jeudi 12 mars 2015

Le lépreux guéri

Lectures : Matthieu 8/ 1-4 ; 1 Pierre 1/ 15
« Et voici, un lépreux s’étant approché se prosterna devant lui, et dit : Seigneur, si tu le veux, tu peux me rendre pur ;... Jésus étendit la main, le toucha, et dit : Je le veux, sois pur. Aussitôt il fut purifié de sa lèpre. »
«  Puisque celui qui a appelé est saint, vous aussi soyez saints dans toute votre conduite, selon qu’il est écrit : vous serez saints car je suis saint. »

Le message de Jésus et ses enseignements seront automatiquement déformés s’ils sont considérés comme se référant uniquement au temps de notre existence terrestre. Une religion qui se limite à donner aux hommes une certaine règle de vie accompagnée d’un certain nombre de contraintes cérémoniales ne peut contribuer efficacement à les rendre vraiment heureux. De plus, tous les problèmes que peut poser une existence terrestre resteront un poids intolérable sur la pensée et le cœur de celui qui réfléchit.


Il est vrai que Jésus nous a enseigné la meilleure manière d’affronter les difficultés de cette vie, mais il nous a ouvert en même temps l’accès vers un monde nouveau, mystérieux et plein d’attraits : celui de l’Esprit. C’est le monde de l’invisible, mais pas irréel ; le monde supérieur, mais pas insolite ; un monde inintelligible pour nos sens matériels, mais pas irrationnel, ni illogique ! C’est le monde divin que les Écritures appellent le Royaume des Cieux.

Les religions spiritualistes recherchent une technique qui permette à l’homme de s’introduire dans le royaume divin de l’Esprit ; mais ces techniques sont décevantes parce qu’elles tendent à dépersonnaliser la Divinité et mettent entièrement sur les faibles épaules humaines le lourd fardeau d’une recherche longue, ardue et souvent fort pénible. Ce genre de religion ne sert pas la cause du commun des hommes mais tend à instituer une caste privilégiée.

Il est indéniable cependant que certaines catégories d’hommes réussissent, par ces techniques, à s’approcher d’assez près de la frontière céleste pour y percevoir les vagues lueurs venant de ces mondes de lumière. Mais cela ne leur donne qu’une impression encore plus grande d’éloignement, de telle sorte que, très rares sont ceux qui peuvent dire qu’ils ont vraiment trouvé Dieu…

Jésus n’est pas venu nous prêcher une technique difficile à comprendre. Il a seulement fait appel à notre sincérité et à notre loyauté pour reconnaître en lui ce Dieu si lointain et mystérieux. Le langage de sa vie et de son comportement, de sont contact aimable et bienfaisant, simple et naturel avec les hommes, nous dit mieux que toutes les théories, ce que Dieu est, et ce qu’il est pour nous…

La seule chose qu’il exige de notre part, et qui fait honneur à notre libre personnalité, c’est la foi. La foi ouvre la porte de notre vie intérieure à celui qui, sans crier ni forcer, nous demande de l’inviter.

C’est SEULEMENT quand nous lui avons permis de s’installer chez nous que nous comprenons enfin que nous avons trouvé Dieu, et qu’il va LUI-MÊME nous accompagner dans le long chemin de la connaissance spirituelle. La vraie recherche de Dieu se fonde sur des CERTITUDES sans cesse renouvelées et sans cesse approfondies.
      1. Dieu descend vers sa créature pour la faire monter vers lui

Tout l’enseignement de la Bible converge vers cet appel divin : Soyez saints, car je suis saint. Ceci résume tout le plan de Dieu dans lequel est inscrite sa volonté d’amener l’homme à l’image de sa propre perfection.

Il est nécessaire de bien comprendre le sens de cet appel. Dieu n’a JAMAIS EXIGE de l’homme des choses qu’il ne peut pas faire. Brandir les commandements divins pour effrayer les hommes et les inciter à obéir est une méthode que Jésus n’emploie jamais. Dans son sens original biblique, le mot « commandement » veut dire : invitation, direction. Dieu n’impose pas ses lois mais il les propose à la bonne volonté et à la foi. Si l’homme ne veut pas obéir c’est peut être parce qu’il ne comprend pas le vrai sens de la volonté de Dieu ; mais s’il veut obéir, il entre en collaboration avec les énergies divines qui rendent réalisable ce qui est tout à l’avantage de l’homme.

Jésus n’est pas resté fixé sur la montagne où il enseignait la foule ; il est aussi descendu vers ceux qui avaient besoin de son aide. Il n’est pas non plus remonté au ciel pour y disparaître ; il a envoyé son Esprit au dedans de ceux qui étaient disposés à le recevoir. La distance de l’homme vers Dieu est infranchissable parce qu’elle sépare le fini de l’infini, l’imparfait du parfait, le relatif de l’absolu. Mais si cette distance est infranchissable dans un sens, elle ne l’est pas dans l’autre. Dieu peut descendre de là où l’homme ne peut monter par ses propres moyens.

Un lépreux était un homme absolument séparé de la société. Il lui était impossible de reprendre une place au milieu des gens normaux. C’est pourquoi il n’a pu se trouver avec la foule sur la montagne pour écouter Jésus. Mais Jésus est descendu vers lui.

Jésus a pu rencontrer cet homme parce que celui-ci l’attendait et qu’il aspirait de tout son être à une libération. Jésus n’a pas demandé à ce malade quelle était sa religion ou sa croyance. La seule chose qui ouvre le chemin de Dieu vers l’homme, c’est le désir sincère de ce dernier de rencontrer Dieu et de placer en lui toute sa confiance.

Le lépreux est l’image de tous ceux qui, sentant leurs limitations, tendent de tout leur cœur vers le progrès et le perfectionnement de leur être ; tout homme normal ressent le besoin et l’aspiration vers une vie supérieure, moins limitée et plus parfaite.

Il ne faut jamais négliger un tel besoin intérieur, presque instinctif, même si cela semble irréalisable. Lorsque Dieu veut une chose, l’homme peut la vouloir aussi, et ces deux volontés coordonnées réussissent toujours. Le lépreux était dans l’incapacité totale de sortir de sa situation, mais il voulait en sortir. Il ne lui manquait plus que le concours de celui qui avait le pouvoir de l’aider.

S’il est vrai que le lot de l’humanité est l’imperfection, il est vrai aussi qu’un être parfait est venu vers elle pour lui montrer le chemin de la perfection. Tout devient possible lorsqu’on peut déterminer avec certitude ce que Dieu veut. Quand le lépreux dit à Jésus : si tu le veux, tu peux – il reçoit une réponse immédiate. Tout ce qui tend à purifier notre âme, à ennoblir notre caractère et à éclairer notre esprit, est TOUJOURS dans la volonté de Dieu. Nous pouvons être certains, non seulement de son accord, mais aussi de son aide et de l’assistance de son pouvoir tout puissant.
      1. La valeur spirituelle d’un miracle physique

Dans le domaine du physique, même à l’heure actuelle, bien des faits demeurent inexplicables. Notre imagination et notre pouvoir de compréhension sont toujours dépassés, et le sont davantage à mesure que notre science s’accroît. Tout a une explication mais tout n’est pas explicable. Jésus, agissant avec une telle autorité sur la matière, montre par là sa supériorité sur la matière. Il montre aussi son pouvoir toujours positif. Il n’ampute pas le lépreux de ses membres malades, il les amène soudain à leur état normal. Il n’agit pas avec des instruments matériels ; son action se situe dans le domaine de l’invisible, sur des niveaux non accessibles aux sens humains et non identifiable par la raison. Mais les faits sont là, et c’est ce qui importe le plus. Cet homme ne cherche pas à comprendre, ou à analyser le comment de sa délivrance. Il a seulement compris que Jésus pouvait quelque chose pour lui, et il lui a parlé de son désir.

Il a parlé à Jésus et, contrairement à ce qu’il attendait, Jésus l’a touché. Cette chose ne se faisait jamais pour un lépreux. Non seulement cela pouvait être dangereux en raison de la contagion possible, mais c’était aussi une interdiction de la loi religieuse et une impureté rituelle.

L’acte de Jésus a donc une implication spirituelle. Il est nettement la victoire du bien sur le mal et l’expression visiblement manifesté de la souveraine volonté de Dieu sur toute forme de mal.

Nous nous préparons des déceptions mentales en pensant que Dieu devrait supprimer le mal en supprimant ceux qui le font. C’est là une méthode négative que les hommes sont parfois contraints d’employer à cause des limitations de leurs possibilités spirituelles. Il ne faut pas oublier que le mal a souvent donné au bien l’occasion de démontrer sa qualité infiniment supérieure. De plus, la puissance de l’Esprit divin s’est toujours essentiellement exprimée par la transformation qu’elle est capable d’opérer dans la vie des individus, de sorte qu’il leur devient possible d’aimer et de pratiquer ce qui est bien. Celui qui est grossier, s’affine, et celui qui est bon devient meilleur. Aucune catégorie d’homme n’est exemptée de cette recherche et de cette possibilité de perfectionnement. Il n’est cependant pas obligatoire de se laisser tromper par le mal pour désirer faire l’expérience que le bien est préférable.

Jésus s’est adressé aux foules par sa parole, mais son action libératrice s’est toujours concentrée sur l’individu. Pour Dieu, l’individu n’est jamais un être anonyme. Les lois de la physique montrent l’importance fondamentale de l’atome dans la constitution et l’équilibre de la matière. Ne nous croyons pas des êtres isolés et perdus dans l’immensité de l’univers. Il n’y aurait pas d’univers vivant sans la présence de l’individu, et c’est par lui, cette unité vivante, que Dieu a commencé de peupler son incommensurable création.

Ce qu’il manque à un homme pour trouver le bonheur et la paix de son esprit, c’est très souvent et très simplement de parler directement au Seigneur. Tous les intermédiaires sont autant d’écrans qui diminuent l’efficacité de ce contact personnel de l’homme avec Dieu. Même l’intermédiaire d’une prière rituelle, apprise par cœur ou imposée du dehors peut être fâcheuse habitude. Tout doit sortir directement du cœur pour aller directement vers Dieu.

Le mot « CHRIST » signifie : MESSIE, envoyé. Les disciples et les foules attendaient le Messie. Ils voulaient être les partisans dévoués d’un messie envoyé pour libérer leur peuple. Ce messie devait selon leurs conceptions, utiliser son pouvoir pour détruire ceux qui faisaient le mal, ou qui les opprimaient dans leur pays. Ils croyaient que Jésus pouvait être celui-là puisque il était capable de faire des miracles. Mais Jésus n’était pas ce genre de messie ; c’est pourquoi il interdisait toute publicité à ce sujet, au moins tant que les gens n’auraient pas compris qui il était en réalité.

Aujourd’hui, les partisans de telle ou telle religion veulent imposer « leur » messie, ou leurs concepts religieux. C’est naturel et humain. Cependant il ne faut pas oublier que c’est aux fruits qu’on reconnaît l’arbre. Ce que voulait Jésus, c’était faire comprendre aux hommes qu’ils avaient d’abord besoin d’une libération spirituelle et d’être purifiés de leurs tendances au mal, à la superstition et à la peur. Il voulait les inviter à devenir comme lui, des fils de Dieu remplis d’affection pour leur Père céleste dont il apportait les évidentes preuves de miséricorde et de bonté. C’était la seule façon de créer un monde fraternel et d’extirper le mal à sa racine : dans le cœur des individus. Tous les problèmes humains et matériels ne pouvaient trouver ailleurs leur solution. C’est toujours vrai aujourd’hui. Il ne sert à rien de proclamer le Christ si cela n’est pas accompagné d’une transformation radicale de notre mentalité et de notre caractère.
      1. Un oiseau vivant lâché dans les airs

C’était le dernier acte d’un rite imposé pour constater la guérison d’un lépreux. Jésus a insisté pour que cet homme se conforme à cette prescription mosaïque parce qu’elle pouvait, momentanément, figurer le sens spirituel de cette guérison. Cela prouvait et confirmait son ministère et son autorité divine pour accomplir dans la réalité ce que les ordonnances lévitiques symbolisaient (Lire Lévitique 14/ 1-7). Le symbole de l’oiseau lâché dans les airs est tout à fait clair : la guérison est le départ d’une vie nouvelle que le lépreux va désormais pouvoir vivre au milieu des autres hommes. La libération spirituelle ouvre le ciel à l’infini, et il devient possible pour la créature humaine de s’élever dans les sphères célestes, indéfiniment, éternellement, pour connaître et aimer ce Dieu qu’il a rencontré sur le chemin de son existence terrestre.

Finie la longue et pénible et incertaine ascension vers un Dieu hypothétique. Jésus s’est proclamé la lumière du monde parce que son enseignement et son Esprit sont les seuls à nous placer sans hésitations ni tâtonnements sur le chemin de Dieu. Un père se fait connaître à ses enfants PARCE QU’ILS SONT ses enfants. Ainsi Dieu veut que nous commencions à croire en lui, en ses divines qualités de bonté paternelle et affectueuse, afin que nous devenions capable de comprendre et d’apprécier de plus en plus ce qu’il EST. Cela est la vraie religion, personnelle, vivante, régénératrice et génératrice de bonheur, de joie, de liberté et d’amour fraternel.
Samuel GUILHOT
16/ 08/ 1970

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