jeudi 12 mars 2015

Jésus et le christianisme

Lecture : Apocalypse 3 :13-22
« Écris à l’ange de l’Eglise de Laodicée : Voici ce que dit l’Amen, le témoin fidèle et véritable, le commencement de la création de Dieu :…
« Parce que tu dis : Je suis riche, je me suis enrichi, et je n’ai besoin de rien, et parce que tu ne sais pas que tu es malheureux, misérable, pauvre, aveugle et nu, je te conseille d’acheter de moi de l’or éprouvé par le feu, afin que tu deviennes riche, et des vêtements blancs afin que tu sois vêtu et que la honte de ta nudité ne paraisse pas, et un collyre pour oindre tes yeux, afin que tu voies ». 
« Si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui, je souperai avec lui, et lui avec moi. »
«  Que celui qui a des oreilles entende ce que l’Esprit dit aux Églises. »
Le symbolisme de l’Apocalypse peut nous paraître souvent déroutant et confus, mais il ne faut pas oublier qu’il fut écrit dans une langue et dans un siècle qui ne sont pas les nôtres. Les images ne s’adaptent pas toujours à notre mentalité, ni les mots à nos idées modernes ; bien des obscurités subsisteront malgré les efforts sincères et consciencieux d’interprétation. Il est cependant clair et certain que ce livre contient un message pour notre temps et que les expressions employées correspondent à des réalités qu’il est possible de percevoir avec un entendement spirituel.

Le fait évident que cette lettre souligne dès le début est celui qui concerne la LOYAUTÉ absolue du Créateur. Un Créateur parfaitement sage et intelligent s’y révèle comme le garant d’un dénouement cosmique d’une telle élévation et d’une telle beauté qu’aucune créature de l’univers ne saurait finalement ressentir la moindre déception. Le Créateur est réellement l’AMEN, le pleinement positif et affirmatif ; il est le Commencement, ou le PRINCIPE de la création parce qu’il soutient et soutiendra éternellement ses œuvres en route vers la perfection totale.
La confusion et les obscurités seront toujours indéfectiblement supervisées et contrôlées par l’Esprit souverain qui travaille infatigablement à ajuster, réajuster et coordonner les poussées anarchiques des forces mondiales et cosmiques. Transposez cela sur le plan de votre existence personnelle avec tout ce qu’elle comporte de phases obscures, de perturbations et de conflits intimes, et vous constaterez, en y réfléchissant honnêtement, qu’une force supérieure domine sur les ténèbres et vous lance un discret appel dans le secret de votre cœur.
Cet appel est un appel à l’ordre, à la joie, à la gloire. La confusion vient toujours de ce que vous cherchez à l’extérieur et souvent très loin ce qui est au-dedans de vous-même, à l’intérieur. A la glorieuse finalité que Dieu a imposée à toute chose peut s’opposer votre volonté, et, votre libre choix, même mentalement exprimé, l’emportera toujours. La personnalité absolue de Dieu peut éternellement échapper à vos efforts de compréhension mais la part de son Esprit qu’il place en vous sera à jamais le guide parfait qui assurera votre émergence dans la Lumière. Dans le processus de la création le matin suit toujours le soir, avec un apport supplémentaire de perfection, vous le comprendrez à mesure que vous tenterez l’expérience de la foi.
      1. Laodicée et la religion

Le christianisme est devenu une religion par opposition à d’autres religions mais il est loin de représenter fidèlement la pensée de Jésus à propos de la religion. En réalité, il est plus facile de retrouver cette pensée chez des individus plutôt que dans l’ensemble des collectivités chrétiennes. L’Église de Laodicée est instructive à cet égard. Sa situation spirituelle ressemble beaucoup à celle des églises d’aujourd’hui. Il ne s’y trouve pas de franche incrédulité mais pas de foi vivante non plus. Cette tiédeur enlève à son message l’efficacité de la parole créatrice et il n’en résulte aucun effet pratique sur le comportement des hommes.
Le christianisme a enrichi d’une façon phénoménale son patrimoine intellectuel et théologique ; c’est même devenu une religion de discours, de théories sur Dieu, sur la foi et sur les œuvres, mais ce n’est plus la parole souveraine du Seigneur créant la foi et produisant des œuvres. Les millions de « chrétiens » baptisés ne sont aucunement une force spirituelle, ils représentent tout au plus une certaine mentalité, la mentalité écoeurante de celui qui croit avoir, alors qu’il n’a rien. Ce n’est pas tout à fait l’incrédulité, ce n’est pas la foi vivante, c’est la religion morte, paralysée par une vague superstition et l’ignorance presque totale des enseignements de Jésus.
Cette collectivité religieuse se croit pourtant si riche par ses traditions et son passé, si bien structurée par ses organisations et si bien encadrée par son élite intellectuelle qu’elle ne ressent même plus son vide spirituel et son absence d’efficacité directe pour libérer les âmes.
Le monde rejette et rejettera instinctivement un système qui n’est pas à la hauteur de ses prétentions et accumulera les préjugés et le mépris contre tout ce qui a un caractère religieux.
Le monde n’a pas davantage raison de réagir négativement car c’est en cherchant le vrai qu’on élimine le faux et non pas en se contentant de détruire ou de contester. Mais il faut d’abord bien comprendre que l’intention de Jésus n’a jamais été de fonder le « christianisme ». Son message visait essentiellement l’individu et son expérience personnelle. La communauté religieuse des hommes ne devait être que le résultat de la foi personnellement vécue et individuellement expérimentée. C’est la valeur de l’individu qui fait la force d’une communauté et non l’embrigadement d’un individu aux exigences d’une collectivité.
Il est étrange que le réflexe commun des hommes à l’invitation d’une authentique expérience spirituelle soit la peur de changer de religion. Et changer de religion signifie pour beaucoup de gens changer de communauté religieuse. La peur de l’excommunication a remplacé l’amour de la vérité. La dignité de la foi personnelle se dissout dans l’anonymat de la foule tiède qui ne connaît pas ce qu’elle croit.
C’est précisément ce manque de connaissance qui est à l’origine de cette inconsistance religieuse et de cette indigence spirituelle. L’Église de Laodicée croyait connaître Dieu parce qu’elle pouvait parler de lui, mais elle avait perdu l’EXPÉRIENCE de Dieu. Et l’expérience de Dieu se reconnaît à ses fruits. Le fruit de cette expérience est qu’on arrive à mieux aimer son prochain en souhaitant pour lui la même expérience, c'est-à-dire l’affranchissement de son être intérieur et sa libération des entraves de la peur superstitieuse de devoir changer de religion. C’est en effet, à un changement que l’Esprit nous convie, mais un changement de cœur et de pensée pour faire l’expérience PERSONNELLE de Dieu.
      1. Les signes d’une religion morte

On peut ne rien trouver à redire aux théories qui définissent la vérité et que défendent les Églises ; on peut approuver leurs démarches en vue d’établir un monde meilleur, mais on est aussi obligé de constater le maigre résultat, quand il y en a. Beaucoup de moyens mis en œuvre peuvent donner une impression de richesse, mais le résultat prouve une grande pauvreté.
Pourquoi l’Eglise est-elle malheureuse ? Parce que ses adhérents ne donnent nullement l’impression de posséder une véritable joie d’être des croyants. Ils sont des enfants de l’église, ou des fils de la loi, mais il leur manque de se sentir fils de Dieu et d’en apprécier la réalité.
Pourquoi est-elle misérable ? Parce qu’elle est obligée de pétrir sans cesse le ciment de l’autorité pour imposer sa loi et qu’elle n’a pas confiance en la loyauté de ses membres ; la peur de l’hérésie prévaut sur l’attrait d’une vérité vivante et progressive.
Pourquoi est-elle pauvre ? Parce que son action est dépourvue d’efficacité spirituelle et l’oblige à faire appel aux adjuvants de la technique commerciale ou publicitaire pour remédier aux défections de la masse qui veut chercher ailleurs les satisfactions de l’âme.
Pourquoi est-elle aveugle ? Parce qu’incapable de montrer avec assurance le chemin du ciel et de communiquer aux âmes les glorieuses certitudes de la destinée éternelle. Incapable de dire en termes précis et clairs le message de l’amour divin, de son infinie bonté et de sa puissance pour donner à chaque individu le pouvoir de se conduire comme un enfant du Père céleste, en toute joie et toute liberté par un contact direct avec lui.
Pourquoi est-elle nue ? Parce que, finalement, il n’y a plus guère de différence entre elle et ce pauvre monde qui se déchire et se débat dans ses égoïsmes, son orgueil et son matérialisme, sa vanité et sa corruption.
      1. Les signes d’une religion vivante

Le comportement décevant d’une collectivité religieuse ne doit pourtant jamais être un motif d’abandon. Il n’est pas inutile de toujours redire que Dieu s’intéresse toujours à l’individu. Il est un Dieu personnel pour chaque personnalité, et aucun mouvement de masse ne pourra jamais s’opposer à la foi sincère d’un individu. Si l’attitude d’une église morte peut gêner parfois considérablement l’activité d’un témoignage vivant, elle ne doit pas gêner ni entraver la progression des vrais fils de Dieu. Jésus lui-même a parfois été handicapé dans son activité par les mauvais fruits d’une religion sans vie (Mat.13 :58) ; mais cela n’a jamais troublé sa marche avec Dieu, ni sa totale confiance envers son Père céleste.
Parce qu’il y a des âmes sincères qui aiment Dieu et le cherchent avec persévérance, il y a une Église vivante. Elle peut être physiquement disséminée, sans organisation visible et sans appui officiel, mais son existence est absolument une réalité comme est une réalité l’expérience de Dieu vécue par chacun de ses membres.
Cette Église là n’est pas malheureuse parce qu’une joie profonde anime les croyants qui la composent. Ils SAVENT qu’ils sont des enfants de Dieu, maintenant et pour l’éternité, et ils essaient de le dire à ceux qui acceptent de les écouter.
Elle n’est pas misérable parce que la peur n’est plus le motif de sa détermination et de sa fidélité. La paix du cœur et la sérénité de l’âme, la confiance affectueuse en Dieu et la foi en son aide paternelle sont des vérités d’expérience.
Elle n’est pas pauvre car l’efficacité de la présence spirituelle de Dieu dans le coeur des croyants dépasse de beaucoup celle d’une simple conviction intellectuelle. La transformation spirituelle d’un individu élimine souvent une quantité de problèmes qui n’auraient que très difficilement trouvé leur solution par les procédés habituels de la psychologie. Elle est d’autant plus riche qu’elle peut faire tout cela sans argent et qu’elle en fait économiser beaucoup à la société qui bénéficie ainsi des vertus de droiture et d’honnêteté des membres de cette Église spirituelle.
Elle n’est pas aveugle parce qu’elle sait aider les âmes qui cherchent des certitudes et communiquer une foi vivante à ceux qui ont besoin d’une expérience de Dieu.
Elle n’est pas nue parce qu’elle peut faire la démonstration de la véritable maîtrise spirituelle en opposant aux contrariétés inévitables de l’existence terrestre les fruits constants de la justice et de la miséricorde divine dont elle aime pouvoir se vêtir.
L’Eglise est vivante quand elle achète des mains du Seigneur cet or pur d’une foi éprouvée par l’expérience. La terre est une école d’expérience et cette expérience commence toujours par un acte de foi conscient envers la parfaite sagesse de Dieu, sa parfaite bonté et sa loyauté absolue envers ses créatures qui lui font confiance.
      1. Il frappe a la porte

Bien que l’Esprit de Dieu soit tout puissant, il respectera toujours le domaine privé de la pensée humaine. Cela ne l’empêche pas de frapper à la porte et d’attirer ainsi l’attention de celui qu’il voudrait aider et bénir. Il veut établir un contact personnel et direct avec l’âme et l’esprit du croyant. L’Esprit divin est comme les ondes de la radio qui pénètre en profondeur, au-delà de toute frontière, pourvu qu’on veuille bien les recevoir. Le poste récepteur est la volonté humaine, et le désir sincère de faire l’expérience de Dieu sera TOUJOURS réalisé, quelquefois de la façon la plus inattendue, par celui qui a librement décidé d’ouvrir son cœur et son esprit à la pénétration de l’Esprit divin.
C'est parce que Jésus a parfaitement compté sur la loyauté de son Père qu’il a pu avoir une vie aussi équilibrée et confiante, exemplaire et édifiante. Les perplexités et les épreuves de la vie terrestre ne doivent pas nous éloigner de Dieu, bien au contraire, puisqu’il se propose de les affronter et de les traverser avec nous en nous accordant la divine compagnie de sa présence spirituelle. La vraie liberté ne consiste pas à être livré à soi même, mais à être assuré de voir se réaliser un jour le meilleur de nos aspirations profondes. Pour y arriver, le croyant apprend chaque jour un peu plus à partager la foi et la confiance de Jésus en son Père. C’est l’apprentissage indispensable à cette très haute destinée qui consiste, pour la créature, à recevoir un jour une part de la souveraineté et de la gloire du Créateur.
Samuel GUILHOT
24/ 05/ 1970

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