Lectures : Matthieu 8/ 1-4 ; 1 Pierre 1/ 15
« Et
voici, un lépreux s’étant approché se prosterna devant lui, et
dit : Seigneur, si tu le veux, tu peux me rendre pur ;... Jésus
étendit la main, le toucha, et dit : Je le veux, sois pur.
Aussitôt il fut purifié de sa lèpre. »
«
Puisque celui qui a appelé est saint, vous aussi soyez saints dans
toute votre conduite, selon qu’il est écrit : vous serez
saints car je suis saint. »
Le
message de Jésus et ses enseignements seront automatiquement
déformés s’ils sont considérés comme se référant uniquement
au temps de notre existence terrestre. Une religion qui se limite à
donner aux hommes une certaine règle de vie accompagnée d’un
certain nombre de contraintes cérémoniales ne peut contribuer
efficacement à les rendre vraiment heureux. De plus, tous les
problèmes que peut poser une existence terrestre resteront un poids
intolérable sur la pensée et le cœur de celui qui réfléchit.
Il est
vrai que Jésus nous a enseigné la meilleure manière d’affronter
les difficultés de cette vie, mais il nous a ouvert en même temps
l’accès vers un monde nouveau, mystérieux et plein d’attraits :
celui de l’Esprit. C’est le monde de l’invisible, mais pas
irréel ; le monde supérieur, mais pas insolite ; un monde
inintelligible pour nos sens matériels, mais pas irrationnel, ni
illogique ! C’est le monde divin que les Écritures appellent
le Royaume des Cieux.
Les
religions spiritualistes recherchent une technique qui permette à
l’homme de s’introduire dans le royaume divin de l’Esprit ;
mais ces techniques sont décevantes parce qu’elles tendent à
dépersonnaliser la Divinité et mettent entièrement sur les faibles
épaules humaines le lourd fardeau d’une recherche longue, ardue et
souvent fort pénible. Ce genre de religion ne sert pas la cause du
commun des hommes mais tend à instituer une caste privilégiée.
Il est
indéniable cependant que certaines catégories d’hommes
réussissent, par ces techniques, à s’approcher d’assez près de
la frontière céleste pour y percevoir les vagues lueurs venant de
ces mondes de lumière. Mais cela ne leur donne qu’une impression
encore plus grande d’éloignement, de telle sorte que, très rares
sont ceux qui peuvent dire qu’ils ont vraiment trouvé Dieu…
Jésus
n’est pas venu nous prêcher une technique difficile à comprendre.
Il a seulement fait appel à notre sincérité et à notre loyauté
pour reconnaître en lui ce Dieu si lointain et mystérieux. Le
langage de sa vie et de son comportement, de sont contact aimable et
bienfaisant, simple et naturel avec les hommes, nous dit mieux que
toutes les théories, ce que Dieu est, et ce qu’il est pour nous…
La
seule chose qu’il exige de notre part, et qui fait honneur à notre
libre personnalité, c’est la foi. La foi ouvre la porte de notre
vie intérieure à celui qui, sans crier ni forcer, nous demande de
l’inviter.
C’est
SEULEMENT quand nous lui avons permis de s’installer chez nous que
nous comprenons enfin que nous avons trouvé Dieu, et qu’il va
LUI-MÊME nous accompagner dans le long chemin de la connaissance
spirituelle. La vraie recherche de Dieu se fonde sur des CERTITUDES
sans cesse renouvelées et sans cesse approfondies.
Dieu descend vers sa créature pour la faire monter vers lui
Tout
l’enseignement de la Bible converge vers cet appel divin :
Soyez saints, car je suis saint. Ceci résume tout le plan de Dieu
dans lequel est inscrite sa volonté d’amener l’homme à l’image
de sa propre perfection.
Il est
nécessaire de bien comprendre le sens de cet appel. Dieu n’a
JAMAIS EXIGE de l’homme des choses qu’il ne peut pas faire.
Brandir les commandements divins pour effrayer les hommes et les
inciter à obéir est une méthode que Jésus n’emploie jamais.
Dans son sens original biblique, le mot « commandement »
veut dire : invitation, direction. Dieu n’impose pas ses lois
mais il les propose à la bonne volonté et à la foi. Si l’homme
ne veut pas obéir c’est peut être parce qu’il ne comprend pas
le vrai sens de la volonté de Dieu ; mais s’il veut obéir,
il entre en collaboration avec les énergies divines qui rendent
réalisable ce qui est tout à l’avantage de l’homme.
Jésus
n’est pas resté fixé sur la montagne où il enseignait la foule ;
il est aussi descendu vers ceux qui avaient besoin de son aide. Il
n’est pas non plus remonté au ciel pour y disparaître ; il a
envoyé son Esprit au dedans de ceux qui étaient disposés à le
recevoir. La distance de l’homme vers Dieu est infranchissable
parce qu’elle sépare le fini de l’infini, l’imparfait du
parfait, le relatif de l’absolu. Mais si cette distance est
infranchissable dans un sens, elle ne l’est pas dans l’autre.
Dieu peut descendre de là où l’homme ne peut monter par ses
propres moyens.
Un
lépreux était un homme absolument séparé de la société. Il lui
était impossible de reprendre une place au milieu des gens normaux.
C’est pourquoi il n’a pu se trouver avec la foule sur la montagne
pour écouter Jésus. Mais Jésus est descendu vers lui.
Jésus
a pu rencontrer cet homme parce que celui-ci l’attendait et qu’il
aspirait de tout son être à une libération. Jésus n’a pas
demandé à ce malade quelle était sa religion ou sa croyance. La
seule chose qui ouvre le chemin de Dieu vers l’homme, c’est le
désir sincère de ce dernier de rencontrer Dieu et de placer en lui
toute sa confiance.
Le
lépreux est l’image de tous ceux qui, sentant leurs limitations,
tendent de tout leur cœur vers le progrès et le perfectionnement de
leur être ; tout homme normal ressent le besoin et l’aspiration
vers une vie supérieure, moins limitée et plus parfaite.
Il ne
faut jamais négliger un tel besoin intérieur, presque instinctif,
même si cela semble irréalisable. Lorsque Dieu veut une chose,
l’homme peut la vouloir aussi, et ces deux volontés coordonnées
réussissent toujours. Le lépreux était dans l’incapacité totale
de sortir de sa situation, mais il voulait en sortir. Il ne lui
manquait plus que le concours de celui qui avait le pouvoir de
l’aider.
S’il
est vrai que le lot de l’humanité est l’imperfection, il est
vrai aussi qu’un être parfait est venu vers elle pour lui montrer
le chemin de la perfection. Tout devient possible lorsqu’on peut
déterminer avec certitude ce que Dieu veut. Quand le lépreux dit à
Jésus : si tu le veux, tu peux – il reçoit une réponse
immédiate. Tout ce qui tend à purifier notre âme, à ennoblir
notre caractère et à éclairer notre esprit, est TOUJOURS dans la
volonté de Dieu. Nous pouvons être certains, non seulement de son
accord, mais aussi de son aide et de l’assistance de son pouvoir
tout puissant.
La valeur spirituelle d’un miracle physique
Dans le
domaine du physique, même à l’heure actuelle, bien des faits
demeurent inexplicables. Notre imagination et notre pouvoir de
compréhension sont toujours dépassés, et le sont davantage à
mesure que notre science s’accroît. Tout a une explication mais
tout n’est pas explicable. Jésus, agissant avec une telle autorité
sur la matière, montre par là sa supériorité sur la matière. Il
montre aussi son pouvoir toujours positif. Il n’ampute pas le
lépreux de ses membres malades, il les amène soudain à leur état
normal. Il n’agit pas avec des instruments matériels ; son
action se situe dans le domaine de l’invisible, sur des niveaux non
accessibles aux sens humains et non identifiable par la raison. Mais
les faits sont là, et c’est ce qui importe le plus. Cet homme ne
cherche pas à comprendre, ou à analyser le comment de sa
délivrance. Il a seulement compris que Jésus pouvait quelque chose
pour lui, et il lui a parlé de son désir.
Il a
parlé à Jésus et, contrairement à ce qu’il attendait, Jésus
l’a touché. Cette chose ne se faisait jamais pour un lépreux. Non
seulement cela pouvait être dangereux en raison de la contagion
possible, mais c’était aussi une interdiction de la loi religieuse
et une impureté rituelle.
L’acte
de Jésus a donc une implication spirituelle. Il est nettement la
victoire du bien sur le mal et l’expression visiblement manifesté
de la souveraine volonté de Dieu sur toute forme de mal.
Nous
nous préparons des déceptions mentales en pensant que Dieu devrait
supprimer le mal en supprimant ceux qui le font. C’est là une
méthode négative que les hommes sont parfois contraints d’employer
à cause des limitations de leurs possibilités spirituelles. Il ne
faut pas oublier que le mal a souvent donné au bien l’occasion de
démontrer sa qualité infiniment supérieure. De plus, la puissance
de l’Esprit divin s’est toujours essentiellement exprimée par la
transformation qu’elle est capable d’opérer dans la vie des
individus, de sorte qu’il leur devient possible d’aimer et de
pratiquer ce qui est bien. Celui qui est grossier, s’affine, et
celui qui est bon devient meilleur. Aucune catégorie d’homme n’est
exemptée de cette recherche et de cette possibilité de
perfectionnement. Il n’est cependant pas obligatoire de se laisser
tromper par le mal pour désirer faire l’expérience que le bien
est préférable.
Jésus
s’est adressé aux foules par sa parole, mais son action
libératrice s’est toujours concentrée sur l’individu. Pour
Dieu, l’individu n’est jamais un être anonyme. Les lois de la
physique montrent l’importance fondamentale de l’atome dans la
constitution et l’équilibre de la matière. Ne nous croyons pas
des êtres isolés et perdus dans l’immensité de l’univers. Il
n’y aurait pas d’univers vivant sans la présence de l’individu,
et c’est par lui, cette unité vivante, que Dieu a commencé de
peupler son incommensurable création.
Ce
qu’il manque à un homme pour trouver le bonheur et la paix de son
esprit, c’est très souvent et très simplement de parler
directement au Seigneur. Tous les intermédiaires sont autant
d’écrans qui diminuent l’efficacité de ce contact personnel de
l’homme avec Dieu. Même l’intermédiaire d’une prière
rituelle, apprise par cœur ou imposée du dehors peut être fâcheuse
habitude. Tout doit sortir directement du cœur pour aller
directement vers Dieu.
Le mot
« CHRIST » signifie : MESSIE, envoyé. Les disciples
et les foules attendaient le Messie. Ils voulaient être les
partisans dévoués d’un messie envoyé pour libérer leur peuple.
Ce messie devait selon leurs conceptions, utiliser son pouvoir pour
détruire ceux qui faisaient le mal, ou qui les opprimaient dans leur
pays. Ils croyaient que Jésus pouvait être celui-là puisque il
était capable de faire des miracles. Mais Jésus n’était pas ce
genre de messie ; c’est pourquoi il interdisait toute
publicité à ce sujet, au moins tant que les gens n’auraient pas
compris qui il était en réalité.
Aujourd’hui,
les partisans de telle ou telle religion veulent imposer « leur »
messie, ou leurs concepts religieux. C’est naturel et humain.
Cependant il ne faut pas oublier que c’est aux fruits qu’on
reconnaît l’arbre. Ce que voulait Jésus, c’était faire
comprendre aux hommes qu’ils avaient d’abord besoin d’une
libération spirituelle et d’être purifiés de leurs tendances au
mal, à la superstition et à la peur. Il voulait les inviter à
devenir comme lui, des fils de Dieu remplis d’affection pour leur
Père céleste dont il apportait les évidentes preuves de
miséricorde et de bonté. C’était la seule façon de créer un
monde fraternel et d’extirper le mal à sa racine : dans le
cœur des individus. Tous les problèmes humains et matériels ne
pouvaient trouver ailleurs leur solution. C’est toujours vrai
aujourd’hui. Il ne sert à rien de proclamer le Christ si cela
n’est pas accompagné d’une transformation radicale de notre
mentalité et de notre caractère.
Un oiseau vivant lâché dans les airs
C’était
le dernier acte d’un rite imposé pour constater la guérison d’un
lépreux. Jésus a insisté pour que cet homme se conforme à cette
prescription mosaïque parce qu’elle pouvait, momentanément,
figurer le sens spirituel de cette guérison. Cela prouvait et
confirmait son ministère et son autorité divine pour accomplir dans
la réalité ce que les ordonnances lévitiques symbolisaient (Lire
Lévitique 14/ 1-7). Le symbole de l’oiseau lâché dans les airs
est tout à fait clair : la guérison est le départ d’une vie
nouvelle que le lépreux va désormais pouvoir vivre au milieu des
autres hommes. La libération spirituelle ouvre le ciel à l’infini,
et il devient possible pour la créature humaine de s’élever dans
les sphères célestes, indéfiniment, éternellement, pour connaître
et aimer ce Dieu qu’il a rencontré sur le chemin de son existence
terrestre.
Finie
la longue et pénible et incertaine ascension vers un Dieu
hypothétique. Jésus s’est proclamé la lumière du monde parce
que son enseignement et son Esprit sont les seuls à nous placer sans
hésitations ni tâtonnements sur le chemin de Dieu. Un père se fait
connaître à ses enfants PARCE QU’ILS SONT ses enfants. Ainsi Dieu
veut que nous commencions à croire en lui, en ses divines qualités
de bonté paternelle et affectueuse, afin que nous devenions capable
de comprendre et d’apprécier de plus en plus ce qu’il EST. Cela
est la vraie religion, personnelle, vivante, régénératrice et
génératrice de bonheur, de joie, de liberté et d’amour
fraternel.
Samuel
GUILHOT
16/
08/ 1970
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