Lecture : Luc 21
« Jésus
leva les yeux et vit les riches qui mettaient leur offrandes dans le
tronc. Il vit aussi une pauvre veuve, qui y mettait deux petites
pièces. »
« Jésus
dit : En vérité cette pauvre veuve a mis plus que tous les
autres »
« Comme
quelques uns disaient du temple qu’il était orné de belles
pierres et d’objets apportés en offrandes, Jésus dit : Les
jours viendront où, de ce que vous voyez, il ne restera pas pierre
sur pierre qui ne soit renversée. »
« Alors
on verra le Fils de l’Homme venir sur une nuée avec beaucoup de
puissance et de gloire. »
Les
puissantes représentations matérielles de la religion et les
imposants édifices n’ont jamais impressionné Jésus. Il s’est,
au contraire, toujours efforcé de montrer que ce qui avait
infiniment plus de valeur à ses yeux, c’était l’homme lui-même.
Si ce n’était pas vrai, il n’aurait pas pris le risque de
s’incarner et de se rendre semblable aux hommes. Si les édifices
religieux et les objets sacrés avaient eu une plus grande
importance, il aurait construit des temples et fabriqué des objets.
Il se serait effacé derrière ces choses et aurait asservi
l’humanité aux exigences matérielles des représentations
visibles.
En
étant homme, Jésus a révèlé l’homme tel que Dieu le veut. La
masse matérielle du temple, sa splendeur et sa richesse ne sont
d’aucun poids devant la qualité d’âme d’une pauvre veuve.
C’est la créature humaine qui intéresse le Seigneur, beaucoup
plus que les pierres d’un édifice, même si celles-ci font
l’admiration des peuples de la terre.
Matériellement,
l’offrande de la veuve n’a pas beaucoup de valeur, mais elle est
extrêmement précieuse quant à sa qualité spirituelle. Ce qu’elle
donne représente le don d’elle-même, et ce don est le signe de
son amour pour Dieu. Le temple sera effacé et sa beauté
disparaîtra, mais le geste de la veuve restera éternellement
inscrit sur les livres célestes des œuvres de la foi.
Le
temple de Jérusalem avait pourtant été un glorieux symbole. Il
était le langage matériel qui signifiait les valeurs impérissables
de la droiture et de la beauté du caractère divin. L’équilibre
de ses structures soulignait la puissance et l’éternité de la
vérité qui devait garantir la liberté de l’homme et assurer son
épanouissement. C’était le symbole de l’autorité spirituelle
de Dieu sur toutes les nations de la terre, le tremplin d’une
espérance vivante pour tous les cœurs sincères.
Malheureusement
l’attention des hommes avait fini par se détourner des véritables
valeurs pour s’attacher uniquement à l’aspect matériel des
choses. Le temple devenait un obstacle à la rencontre de Dieu et de
l’homme au lieu d’en être l’occasion. C’est ainsi que,
souvent, les intermédiaires se multiplient entre Dieu et l’homme
parce que ce dernier commet l’erreur d’attacher plus d’importance
à la lettre qu’à l’esprit, aux choses qui lui montrent la
direction vers Dieu qu’à Dieu lui-même.
La présence de l’Esprit Saint dans l’être humain
Le
corps de l’homme est une merveille d’équilibre, en lui tout le
prédispose à servir de plateforme à l’esprit. Il n’a aucun
effort à faire pour tenir ses yeux fixés en avant et en haut. Aucun
animal ne marche debout comme lui. Ce corps est vraiment un temple,
une habitation, le seul domaine sacré où Dieu veut séjourner. Il
n’existe aucun endroit, aucun édifice dans le monde, qui soit
sacré. Nulle part ailleurs, que dans l’homme lui-même, se trouve
le sanctuaire où l’esprit est vraiment présent. En vérité,
aucun lieu ne devrait être considéré comme sacré, ni vénéré
par l’homme ; Jésus était plus que le temple et l’homme
est plus que tous les plus imposants édifices. La pauvre veuve, que
personne n’admirait était la seule chose qui retenait l’attention
de celui qui était plus grand que le temple.
Si
nous pouvions bien comprendre cette vérité nous en ressentirions
une immense et profonde libération. Il est vraiment affligeant de
voir encore tant d’âmes humaines sincères, assujetties comme des
esclaves à leurs habitudes religieuses. Car même les habitudes
deviennent sacrées ! Le comportement de ces âmes est
caractérisé essentiellement par la peur : la peur de se
tromper et la peur d’être trompé.
Il
leur manque le fondement positif qui est l’amour de la vérité,
d’une vérité vivante parce qu’efficace pour transformer
radicalement l’existence. L’amour de la vérité fait que
l’individu ose remettre en question tout ce qu’il a appris avec
sa tête et toutes les théories qu’on lui a enseignées, afin
d’avoir des certitudes personnelles. Il ne lui suffit pas de savoir
qu’il existe une source, il veut y aller boire. Il ne lui suffit
plus de croire en Dieu, ou d’avoir une religion, il veut en
expérimenter la valeur.
Or,
c’est justement en établissant le contact avec la présence de
l’Esprit intérieur que l’homme découvre le vrai sanctuaire, le
seul qui soit vrai et qui est toujours unique. Dieu est un grand
inconnu, non parce qu’il se cache, mais à cause de l’inaptitude
de l’homme à le trouver. Il ne le trouve pas tant qu’il le
cherche avec sa raison. C’est comme s’il voulait voir avec ses
propres yeux des couleurs qui sont inaccessibles à la vision
humaine. On rencontre Dieu dans le sanctuaire de l’esprit, à cet
endroit situé au-dessus de la vision des sens physiques et au-delà
des concepts purement intellectuels. C’est à chacun de sentir et
de découvrir le chemin de sa propre vie intérieure et de franchir
la frontière qui le sépare encore du pays de la liberté.
Mais
pour cela, on a besoin de toute sa lucidité et de toute sa volonté.
Il est clair que la liberté de la pensée et de l’esprit implique
un libre choix, une décision consciente et une soif réelle des
valeurs spirituelles. La drogue et tous les opiums, politiques ou
religieux, ou chimiques ou de quelque nature que ce soit, sont donc
des duperies puisqu’ils ont pour effet de dissoudre la volonté et
d’emprisonner la personnalité.
Jésus
a promis d’envoyer son Esprit de vérité, et il l’a fait. Mais
combien de gens, persuadés d’être des chrétiens, n’ont
cependant aucune certitude quant à la réalité de cette Présence
intérieure ! Leur religion est plutôt triste ; ils vont
sans joie à leurs services religieux et s’en retourne de même.
Ils ont exactement les mêmes craintes et les mêmes incertitudes que
les non-croyants. La présence réelle de l’Esprit de Jésus, ils
la voient peut-être dans l’église, ou dans la chapelle où ils se
rendent, ou même dans le pain et le vin de la communion. Mais Jésus
n’a jamais promis d’envoyer son Esprit ailleurs QUE DANS L’HOMME.
Un renversement inévitable
La
transgression des lois de la croissance spirituelle amène
inévitablement un choc en retour. Le temple, et tout ce qu’il
contenait, avait une réelle signification. Il rappelait au peuple de
Dieu la sainteté et la majesté du Seigneur, mais il était un même
temps une invitation permanente à rencontrer Dieu. Il avertissait le
monde que la souveraineté absolue appartient à l’Eternel et que
son règne trouve sa source et sa puissance dans les sphères
supérieures de l’Esprit.
Contrairement
aux divinités tyranniques des religions païennes, Dieu invite les
hommes à partager son règne. Une vraie religion n’est jamais
tyrannique ; elle est vraiment spirituelle quand elle associe
l’esprit de l’homme à l’Esprit souverain de Dieu. Il en
résulte toujours une libération de toutes les formes d’esclavage
du cœur et de la pensée.
Si
le temple avait, dans l’esprit des hommes, toujours symbolisé
cette libération, il n’aurait jamais été détruit. Mais le
temple était devenu un édifice tellement sacré et respecté, que
ses pierres et ses ornements, ses rites et ses cérémonies avaient
plus de valeur que l’homme lui-même. La représentation matérielle
s’opposait à la réalité spirituelle. Il n’y avait plus de
croissance spirituelle possible dans une telle situation où tout
restait fixe et figé dans d’éternels recommencements.
C’est
pourquoi la loi de l’histoire fera que toutes ces belles pierres
seront renversées, comme le seront toujours, en fin de compte, tout
ce qui s’oppose aux valeurs supérieures de l’esprit. Dieu
n’avait pas besoin de porter lui-même la main sur ce monument, les
hommes s’en sont chargé, et s’ils l’ont fait, c’est parce
qu’ils ont tous été saisis par le tourbillon de leur propre
désarroi spirituel. L’homme sème ce qu’il devra récolter. S’il
renverse l’ordre normal des choses, il ne pourra récolter rien
d’autre que la confusion et le renversement de ses institutions.
Dieu a décrété une loi universelle qui veut que soit, tôt ou
tard, réduit en poussière ce qui empêche l’homme de grandir
spirituellement. Les guerres et les bruits de guerre annoncés par
Jésus ne seront que les douleurs de l’enfantement préparant la
venue d’un monde nouveau.
L’homme
spirituel ne se laisse pas accabler par les signes déconcertants
d’un monde en révolution. Il lève les yeux vers le ciel, la
demeure de l’Esprit, parce que c’est de là que vient la
délivrance. Il le sait parce qu’il en a déjà fait l’expérience
dans sa propre existence en mettant en terme à ses propres conflits
par une réelle conversion. Or, une conversion est littéralement un
renversement, une naissance nouvelle, une naissance d’en-haut.
C’est ce que Jésus avait fait remarquer à un savant docteur de la
loi : Nicodème (Jean 3). La conversion est un retournement
total de l’esprit de l’homme vers l’Esprit de dieu. S’il est
vrai que cela peut provoquer parfois des perturbations dans
l’entourage, et peut-être des persécutions, il est vrai aussi que
l’esprit est une forteresse indestructible. Il est la sagesse
contre laquelle rien ne peut prévaloir. On peut laver un cerveau et
détruire le mental d’un enfant de Dieu, mais on ne pourra jamais
porter atteinte à son statut spirituel. Il est inscrit et gravé
dans les archives célestes, et celui qui ne fléchit pas dans sa
foi, même s’il est physiquement et psychiquement brisé, celui-là
se retrouvera debout dans les domaines célestes pour recevoir son
héritage parfaitement conservé et valorisé par ses expériences
spirituelles.
Les signes des temps
Il
ne faut pas assimiler la notion de fin des temps à celle de fin du
monde. Les signes de la fin des temps sont en même temps des signes
annonciateurs d’une nouvelle ère. Comme aux jours de la création,
le matin vient après le soir. Mais la frontière entre les deux est
confuse et il y a nécessairement une sorte de chevauchement des
événements. Les armées célestes procèdent au nettoyage et à la
mise en place des matériaux avant d’entreprendre l’édification
de la nouvelle maison.
C’est
ainsi que des institutions millénaires sont ébranlées par la
contestation et que les dogmes sacrés sont menacés. La guerre et
les conflits jettent la perturbation dans les structures qu’on
croyait inviolables. Les sujets de plainte et de discussion se
multiplient et l’on fait facilement retomber sur Dieu la cause de
ces désordres incontrôlables. Il semble que la mécanique se
dérègle, cette fois, à l’échelle planétaire. On aspire à la
paix et à la justice et on les voit s’éloigner de plus en plus.
Jésus
nous a cependant avertis qu’il FALLAIT que ces choses se produisent
d’abord. C’est pourquoi il nous invite à redresser nos têtes et
à espérer plus que jamais. La nuit se fait noire parce que la
lumière approche. Si les temples humains sont détruits, c’est
pour laisser la place à ce que Dieu se propose de construire
lui-même.
Les
disciples ont souvent été déçus de voir leur Maître rester
indifférent devant le déploiement des grandeurs militaires, comme
de celles des cérémonies religieuses. Jésus n’était jamais
d’accord avec ce qui asservissait les hommes, ses frères. Mais il
leur montrait la seule voie possible pour accéder à une vraie
liberté et à un réel bonheur : la transformation radicale de
la mentalité par une expérience spirituelle personnellement vécue.
Chacun
de nous peut, à l’échelle de son individualité, subir
différentes crises de réajustement. On se convertit une fois, comme
on naît une fois, mais les crises de croissance sont inévitables.
Ne perdons pas de temps à nous demander toujours pourquoi Dieu
laisse notre chemin passer par des tournants difficiles. Si le juste
doit vivre par la foi c’est parce que la foi fait voir et saisir
par avance le bout du chemin, et il est absolument vrai que cet
aboutissement est le règne accru de l’Esprit. Là où est
l’Esprit, là est la liberté. Les jugements de Dieu sont toujours
positifs, et on le voit particulièrement dans la longue histoire
d’Israël ; après l’exil, c’est le retour.
Quand
les croyants deviennent des enfants de Dieu spirituellement nés de
nouveau, ils acquièrent la capacité de traverser maintes épreuves
sans perdre pied parce qu’ils apprennent à aimer Dieu pour ce
qu’il EST, et non plus simplement pour ce qu’il donne. Ils
deviennent capables d’avoir une foi spirituelle : celle qui
consiste à croire sans voir. Ils croient en la venue prochaine du
Royaume de Dieu parce que celui-ci est déjà instauré dans leur
cœur. Ils ont foi en l’éternelle bonté du Père céleste parce
que c’est elle qui pourvoit à leurs besoins spirituels et leur
communique, chaque jour, la force nécessaire de faire face
positivement à l’adversité, ou à la banalité quotidienne, on à
n’importe quelle autre situation. Même s’ils doivent être un
jour couchés dans une tombe, ils resteront spirituellement debout
pour accueillir le Maître bien-aimé de leur éternelle destinée.
Samuel
GUILHOT12/04/1970
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