jeudi 12 mars 2015

Le temple de Jérusalem et le royaume spirituel de Dieu

Lecture : Luc 21
« Jésus leva les yeux et vit les riches qui mettaient leur offrandes dans le tronc. Il vit aussi une pauvre veuve, qui y mettait deux petites pièces. »
« Jésus dit : En vérité cette pauvre veuve a mis plus que tous les autres »
« Comme quelques uns disaient du temple qu’il était orné de belles pierres et d’objets apportés en offrandes, Jésus dit : Les jours viendront où, de ce que vous voyez, il ne restera pas pierre sur pierre qui ne soit renversée. »
« Alors on verra le Fils de l’Homme venir sur une nuée avec beaucoup de puissance et de gloire. »

Les puissantes représentations matérielles de la religion et les imposants édifices n’ont jamais impressionné Jésus. Il s’est, au contraire, toujours efforcé de montrer que ce qui avait infiniment plus de valeur à ses yeux, c’était l’homme lui-même. Si ce n’était pas vrai, il n’aurait pas pris le risque de s’incarner et de se rendre semblable aux hommes. Si les édifices religieux et les objets sacrés avaient eu une plus grande importance, il aurait construit des temples et fabriqué des objets. Il se serait effacé derrière ces choses et aurait asservi l’humanité aux exigences matérielles des représentations visibles.


En étant homme, Jésus a révèlé l’homme tel que Dieu le veut. La masse matérielle du temple, sa splendeur et sa richesse ne sont d’aucun poids devant la qualité d’âme d’une pauvre veuve. C’est la créature humaine qui intéresse le Seigneur, beaucoup plus que les pierres d’un édifice, même si celles-ci font l’admiration des peuples de la terre.

Matériellement, l’offrande de la veuve n’a pas beaucoup de valeur, mais elle est extrêmement précieuse quant à sa qualité spirituelle. Ce qu’elle donne représente le don d’elle-même, et ce don est le signe de son amour pour Dieu. Le temple sera effacé et sa beauté disparaîtra, mais le geste de la veuve restera éternellement inscrit sur les livres célestes des œuvres de la foi.

Le temple de Jérusalem avait pourtant été un glorieux symbole. Il était le langage matériel qui signifiait les valeurs impérissables de la droiture et de la beauté du caractère divin. L’équilibre de ses structures soulignait la puissance et l’éternité de la vérité qui devait garantir la liberté de l’homme et assurer son épanouissement. C’était le symbole de l’autorité spirituelle de Dieu sur toutes les nations de la terre, le tremplin d’une espérance vivante pour tous les cœurs sincères.

Malheureusement l’attention des hommes avait fini par se détourner des véritables valeurs pour s’attacher uniquement à l’aspect matériel des choses. Le temple devenait un obstacle à la rencontre de Dieu et de l’homme au lieu d’en être l’occasion. C’est ainsi que, souvent, les intermédiaires se multiplient entre Dieu et l’homme parce que ce dernier commet l’erreur d’attacher plus d’importance à la lettre qu’à l’esprit, aux choses qui lui montrent la direction vers Dieu qu’à Dieu lui-même.
      1. La présence de l’Esprit Saint dans l’être humain

Le corps de l’homme est une merveille d’équilibre, en lui tout le prédispose à servir de plateforme à l’esprit. Il n’a aucun effort à faire pour tenir ses yeux fixés en avant et en haut. Aucun animal ne marche debout comme lui. Ce corps est vraiment un temple, une habitation, le seul domaine sacré où Dieu veut séjourner. Il n’existe aucun endroit, aucun édifice dans le monde, qui soit sacré. Nulle part ailleurs, que dans l’homme lui-même, se trouve le sanctuaire où l’esprit est vraiment présent. En vérité, aucun lieu ne devrait être considéré comme sacré, ni vénéré par l’homme ; Jésus était plus que le temple et l’homme est plus que tous les plus imposants édifices. La pauvre veuve, que personne n’admirait était la seule chose qui retenait l’attention de celui qui était plus grand que le temple.

Si nous pouvions bien comprendre cette vérité nous en ressentirions une immense et profonde libération. Il est vraiment affligeant de voir encore tant d’âmes humaines sincères, assujetties comme des esclaves à leurs habitudes religieuses. Car même les habitudes deviennent sacrées ! Le comportement de ces âmes est caractérisé essentiellement par la peur : la peur de se tromper et la peur d’être trompé.

Il leur manque le fondement positif qui est l’amour de la vérité, d’une vérité vivante parce qu’efficace pour transformer radicalement l’existence. L’amour de la vérité fait que l’individu ose remettre en question tout ce qu’il a appris avec sa tête et toutes les théories qu’on lui a enseignées, afin d’avoir des certitudes personnelles. Il ne lui suffit pas de savoir qu’il existe une source, il veut y aller boire. Il ne lui suffit plus de croire en Dieu, ou d’avoir une religion, il veut en expérimenter la valeur.

Or, c’est justement en établissant le contact avec la présence de l’Esprit intérieur que l’homme découvre le vrai sanctuaire, le seul qui soit vrai et qui est toujours unique. Dieu est un grand inconnu, non parce qu’il se cache, mais à cause de l’inaptitude de l’homme à le trouver. Il ne le trouve pas tant qu’il le cherche avec sa raison. C’est comme s’il voulait voir avec ses propres yeux des couleurs qui sont inaccessibles à la vision humaine. On rencontre Dieu dans le sanctuaire de l’esprit, à cet endroit situé au-dessus de la vision des sens physiques et au-delà des concepts purement intellectuels. C’est à chacun de sentir et de découvrir le chemin de sa propre vie intérieure et de franchir la frontière qui le sépare encore du pays de la liberté.

Mais pour cela, on a besoin de toute sa lucidité et de toute sa volonté. Il est clair que la liberté de la pensée et de l’esprit implique un libre choix, une décision consciente et une soif réelle des valeurs spirituelles. La drogue et tous les opiums, politiques ou religieux, ou chimiques ou de quelque nature que ce soit, sont donc des duperies puisqu’ils ont pour effet de dissoudre la volonté et d’emprisonner la personnalité.

Jésus a promis d’envoyer son Esprit de vérité, et il l’a fait. Mais combien de gens, persuadés d’être des chrétiens, n’ont cependant aucune certitude quant à la réalité de cette Présence intérieure ! Leur religion est plutôt triste ; ils vont sans joie à leurs services religieux et s’en retourne de même. Ils ont exactement les mêmes craintes et les mêmes incertitudes que les non-croyants. La présence réelle de l’Esprit de Jésus, ils la voient peut-être dans l’église, ou dans la chapelle où ils se rendent, ou même dans le pain et le vin de la communion. Mais Jésus n’a jamais promis d’envoyer son Esprit ailleurs QUE DANS L’HOMME.
      1. Un renversement inévitable

La transgression des lois de la croissance spirituelle amène inévitablement un choc en retour. Le temple, et tout ce qu’il contenait, avait une réelle signification. Il rappelait au peuple de Dieu la sainteté et la majesté du Seigneur, mais il était un même temps une invitation permanente à rencontrer Dieu. Il avertissait le monde que la souveraineté absolue appartient à l’Eternel et que son règne trouve sa source et sa puissance dans les sphères supérieures de l’Esprit.

Contrairement aux divinités tyranniques des religions païennes, Dieu invite les hommes à partager son règne. Une vraie religion n’est jamais tyrannique ; elle est vraiment spirituelle quand elle associe l’esprit de l’homme à l’Esprit souverain de Dieu. Il en résulte toujours une libération de toutes les formes d’esclavage du cœur et de la pensée.

Si le temple avait, dans l’esprit des hommes, toujours symbolisé cette libération, il n’aurait jamais été détruit. Mais le temple était devenu un édifice tellement sacré et respecté, que ses pierres et ses ornements, ses rites et ses cérémonies avaient plus de valeur que l’homme lui-même. La représentation matérielle s’opposait à la réalité spirituelle. Il n’y avait plus de croissance spirituelle possible dans une telle situation où tout restait fixe et figé dans d’éternels recommencements.

C’est pourquoi la loi de l’histoire fera que toutes ces belles pierres seront renversées, comme le seront toujours, en fin de compte, tout ce qui s’oppose aux valeurs supérieures de l’esprit. Dieu n’avait pas besoin de porter lui-même la main sur ce monument, les hommes s’en sont chargé, et s’ils l’ont fait, c’est parce qu’ils ont tous été saisis par le tourbillon de leur propre désarroi spirituel. L’homme sème ce qu’il devra récolter. S’il renverse l’ordre normal des choses, il ne pourra récolter rien d’autre que la confusion et le renversement de ses institutions. Dieu a décrété une loi universelle qui veut que soit, tôt ou tard, réduit en poussière ce qui empêche l’homme de grandir spirituellement. Les guerres et les bruits de guerre annoncés par Jésus ne seront que les douleurs de l’enfantement préparant la venue d’un monde nouveau.

L’homme spirituel ne se laisse pas accabler par les signes déconcertants d’un monde en révolution. Il lève les yeux vers le ciel, la demeure de l’Esprit, parce que c’est de là que vient la délivrance. Il le sait parce qu’il en a déjà fait l’expérience dans sa propre existence en mettant en terme à ses propres conflits par une réelle conversion. Or, une conversion est littéralement un renversement, une naissance nouvelle, une naissance d’en-haut. C’est ce que Jésus avait fait remarquer à un savant docteur de la loi : Nicodème (Jean 3). La conversion est un retournement total de l’esprit de l’homme vers l’Esprit de dieu. S’il est vrai que cela peut provoquer parfois des perturbations dans l’entourage, et peut-être des persécutions, il est vrai aussi que l’esprit est une forteresse indestructible. Il est la sagesse contre laquelle rien ne peut prévaloir. On peut laver un cerveau et détruire le mental d’un enfant de Dieu, mais on ne pourra jamais porter atteinte à son statut spirituel. Il est inscrit et gravé dans les archives célestes, et celui qui ne fléchit pas dans sa foi, même s’il est physiquement et psychiquement brisé, celui-là se retrouvera debout dans les domaines célestes pour recevoir son héritage parfaitement conservé et valorisé par ses expériences spirituelles.
      1. Les signes des temps

Il ne faut pas assimiler la notion de fin des temps à celle de fin du monde. Les signes de la fin des temps sont en même temps des signes annonciateurs d’une nouvelle ère. Comme aux jours de la création, le matin vient après le soir. Mais la frontière entre les deux est confuse et il y a nécessairement une sorte de chevauchement des événements. Les armées célestes procèdent au nettoyage et à la mise en place des matériaux avant d’entreprendre l’édification de la nouvelle maison.

C’est ainsi que des institutions millénaires sont ébranlées par la contestation et que les dogmes sacrés sont menacés. La guerre et les conflits jettent la perturbation dans les structures qu’on croyait inviolables. Les sujets de plainte et de discussion se multiplient et l’on fait facilement retomber sur Dieu la cause de ces désordres incontrôlables. Il semble que la mécanique se dérègle, cette fois, à l’échelle planétaire. On aspire à la paix et à la justice et on les voit s’éloigner de plus en plus.

Jésus nous a cependant avertis qu’il FALLAIT que ces choses se produisent d’abord. C’est pourquoi il nous invite à redresser nos têtes et à espérer plus que jamais. La nuit se fait noire parce que la lumière approche. Si les temples humains sont détruits, c’est pour laisser la place à ce que Dieu se propose de construire lui-même.

Les disciples ont souvent été déçus de voir leur Maître rester indifférent devant le déploiement des grandeurs militaires, comme de celles des cérémonies religieuses. Jésus n’était jamais d’accord avec ce qui asservissait les hommes, ses frères. Mais il leur montrait la seule voie possible pour accéder à une vraie liberté et à un réel bonheur : la transformation radicale de la mentalité par une expérience spirituelle personnellement vécue.

Chacun de nous peut, à l’échelle de son individualité, subir différentes crises de réajustement. On se convertit une fois, comme on naît une fois, mais les crises de croissance sont inévitables. Ne perdons pas de temps à nous demander toujours pourquoi Dieu laisse notre chemin passer par des tournants difficiles. Si le juste doit vivre par la foi c’est parce que la foi fait voir et saisir par avance le bout du chemin, et il est absolument vrai que cet aboutissement est le règne accru de l’Esprit. Là où est l’Esprit, là est la liberté. Les jugements de Dieu sont toujours positifs, et on le voit particulièrement dans la longue histoire d’Israël ; après l’exil, c’est le retour.

Quand les croyants deviennent des enfants de Dieu spirituellement nés de nouveau, ils acquièrent la capacité de traverser maintes épreuves sans perdre pied parce qu’ils apprennent à aimer Dieu pour ce qu’il EST, et non plus simplement pour ce qu’il donne. Ils deviennent capables d’avoir une foi spirituelle : celle qui consiste à croire sans voir. Ils croient en la venue prochaine du Royaume de Dieu parce que celui-ci est déjà instauré dans leur cœur. Ils ont foi en l’éternelle bonté du Père céleste parce que c’est elle qui pourvoit à leurs besoins spirituels et leur communique, chaque jour, la force nécessaire de faire face positivement à l’adversité, ou à la banalité quotidienne, on à n’importe quelle autre situation. Même s’ils doivent être un jour couchés dans une tombe, ils resteront spirituellement debout pour accueillir le Maître bien-aimé de leur éternelle destinée.

Samuel GUILHOT12/04/1970

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