loi,n mais d'introduire celui qui avait foi en ses paroles dans le royaume de l'expérience et de la vie spirituelle.
La Thora, par la définition exacte de ce terme, n'était qu'un chemin, qu'une direction, donnée à l'homme pour atteindre la vie supérieure de l'esprit. Le Dieu qui a donné la Thora est le Dieu de la liberté qui fait sortir son peuple de la maison de servitude. Et voici que son peuple s’asservit lui-même à la lettre d'une loi spirituelle !
Jésus n'a pas donné, en vérité, une nouvelle définition de Dieu. C'est, en réalité, une révélation de la nature de Dieu qu'il apporte aux hommes. Il n'a jamais dit : « Moi et Dieu nous sommes un » ; mais : « Moi et le PÈRE nous sommes un ». C'est ainsi qu'il ne peut plus y avoir d'autre façon de comprendre la vérité, sinon que par l'expérience d'un lien filial et affectueux avec Dieu. Et cette expérience ne peut, en aucun cas;, éliminer l'individu au profit d'une tradition quelconque. Les déchirements et les sectes, les intolérances et les inquisitions, ne sont jamais le produit de la vérité, mais la conséquence des refus abandonner les formes au profit d'une foi vivante et directe en la paternité divine.
Jésus n'avait donc que faire des autorités religieuses et politiques de son temps. Il ne voulait pas se contenter de changer les données des problèmes humains. Son but était d'apporter un changement dans la mentalité profonde des âmes en les plaçant dans un contact direct avec les sources vivantes de la régénération et de la progression spirituelles. C'est ainsi que s'éliminent les problèmes humains et que grandit et s'ennoblit la libre personnalité humaine parce qu'elle découvre son droit absolu et personnel de s'approcher de SON Père céleste et de se libérer de l'emprise décevante des intermédiaires humains ou matériels.
      1. Jésus n'a pas fondé d'église

Lorsque Simon déclare spontanément à Jésus qu'il est Messie et Fils de Dieu, il obéit à une impulsion intérieure qu'il ne saurait analyser ou expliquer. Jésus lui révèle l'origine spirituelle de cette déclaration, et c'est ainsi qu'il lui déclare à son tour, par la même source spirituelle et divine, qu'il et Pierre. Par ce nom il définit la destinée spirituelle de celui qui sera un jour l'apôtre Pierre.
Jésus n'a pas jeté un fondement pour son Église puisqu'il est lui-même ce fondement. Il bâtira son Église. Il ne s'agit pas d'une église « chrétienne ». Ce n'est pas ainsi que les disciples, ni Jésus, concevaient la chose. Il serait plus correct, pour rester dans la pensée originale hébraïque, de dire : « Assemblée », ou mieux encore « Famille ».
C'est le Père céleste qui révèle à Simon la nature réelle du Messie : il est Fils de Dieu. C'est donc, avant tout, un Messie spirituel qui est venu pour établir un royaume spirituel par le règne de l'Esprit dans le cœur et la vie des hommes. C'est ce règne qui met les hommes en relation directe avec Dieu. Dieu se révèle à eux comme étant leur Père qui les considère comme ses fils. C'est vraiment ne nouvelle famille née par la régénération de l'esprit et constituant une assemblée spirituelle autour d'une parenté unique, celle de Dieu et de son Esprit.
Lorsqu'un foyer juif avait des enfants on disait qu'il « bâtissait une maison ». Dans le langage hébreu, avoir des fils c'est bâtir. Il y a une relation étroite entre les mots « bâtir » et « fils ». Lorsque Pierre écrira son épître il parlera des pierres vivantes qui s'édifient pour former une maison spirituelle (1Pierre 2/ 5).
C'est dons par la révélation spirituelle qu'un homme sait et expérimente qu'il est un fils de Dieu, et c'est uniquement cela qui en fait un membre vivant de la grande famille céleste. Aucune cérémonie religieuse ne peut se substituer à ce fait, aucune institution, si respectable et ancienne soit-elle, ne pourra jamais opposer quoi que ce soit de valable à un homme qui a fait l'expérience personnelle qu'il est un enfant de Dieu. Les religions d'autorité peuvent sauvegarder les valeurs traditionnelles de justice humaine ou de pureté morale, mais elles n’ont aucune qualité pour décréter qu'un homme est un fils de Dieu. Elles ne peuvent que l'aider à découvrir cette vérité en contribuant à sa libération spirituelle, c'est-à-dire, en le conduisant à une foi vivante et personnelle.
Seule, cette maison spirituelle survivra à toutes les tempêtes, à tous les ébranlements, à toutes les contestations et à toutes les morts. Les institutions terrestres peuvent disparaître, et elles disparaîtront, mais les portes de la mort ne prévaudront jamais contre le fait spirituel et céleste de l'Assemblée des fils de Dieu.
      1. L'église universelle

Jésus est le frère aîné d'une grande famille spirituelle. Cette famille et en constant développement et elle s'édifie sans cesse par ceux qui décident d’y entrer par leur foi sincère et confiante. Mais il convient de préciser que son universalité dépasse de beaucoup nos conceptions terrestres de la famille. Le temps viendra bientôt où les enfants de Dieu devront reconnaître qu'ils étaient bien en deçà de la réalité en limitant à la terre le travail de l'Esprit.
C'est par ce Fils aîné que Dieu veut établir le vaste circuit de la fraternité universelle qui s'étend sur tous les mondes créés. L'autorité de Jésus et celle d'un chef de famille, de toutes les familles dans les cieux et sur la terre (Éphésiens 3/ 15 et Colossiens 1/ 20). L’expérience de l'existence dans un corps matériel et sur une sphère matérielle ne concerne pas uniquement notre planète, et c'est pourquoi le plan de progression spirituelle des créatures pensantes, tel que Dieu l'a établi par ses éternels décrets, dépassera toujours infiniment les limites et les possibilités de notre entendement.
      1. L'autorité et la clef

L'Église est une conséquence du salut et non pas une cause. La cause est dans l'autorité de l'Esprit, c'est-à-dire dans son pouvoir de pénétration dans l'esprit humain pour l'éclairer et le régénérer. Lorsqu' Pierre s'oppose au plan de Dieu par des pensées humaines, il constitue un obstacle à la volonté de Dieu. Lorsqu'il est conduit par l'Esprit, il accomplit cette volonté, il met de son côté les forces célestes et s'assure le concours fidèle des agents invisibles de l'autorité spirituelle.
L'autorité spirituelle ne dépend en aucune manière des titres conférés par une organisation religieuse. Elle émane de la présence de l'Esprit divin dans le coeur et la pensée de l'individu, ainsi que de sa claire perception des réalités et des valeurs spirituelles qui nourrissent et entretiennent sa foi. Quand il parle de la vérité, il SAIT de quoi il parle. Quand il s'adresse à Dieu, il CONNAÎT celui à qui il parle. Quand il prie, il est CERTAIN d'être entendu. Quand il propose aux autres d'entrer dans le royaume de Dieu, c'est parce qu'il Y EST déjà lui-même. Quand il annonce la bonne nouvelle de la paternité de Dieu pour tous les hommes, c'est parce qu'il a L'EXPÉRIENCE d'être un fils de Dieu.
Ce sont ces certitudes qui constituent l'autorité des vrais apôtres, comme elles ont constitué celle des disciples le jour de la Pentecôte où, précisément, Pierre fut une des premières pierres de l'édifice spirituel appelé « église »; la famille des enfants de Dieu par la foi. C'est aussi cette expérience personnelle et vivante, régénératrice et mentalement positive, qui a été la clef ouvrant accès au chemin conduisant à Dieu.
Jésus avait parfois été contraint de fustiger les docteur de la loi qui prétendaient détenir les clefs du salut mais ne réussissaient qu'à lier les âmes sous le lourd fardeau des ordonnances légales et des impossibles obligations religieuses. Trop souvent, la clef de la connaissance du simple et pur message de Dieu est jalousement conservée par ceux qui veulent se ménager une autorité toute humaine sur l'ignorance et l'aveuglement des autres.
La clef de la liberté spirituelle n'est détenue que par ceux qui sont spirituellement libres, mais elle échappe à ceux qui ne s'en servent pas pour pénétrer dans le monde spirituel de la famille céleste et aider leurs frères à y entrer également
Il est extrêmement heureux qu'il ne dépende que de nous de répondre à l'invitation de notre divin frère Jésus d'entrer dans la grande famille de notre Père céleste. Il ne peut y avoir de vrai et profond bonheur sans cette certitude que le Père céleste est le Père de tous et de CHACUN directement et en particulier.
Samuel GUILHOT
24/ 05/ 1970

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