Lecture : Matthieu 16/ 13 à 23
« Jésus posa cette
question à ses disciples : Qui dit-on que je suis, moi, le Fils
de l’Homme ? Simon Pierre répondit : Tu es le Christ
(Messie), le Fils du Dieu vivant. Jésus dit : Tu es heureux,
Simon, fils de Jonas ; car ce ne sont pas la chair et le sang
qui t’ont révélé cela, mais c’est mon Père qui est dans les
cieux. Et moi, je te dis que tu es Pierre, et que sur cette pierre je
bâtirai mon Église… Alors il recommanda à ses disciples de
ne rien dire à personne qu’il était le Christ ( le Messie)…
Jésus, se retournant, dit à Pierre : Arrière de moi, Satan !
Tu es pour moi un scandale ; car tes pensées ne sont pas celles
de Dieu, mais celles des hommes. »
Le ministère de Jésus a posé
d’énormes problèmes à la mentalité religieuse de ses
contemporains. Ses disciples ont été très lents à comprendre la
nature et la portée de son message. Tous admettaient cependant le
fait indiscutable de l’origine humaine de Jésus, il était un des
leurs, un être bien réel, ayant été aux prises avec les mêmes
réalités de l’existence terrestre et ayant exercé une profession
bien connue de tout le monde.
Ce qu’on ne comprenait pas, c’était
sa persistance à vouloir rester un simple citoyen tout en
démontrant, à l’occasion, son extraordinaire aptitude à
confondre ses contradicteurs ou à secourir des malades en les
guérissant, à enseigner les Écritures ou à déjouer le plan de ses
adversaires. Maintes fois il avait exercé son pouvoir pour venir en
aide aux hommes dans le besoin, mais jamais il ne s’en servait pour
s’assurer une domination quelconque sur les âmes de son peuple, ni
même sur les ennemis de son peuple.
Il a toujours refusé d’être
une vedette et s’est arrangé pour que son séjour terrestre passe
inaperçu des historiens de ce monde. Il n’a pas cherché à
clarifier la confusion que suscitaient son comportement et sa
personnalité, ses propos ou ses actions ; il n’a pas discuté
sur les problèmes de son temps, ni cherché à apporter des
solutions politiques ou des méthodes nouvelles de gouvernement
humain. On pouvait avoir sur son compte les opinions les plus
variées, il restait indifférent à tous ces courants de la pensée
humaine. Son attitude et ses réactions étaient réellement loin des
attitudes et des réactions que l’on peut observer chez tous les
hommes de tous les temps.
Se trouve-t-il, aujourd’hui
même, beaucoup de gens qui ne soient pas tentés d’imposer leurs
convictions quand ils en ont, ou de mettre en évidence leur
personnalité dés qu’ils sont dotés de quelques pouvoirs ?
C’est pourquoi les autorités religieuses de ce temps là étaient
irritées et troublées ; elles observaient le comportement
inhabituel d’un maître qui ne réagissait pas comme tout le monde
et qui ne cherchait pas l’appui des tenants de la tradition
officielle.
La différence entre lui et les
autres était tout simplement qu’il révélait une religion
entièrement spirituelle, tandis que les autres tenaient à tout prix
à conserver les formes et les cadres matériels de ce qui n’était
qu’un prélude à la révélation spirituelle.
La religion spirituelle
Jésus vivait et agissait en vertu
de la connaissance personnelle et profonde qu’il avait de Dieu. La
particularité de son comportement se caractérisait par le fait,
qu’en sa qualité humaine, il n’éprouvait pas le besoin d’un
intermédiaire quelconque pour s’approcher de Dieu. Les disciples
eux-mêmes ont parfois été très surpris d’observer chez lui
cette entière liberté qui lui permettrait d’être, à tout moment
et en tout lieu, directement en contact avec Dieu (Luc 11 :1).
Il y avait donc, chez les officiels de la religion, un certain dépit
de constater à quel point Jésus restait indépendant de la filière
traditionnelle. Ils ne comprenaient pas que l’exemple de Jésus
était une démonstration vivante d’une vérité contenue en
puissance et annoncée prophétiquement dans tout le rituel mosaïque.
Le judaïsme avait été le vase le plus approprié pour être le
point de départ d'une expérience religieuse entièrement fondée
sur le contact personnel et direct avec la Présence divine.
Les définitions théologiques et
les formulations dogmatiques ont pu apporter aux hommes une certaine
satisfaction intellectuelle et un certain sentiment de sécurité
devant le mystère de la divinité. Mais jamais ces choses n'ont
apporté l'illumination spirituelle, ni la joie profonde qui
résultent d'une rencontre personnelle avec Dieu. Aucune théorie sur
Dieu n'apporte la révélation de Dieu, ni aucune discussion ne peut
communiquer une conviction joyeuse et vivante.
Jésus ne désirait pas diviser
les hommes, mais eux-mêmes se divisaient à son sujet parce qu'ils
voulaient interpréter intellectuellement ce qui ne pouvait se
concevoir que par une expérience spirituelle et personnelle. Le rôle
de Jésus n’était pas de contester l'enseignement de la loi,n mais
d'introduire celui qui avait foi en ses paroles dans le royaume de
l'expérience et de la vie spirituelle.
La Thora, par la définition
exacte de ce terme, n'était qu'un chemin, qu'une direction, donnée
à l'homme pour atteindre la vie supérieure de l'esprit. Le Dieu qui
a donné la Thora est le Dieu de la liberté qui fait sortir son
peuple de la maison de servitude. Et voici que son peuple s’asservit
lui-même à la lettre d'une loi spirituelle !
Jésus n'a pas donné, en vérité,
une nouvelle définition de Dieu. C'est, en réalité, une révélation
de la nature de Dieu qu'il apporte aux hommes. Il n'a jamais dit :
« Moi et Dieu nous sommes un » ; mais : « Moi et le PÈRE nous sommes un ». C'est ainsi qu'il ne peut plus y avoir
d'autre façon de comprendre la vérité, sinon que par l'expérience
d'un lien filial et affectueux avec Dieu. Et cette expérience ne
peut, en aucun cas;, éliminer l'individu au profit d'une tradition
quelconque. Les déchirements et les sectes, les intolérances et les
inquisitions, ne sont jamais le produit de la vérité, mais la
conséquence des refus abandonner les formes au profit d'une foi
vivante et directe en la paternité divine.
Jésus n'avait donc que faire des
autorités religieuses et politiques de son temps. Il ne voulait pas
se contenter de changer les données des problèmes humains. Son but
était d'apporter un changement dans la mentalité profonde des âmes
en les plaçant dans un contact direct avec les sources vivantes de la
régénération et de la progression spirituelles. C'est ainsi que
s'éliminent les problèmes humains et que grandit et s'ennoblit la
libre personnalité humaine parce qu'elle découvre son droit absolu
et personnel de s'approcher de SON Père céleste et de se libérer
de l'emprise décevante des intermédiaires humains ou matériels.
Jésus n'a pas fondé d'église
Lorsque Simon déclare
spontanément à Jésus qu'il est Messie et Fils de Dieu, il obéit à
une impulsion intérieure qu'il ne saurait analyser ou expliquer.
Jésus lui révèle l'origine spirituelle de cette déclaration, et
c'est ainsi qu'il lui déclare à son tour, par la même source
spirituelle et divine, qu'il et Pierre. Par ce nom il définit la
destinée spirituelle de celui qui sera un jour l'apôtre Pierre.
Jésus n'a pas jeté un fondement
pour son Église puisqu'il est lui-même ce fondement. Il bâtira son Église. Il ne s'agit pas d'une église « chrétienne ».
Ce n'est pas ainsi que les disciples, ni Jésus, concevaient la
chose. Il serait plus correct, pour rester dans la pensée originale
hébraïque, de dire : « Assemblée », ou mieux encore
« Famille ».
C'est le Père céleste qui révèle
à Simon la nature réelle du Messie : il est Fils de Dieu. C'est
donc, avant tout, un Messie spirituel qui est venu pour établir un
royaume spirituel par le règne de l'Esprit dans le cœur et la vie
des hommes. C'est ce règne qui met les hommes en relation directe
avec Dieu. Dieu se révèle à eux comme étant leur Père qui les
considère comme ses fils. C'est vraiment ne nouvelle famille née
par la régénération de l'esprit et constituant une assemblée
spirituelle autour d'une parenté unique, celle de Dieu et de son
Esprit.
Lorsqu'un foyer juif avait des
enfants on disait qu'il « bâtissait une maison ». Dans
le langage hébreu, avoir des fils c'est bâtir. Il y a une relation
étroite entre les mots « bâtir » et « fils ».
Lorsque Pierre écrira son épître il parlera des pierres vivantes
qui s'édifient pour former une maison spirituelle (1Pierre 2/ 5).
C'est dons par la révélation
spirituelle qu'un homme sait et expérimente qu'il est un fils de
Dieu, et c'est uniquement cela qui en fait un membre vivant de la
grande famille céleste. Aucune cérémonie religieuse ne peut se
substituer à ce fait, aucune institution, si respectable et ancienne
soit-elle, ne pourra jamais opposer quoi que ce soit de valable à un
homme qui a fait l'expérience personnelle qu'il est un enfant de
Dieu. Les religions d'autorité peuvent sauvegarder les valeurs
traditionnelles de justice humaine ou de pureté morale, mais elles n’ont aucune qualité pour décréter qu'un homme est un fils de Dieu.
Elles ne peuvent que l'aider à découvrir cette vérité en
contribuant à sa libération spirituelle, c'est-à-dire, en le
conduisant à une foi vivante et personnelle.
Seule, cette maison spirituelle
survivra à toutes les tempêtes, à tous les ébranlements, à
toutes les contestations et à toutes les morts. Les institutions
terrestres peuvent disparaître, et elles disparaîtront, mais les
portes de la mort ne prévaudront jamais contre le fait spirituel et céleste de l'Assemblée des fils de Dieu.
L'église universelle
Jésus est le frère aîné d'une
grande famille spirituelle. Cette famille et en constant
développement et elle s'édifie sans cesse par ceux qui décident d’y entrer par leur foi sincère et confiante. Mais il convient de
préciser que son universalité dépasse de beaucoup nos conceptions
terrestres de la famille. Le temps viendra bientôt où les enfants
de Dieu devront reconnaître qu'ils étaient bien en deçà de la
réalité en limitant à la terre le travail de l'Esprit.
C'est par ce Fils aîné que Dieu
veut établir le vaste circuit de la fraternité universelle qui
s'étend sur tous les mondes créés. L'autorité de Jésus et celle
d'un chef de famille, de toutes les familles dans les cieux et sur la
terre (Éphésiens 3/ 15 et Colossiens 1/ 20). L’expérience de
l'existence dans un corps matériel et sur une sphère matérielle ne
concerne pas uniquement notre planète, et c'est pourquoi le plan de
progression spirituelle des créatures pensantes, tel que Dieu l'a
établi par ses éternels décrets, dépassera toujours infiniment
les limites et les possibilités de notre entendement.
L'autorité et la clef
L'Église est une conséquence du
salut et non pas une cause. La cause est dans l'autorité de
l'Esprit, c'est-à-dire dans son pouvoir de pénétration dans
l'esprit humain pour l'éclairer et le régénérer. Lorsqu' Pierre
s'oppose au plan de Dieu par des pensées humaines, il constitue un
obstacle à la volonté de Dieu. Lorsqu'il est conduit par l'Esprit,
il accomplit cette volonté, il met de son côté les forces célestes
et s'assure le concours fidèle des agents invisibles de l'autorité
spirituelle.
L'autorité spirituelle ne dépend
en aucune manière des titres conférés par une
organisation religieuse. Elle émane de la présence de l'Esprit divin
dans le coeur et la pensée de l'individu, ainsi que de sa claire
perception des réalités et des valeurs spirituelles qui nourrissent
et entretiennent sa foi. Quand il parle de la vérité, il SAIT de
quoi il parle. Quand il s'adresse à Dieu, il CONNAÎT celui à qui il
parle. Quand il prie, il est CERTAIN d'être entendu. Quand il
propose aux autres d'entrer dans le royaume de Dieu, c'est parce
qu'il Y EST déjà lui-même. Quand il annonce la bonne nouvelle de
la paternité de Dieu pour tous les hommes, c'est parce qu'il a
L'EXPÉRIENCE d'être un fils de Dieu.
Ce sont ces certitudes qui
constituent l'autorité des vrais apôtres, comme elles ont constitué
celle des disciples le jour de la Pentecôte où, précisément,
Pierre fut une des premières pierres de l'édifice spirituel appelé
« église »; la famille des enfants de Dieu par la foi.
C'est aussi cette expérience personnelle et vivante, régénératrice
et mentalement positive, qui a été la clef ouvrant accès au chemin
conduisant à Dieu.
Jésus avait parfois été
contraint de fustiger les docteur de la loi qui prétendaient détenir
les clefs du salut mais ne réussissaient qu'à lier les âmes sous
le lourd fardeau des ordonnances légales et des impossibles
obligations religieuses. Trop souvent, la clef de la connaissance du
simple et pur message de Dieu est jalousement conservée par ceux qui
veulent se ménager une autorité toute humaine sur l'ignorance et
l'aveuglement des autres.
La clef de la liberté spirituelle
n'est détenue que par ceux qui sont spirituellement libres, mais
elle échappe à ceux qui ne s'en servent pas pour pénétrer dans le
monde spirituel de la famille céleste et aider leurs frères à y
entrer également
Il est extrêmement heureux qu'il
ne dépende que de nous de répondre à l'invitation de notre divin
frère Jésus d'entrer dans la grande famille de notre Père céleste.
Il ne peut y avoir de vrai et profond bonheur sans cette certitude
que le Père céleste est le Père de tous et de CHACUN directement
et en particulier.
Samuel GUILHOT
24/
05/ 1970
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