Lecture biblique : Luc 9/ 18 à 27
« Si
quelqu’un veut venir après moi, qu’il renonce à lui-même,
qu’il se charge chaque jour de sa croix et qu’il me suive. Car
celui qui voudra sauver sa vie la perdra, mais celui qui la perdra à
cause de moi la sauvera.
« Et
que servirait –il à un homme de gagner tout le monde, s’il se
détruisait ou se perdait lui-même ? Car quiconque aura honte
de moi et de mes paroles, le Fils de l’homme aura honte de lui,
quand il viendra dans sa gloire, et dans celle du Père et des saints
anges.
La
simple lecture de ce chapitre 9 suffirait à nous montrer de quelle
façon les disciples de Jésus étaient enclins à de fréquentes
erreurs de jugement. Ils étaient de bonne foi et de bonne volonté,
ils aimaient leur Maître de tout leur cœur et désiraient ardemment
le servir, mais ils étaient inaptes à saisir le fond de sa pensée
et la signification profonde de ses actes. Ils avaient tout à
apprendre concernant les vrais buts de l’œuvre de Jésus et des
méthodes qui étaient les siennes. Les disciples étaient
conditionnés par leurs ambitions terrestres, leurs traditions
religieuses, et leur insuffisance de perception spirituelle des
valeurs célestes.
Ils
étaient souvent surpris et déçus de voir leur Maître réagir tout
autrement qu’ils avaient souhaité et ils ne pouvaient s’empêcher
d’être intérieurement troublés en entendant certaines de ses
affirmations. Ils étaient des humains comme nous tous et impatients
de voir se réaliser autour d’eux ce qu’ils pensaient être les
promesses de Dieu faites à la foi.
Il
est pourtant impensable qu’on puisse être déçu d’un être tel
que jésus ; mais on peut être déçu par l’idée qu’on
s’en fait, car nous avons tous la tendance à concevoir cette idée
à notre propre image, c'est-à-dire à confondre la réalité et
l’idée que nous nous en faisons. Si nous avions toujours une
claire compréhension de la réalité spirituelle, et si nous savions
voir les choses comme Dieu les voit, nous ne serions jamais ni
surpris, ni déçus, ni perplexes ; La vraie cause de nos
troubles intérieurs vient de notre ignorance des voies de Dieu et
des qualités de son action spirituelle.
Le
fait que Jésus ait choisi les hommes qui l’accompagnaient ne vient
pas de leurs aptitudes particulières ou de leurs mérites humains.
Il vient d’abord de ce qu’il a trouvé en eux une libre
disposition, l’élan d’un cœur sincère et d’une volonté sans
détours. Ils avaient tout à apprendre c’est vrai, mais c’est
précisément pour cela qu’il les prend avec lui. Il se les
associe pour leur parler et les enseigner, mais surtout pour qu’ils
aient l’occasion de le voir vivre en s’appuyant avec une
confiance totale sur Dieu son père. Il voulait surtout leur
démontrer et leur prouver que Dieu était aussi le Père de tous
les hommes et qu’il était entièrement digne d’une confiance
sans limite de leur part.
C’est
ainsi qu’il désirait, dans la condition terrestre et matérielle
la moins favorisée, encourager la foi et affermir les décisions de
tous eux qui luttent, espèrent,et cherchent avec persévérance le
chemin d’une vraie vie.
Dieu n’ignore rien de nos questions et de nos doutes
Nous
nous interrogeons souvent sur la raison des choses comme s’il
n’existait nulle part ailleurs que dans notre esprit les vraies
solutions. Nous croyons posséder la sagesse suprême, et il ne nous
manque plus que la puissance pour remettre en bon ordre le monde et
le cosmos ! Il ne faut pourtant pas oublier que l’intelligence
qui a crée le monde, et nous avec, possède obligatoirement une
pensée supérieure à la nôtre. Si nous avons mis un certain nombre
d’années pour assimiler une petite partie des connaissances
humaines nous sommes donc encore très loin de la science divine.
Mais une chose est sûre :nous avons affaire avec un Créateur
compréhensif et miséricordieux, et ses silences ne sont pas de
l’indifférence ; ils sont seulement le signe de notre
incapacité à comprendre les règles de la sagesse divine. C’est
pourquoi Dieu nous appelle à combler cet immense fossé par une foi
vivante et sincère en l’avenir préparé par lui pour notre
meilleur bien.
Rien
ne serait plus facile pour Dieu de soumettre soudainement toutes les
nations du monde dans une terrifiante manifestation de sa
souveraineté. Cela, c’est la voie que prendraient volontiers les
hommes. Mais Jésus ne l’a jamais suivie, bien qu’il ait eu
toutes les possibilités de le faire. C’est pourquoi certains de
ses compatriotes ambitieux étaient amers et déçus de la voir ainsi
refuser d’utiliser ses pouvoirs exceptionnels à la manière des
grands de la terre. Mais, ce que ceux qui le suivaient pouvaient
constater, c’était surtout son attachement aux valeurs
impérissables : la bonté, le pardon, la miséricorde, la
pratique de la justice, la loyauté et la droiture de cœur. Ces
qualités étaient ses armes ^par lesquelles il proclamait la vérité
éternelle du salut.
La
gloire humaine se fane comme l’herbe, et l’homme n’emporte rien
dans l’au-delà de ce qu’il a acquis dans sa vie terrestre sinon
les vraies valeurs de son expérience morale et spirituelle. A la
perplexité de cœur de ses disciples, Jésus répondait par un
comportement parfaitement assuré et paisible. Il n’était pas venu
pour exterminer le mal, mais pour affirmer la supériorité du bien,
et pour cela il se servait des méthodes divines en les donnant en
exemple. Il avait décidé de suivre pas à pas les directives de son
père pour bien montrer qu’elles ne trompent pas les enfants des
hommes, mais qu’elles leur assure une victoire réelle sur toutes
les forces hostiles du mal.
Jésus
voulait glorifier son Dieu, et quel croyant ne le voudrait ?
Mais Jésus a toujours réussi parce qu’il visait juste. Sa pensée
était pure de toute ambiguïté. C’est d’abord par sa CONFIANCE
qu’il honorait Dieu, il savait attendre et il savait agir. Il
refusait les coups d’éclats pour éblouir les hommes et il
respectait à tel point leur personnalité et leur libre arbitre,
qu’il préférait garder le silence devant ses accusateurs plutôt
que de les confondre par une argumentation irrésistible. Il ne
renonçait pas pour autant à les convaincre, mais il voyait
infiniment plus haut et plus loin que nous ne pouvons le concevoir.
Il se réfugiait donc dans l’insondable bonté de son Dieu et
utilisait sa puissance pour traverser victorieusement l’épreuve
imposée par la méchanceté humaine.
Après
quoi, Dieu n’a même pas permis qu’il ressuscite publiquement !
Même cela ne doit pas imposer aux hommes de croire en lui. Mais il
est absolument vrai que la preuve en sera toujours donnée à
quiconque veut y croire de tout son cœur.
Garder pour perdre, perdre pour sauver
L’interprétation
des paroles de Jésus a toujours souffert de nos déformations
mentales. Il est pourtant possible de découvrir leur vrai sens si on
prend soin de les voir dans une perspective juste. Cette perspective
consiste à savoir d’une façon certaine qu’aucune parole de
Jésus ne tend à minimiser la valeur de l’homme aux yeux du
créateur, ni à brimer sa personnalité, ou à le frustrer d’une
liberté et d’un bonheur pour lesquels il a été crée.
Renoncer
à soi même ne signifie pas la négation de soi. La négation de soi
peut conduire à des aberrations de comportement qui ont toujours un
effet très fâcheux sur l’opinion qu’on peut se faire sur la vie
religieuse et éloignent les hommes de la recherche de Dieu. Jésus
n’a jamais essayer d’échapper aux réalités concrètes de
l’existence humaine, ni à ses exigences, mais il les a toutes
affrontées avec calme et décision, comme un Maître qui, loin de
s’éclipser dans la négation de soi, a toujours affirmé sa
complète maîtrise mentale sur les hommes et les événements. C’est
d’ailleurs cela qui lui permettait de « tendre l’autre
joue » à celui qui le frappait et d’accepter volontairement
la cruelle humiliation de la croix. Il a subi tout cela dans une
perspective positive : « en vue de la joie qui lui était
réservée » Hébreux 12 :1-3. Il savait perdre pour
gagner et renoncer à l’éphémère pour l’éternel.
Renoncer
à soi même, c’est renoncer à se faire le centre de tout intérêt,
ou à essayer d’inventer des plans de bonheur uniquement fondés
sur des valeurs matérielles et terrestres. Autrement dit, c’est
abandonner une mauvaise méthode pour une autre infiniment meilleure
et absolument sûre : celle que Jésus nous donne en exemple et
se propose d’utiliser AVEC nous et avec notre consentement.
Que
servirait –il à un homme de gagner le monde entier s’il n’a
pas la faculté de jouir de son gain ? Plus grandes sont les
possessions et plus grand est le vide du cœur, si celles-ci sont
recherchées dans le but de combler ce vide. Les possessions peuvent
être utiles et bonnes si elles servent à exprimer les qualités
d’un cœur rempli de bonté et de générosité clairvoyante et
intelligente. Mais Jésus a montré que, même sans elles, un cœur
rempli et satisfait était toujours capable de donner beaucoup et
d’en enrichir plusieurs.
Porter sa croix
Cette
image était fort bien comprise à cette époque où les légions
romaines, occupant le pays, avaient l’habitude de crucifier ceux
qui tentaient d’instaurer une autre royauté que la leur. Jésus
montre qu’il est inutile de croire que la voie royale passe par
l’autorité matérielle de la puissance terrestre. La vraie royauté
vient de la maîtrise de l’esprit sur le mal, la corruption, le
péché et l’iniquité. Cette royauté est éternelle, et c’est
elle que Jésus veut donner à ceux qui le suivent en prenant
journellement le parti de lui faire confiance.
Suivre
Jésus, c’est entrer sans crainte dans L’EXPRESSION de la valeur
pratique de ses enseignements, et c’est progresser avec son aide
dans le chemin de la vérité et de la vie.
Avoir
honte de lui, c’est refuser de croire en l’efficacité et en la
vérité de sa méthode ; mais il suffit de l’avoir
sincèrement tentée une fois pour reconnaître l’inestimable
satisfaction qu’elle procure.
Sauver sa vie
Lorsque
Jésus parle ici de sauver sa vie, il ne l’entend pas dans un sens
abstrait, ou comme une notion théologique ; il se place au
centre de la réalité quotidiennement vécue par les hommes, et
montre comment celle-ci peu devenir le terrain d’une expérience
sans cesse renouvelée de la bonté de Dieu et de la croissance
spirituelle. Quelles que soient les conditions matérielles imposées
par l’existence terrestre, il reste toujours une possibilité d’en
tirer parti en découvrant la signification spirituelle des
expériences vécues. Le plus simple d’entre nous sait que cette
existence nous oblige à des choix constants entre ce qui est bon et
ce qui est meilleur, ce qui est juste et ce qui et encore plus juste.
La voie la meilleure n’est pas toujours la plus facile, mais elle
et la plus sûre et nul ne regrette jamais de l’avoir suivie.
Sauver
sa vie, c’est sauver son existence de tout ce qui conduit au
désordre, à l’incertain et à l’inutile. C’est aussi la
placer sur la route de l’éternité par un amour constant de la
volonté de Dieu et la découverte des qualités parfaites de cette
volonté.
L’assurance
du salut est la certitude d’avoir tous les jours à ses côtés, et
au-dedans de soi, la présence fidèle de l’Esprit de Jésus, dans
l’attente heureuse d’être un jour transféré dans l’existence
parfaite des royaumes célestes.
Peut
être cela ne semble s’adresser qu’à une certaine catégorie
d’hommes d’élite, ou tout entier consacrés aux choses de Dieu.
Une telle pensée serait une vue superficielle et non-conforme à la
vérité. Aussi obscur qu’il soit, l’esprit de l’homme commence
à s’illuminer dés l’instant où il cherche sincèrement Dieu.
Jésus n’est pas venu appelé des êtres parfaits, mais il propose
à tous ceux qui veulent bien le suivre, sans aucune exception, de
les introduire dans la voie montante de l’éternelle
perfection en les conduisant lui-même en toute sécurité. C’est
un salut entièrement gratuit, où l’homme peut entrer sans rien,
mais dans lequel il apprendra à s’enrichir de plus en plus de
valeurs impérissables.
La gloire qui vient
A
l’heure qu’il choisira, le divin Fils de Dieu se manifestera au
monde. La manière dont il le fera reste encore mystérieuse, mais
elle correspondra à une nécessité et à une urgence planétaire.
Les hommes se rendront compte alors qu’un immense univers
invisible, mais réel et vivant les entourait de toutes parts. La
honte couvrira ceux qui s’obstinaient à affirmer le contraire,
mais la plénitude de joie sera pour ceux qui savaient, sans pouvoir
l’expliquer, que Jésus avait dit la vérité et qu’il
s’appliquait à lui être fidèles. Même ceux qui auront longtemps
attendu dans l’obscurité de leur ignorance, eux là tressailliront
de joie et de reconnaissance devant la révélation de Celui qu’ils
cherchaient.
La
vérité et la vie finiront toujours par atteindre l’esprit de ceux
qui opèrent en elles. L’univers de Dieu et de ses lois est fait
de parfaite droiture, de justice absolue et de miséricorde
insondable. Heureux celui qui croit et espère en aimant Dieu de tout
son cœur.
Samuel
GUILHOT
06/09/1970
Toujours profondément d'actualité.
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