jeudi 12 mars 2015

La voie glorieuse

Lecture biblique : Luc 9/ 18 à 27
« Si quelqu’un veut venir après moi, qu’il renonce à lui-même, qu’il se charge chaque jour de sa croix et qu’il me suive. Car celui qui voudra sauver sa vie la perdra, mais celui qui la perdra à cause de moi la sauvera.
« Et que servirait –il à un homme de gagner tout le monde, s’il se détruisait ou se perdait lui-même ? Car quiconque aura honte de moi et de mes paroles, le Fils de l’homme aura honte de lui, quand il viendra dans sa gloire, et dans celle du Père et des saints anges.

La simple lecture de ce chapitre 9 suffirait à nous montrer de quelle façon les disciples de Jésus étaient enclins à de fréquentes erreurs de jugement. Ils étaient de bonne foi et de bonne volonté, ils aimaient leur Maître de tout leur cœur et désiraient ardemment le servir, mais ils étaient inaptes à saisir le fond de sa pensée et la signification profonde de ses actes. Ils avaient tout à apprendre concernant les vrais buts de l’œuvre de Jésus et des méthodes qui étaient les siennes. Les disciples étaient conditionnés par leurs ambitions terrestres, leurs traditions religieuses, et leur insuffisance de perception spirituelle des valeurs célestes.


Ils étaient souvent surpris et déçus de voir leur Maître réagir tout autrement qu’ils avaient souhaité et ils ne pouvaient s’empêcher d’être intérieurement troublés en entendant certaines de ses affirmations. Ils étaient des humains comme nous tous et impatients de voir se réaliser autour d’eux ce qu’ils pensaient être les promesses de Dieu faites à la foi.

Il est pourtant impensable qu’on puisse être déçu d’un être tel que jésus ; mais on peut être déçu par l’idée qu’on s’en fait, car nous avons tous la tendance à concevoir cette idée à notre propre image, c'est-à-dire à confondre la réalité et l’idée que nous nous en faisons. Si nous avions toujours une claire compréhension de la réalité spirituelle, et si nous savions voir les choses comme Dieu les voit, nous ne serions jamais ni surpris, ni déçus, ni perplexes ; La vraie cause de nos troubles intérieurs vient de notre ignorance des voies de Dieu et des qualités de son action spirituelle.

Le fait que Jésus ait choisi les hommes qui l’accompagnaient ne vient pas de leurs aptitudes particulières ou de leurs mérites humains. Il vient d’abord de ce qu’il a trouvé en eux une libre disposition, l’élan d’un cœur sincère et d’une volonté sans détours. Ils avaient tout à apprendre c’est vrai, mais c’est précisément pour cela qu’il les prend avec lui. Il se les associe pour leur parler et les enseigner, mais surtout pour qu’ils aient l’occasion de le voir vivre en s’appuyant avec une confiance totale sur Dieu son père. Il voulait surtout leur démontrer et leur prouver que Dieu était aussi le Père de tous les hommes et qu’il était entièrement digne d’une confiance sans limite de leur part.

C’est ainsi qu’il désirait, dans la condition terrestre et matérielle la moins favorisée, encourager la foi et affermir les décisions de tous eux qui luttent, espèrent,et cherchent avec persévérance le chemin d’une vraie vie.
      1. Dieu n’ignore rien de nos questions et de nos doutes

Nous nous interrogeons souvent sur la raison des choses comme s’il n’existait nulle part ailleurs que dans notre esprit les vraies solutions. Nous croyons posséder la sagesse suprême, et il ne nous manque plus que la puissance pour remettre en bon ordre le monde et le cosmos ! Il ne faut pourtant pas oublier que l’intelligence qui a crée le monde, et nous avec, possède obligatoirement une pensée supérieure à la nôtre. Si nous avons mis un certain nombre d’années pour assimiler une petite partie des connaissances humaines nous sommes donc encore très loin de la science divine. Mais une chose est sûre :nous avons affaire avec un Créateur compréhensif et miséricordieux, et ses silences ne sont pas de l’indifférence ; ils sont seulement le signe de notre incapacité à comprendre les règles de la sagesse divine. C’est pourquoi Dieu nous appelle à combler cet immense fossé par une foi vivante et sincère en l’avenir préparé par lui pour notre meilleur bien.

Rien ne serait plus facile pour Dieu de soumettre soudainement toutes les nations du monde dans une terrifiante manifestation de sa souveraineté. Cela, c’est la voie que prendraient volontiers les hommes. Mais Jésus ne l’a jamais suivie, bien qu’il ait eu toutes les possibilités de le faire. C’est pourquoi certains de ses compatriotes ambitieux étaient amers et déçus de la voir ainsi refuser d’utiliser ses pouvoirs exceptionnels à la manière des grands de la terre. Mais, ce que ceux qui le suivaient pouvaient constater, c’était surtout son attachement aux valeurs impérissables : la bonté, le pardon, la miséricorde, la pratique de la justice, la loyauté et la droiture de cœur. Ces qualités étaient ses armes ^par lesquelles il proclamait la vérité éternelle du salut.

La gloire humaine se fane comme l’herbe, et l’homme n’emporte rien dans l’au-delà de ce qu’il a acquis dans sa vie terrestre sinon les vraies valeurs de son expérience morale et spirituelle. A la perplexité de cœur de ses disciples, Jésus répondait par un comportement parfaitement assuré et paisible. Il n’était pas venu pour exterminer le mal, mais pour affirmer la supériorité du bien, et pour cela il se servait des méthodes divines en les donnant en exemple. Il avait décidé de suivre pas à pas les directives de son père pour bien montrer qu’elles ne trompent pas les enfants des hommes, mais qu’elles leur assure une victoire réelle sur toutes les forces hostiles du mal.

Jésus voulait glorifier son Dieu, et quel croyant ne le voudrait ? Mais Jésus a toujours réussi parce qu’il visait juste. Sa pensée était pure de toute ambiguïté. C’est d’abord par sa CONFIANCE qu’il honorait Dieu, il savait attendre et il savait agir. Il refusait les coups d’éclats pour éblouir les hommes et il respectait à tel point leur personnalité et leur libre arbitre, qu’il préférait garder le silence devant ses accusateurs plutôt que de les confondre par une argumentation irrésistible. Il ne renonçait pas pour autant à les convaincre, mais il voyait infiniment plus haut et plus loin que nous ne pouvons le concevoir. Il se réfugiait donc dans l’insondable bonté de son Dieu et utilisait sa puissance pour traverser victorieusement l’épreuve imposée par la méchanceté humaine.

Après quoi, Dieu n’a même pas permis qu’il ressuscite publiquement ! Même cela ne doit pas imposer aux hommes de croire en lui. Mais il est absolument vrai que la preuve en sera toujours donnée à quiconque veut y croire de tout son cœur.
      1. Garder pour perdre, perdre pour sauver

L’interprétation des paroles de Jésus a toujours souffert de nos déformations mentales. Il est pourtant possible de découvrir leur vrai sens si on prend soin de les voir dans une perspective juste. Cette perspective consiste à savoir d’une façon certaine qu’aucune parole de Jésus ne tend à minimiser la valeur de l’homme aux yeux du créateur, ni à brimer sa personnalité, ou à le frustrer d’une liberté et d’un bonheur pour lesquels il a été crée.

Renoncer à soi même ne signifie pas la négation de soi. La négation de soi peut conduire à des aberrations de comportement qui ont toujours un effet très fâcheux sur l’opinion qu’on peut se faire sur la vie religieuse et éloignent les hommes de la recherche de Dieu. Jésus n’a jamais essayer d’échapper aux réalités concrètes de l’existence humaine, ni à ses exigences, mais il les a toutes affrontées avec calme et décision, comme un Maître qui, loin de s’éclipser dans la négation de soi, a toujours affirmé sa complète maîtrise mentale sur les hommes et les événements. C’est d’ailleurs cela qui lui permettait de « tendre l’autre joue » à celui qui le frappait et d’accepter volontairement la cruelle humiliation de la croix. Il a subi tout cela dans une perspective positive : « en vue de la joie qui lui était réservée » Hébreux 12 :1-3. Il savait perdre pour gagner et renoncer à l’éphémère pour l’éternel.

Renoncer à soi même, c’est renoncer à se faire le centre de tout intérêt, ou à essayer d’inventer des plans de bonheur uniquement fondés sur des valeurs matérielles et terrestres. Autrement dit, c’est abandonner une mauvaise méthode pour une autre infiniment meilleure et absolument sûre : celle que Jésus nous donne en exemple et se propose d’utiliser AVEC nous et avec notre consentement.

Que servirait –il à un homme de gagner le monde entier s’il n’a pas la faculté de jouir de son gain ? Plus grandes sont les possessions et plus grand est le vide du cœur, si celles-ci sont recherchées dans le but de combler ce vide. Les possessions peuvent être utiles et bonnes si elles servent à exprimer les qualités d’un cœur rempli de bonté et de générosité clairvoyante et intelligente. Mais Jésus a montré que, même sans elles, un cœur rempli et satisfait était toujours capable de donner beaucoup et d’en enrichir plusieurs.
      1. Porter sa croix

Cette image était fort bien comprise à cette époque où les légions romaines, occupant le pays, avaient l’habitude de crucifier ceux qui tentaient d’instaurer une autre royauté que la leur. Jésus montre qu’il est inutile de croire que la voie royale passe par l’autorité matérielle de la puissance terrestre. La vraie royauté vient de la maîtrise de l’esprit sur le mal, la corruption, le péché et l’iniquité. Cette royauté est éternelle, et c’est elle que Jésus veut donner à ceux qui le suivent en prenant journellement le parti de lui faire confiance.

Suivre Jésus, c’est entrer sans crainte dans L’EXPRESSION de la valeur pratique de ses enseignements, et c’est progresser avec son aide dans le chemin de la vérité et de la vie.

Avoir honte de lui, c’est refuser de croire en l’efficacité et en la vérité de sa méthode ; mais il suffit de l’avoir sincèrement tentée une fois pour reconnaître l’inestimable satisfaction qu’elle procure.
      1. Sauver sa vie

Lorsque Jésus parle ici de sauver sa vie, il ne l’entend pas dans un sens abstrait, ou comme une notion théologique ; il se place au centre de la réalité quotidiennement vécue par les hommes, et montre comment celle-ci peu devenir le terrain d’une expérience sans cesse renouvelée de la bonté de Dieu et de la croissance spirituelle. Quelles que soient les conditions matérielles imposées par l’existence terrestre, il reste toujours une possibilité d’en tirer parti en découvrant la signification spirituelle des expériences vécues. Le plus simple d’entre nous sait que cette existence nous oblige à des choix constants entre ce qui est bon et ce qui est meilleur, ce qui est juste et ce qui et encore plus juste. La voie la meilleure n’est pas toujours la plus facile, mais elle et la plus sûre et nul ne regrette jamais de l’avoir suivie.

Sauver sa vie, c’est sauver son existence de tout ce qui conduit au désordre, à l’incertain et à l’inutile. C’est aussi la placer sur la route de l’éternité par un amour constant de la volonté de Dieu et la découverte des qualités parfaites de cette volonté.

L’assurance du salut est la certitude d’avoir tous les jours à ses côtés, et au-dedans de soi, la présence fidèle de l’Esprit de Jésus, dans l’attente heureuse d’être un jour transféré dans l’existence parfaite des royaumes célestes.

Peut être cela ne semble s’adresser qu’à une certaine catégorie d’hommes d’élite, ou tout entier consacrés aux choses de Dieu. Une telle pensée serait une vue superficielle et non-conforme à la vérité. Aussi obscur qu’il soit, l’esprit de l’homme commence à s’illuminer dés l’instant où il cherche sincèrement Dieu. Jésus n’est pas venu appelé des êtres parfaits, mais il propose à tous ceux qui veulent bien le suivre, sans aucune exception, de les introduire dans la voie montante de l’éternelle perfection en les conduisant lui-même en toute sécurité. C’est un salut entièrement gratuit, où l’homme peut entrer sans rien, mais dans lequel il apprendra à s’enrichir de plus en plus de valeurs impérissables.
      1. La gloire qui vient

A l’heure qu’il choisira, le divin Fils de Dieu se manifestera au monde. La manière dont il le fera reste encore mystérieuse, mais elle correspondra à une nécessité et à une urgence planétaire. Les hommes se rendront compte alors qu’un immense univers invisible, mais réel et vivant les entourait de toutes parts. La honte couvrira ceux qui s’obstinaient à affirmer le contraire, mais la plénitude de joie sera pour ceux qui savaient, sans pouvoir l’expliquer, que Jésus avait dit la vérité et qu’il s’appliquait à lui être fidèles. Même ceux qui auront longtemps attendu dans l’obscurité de leur ignorance, eux là tressailliront de joie et de reconnaissance devant la révélation de Celui qu’ils cherchaient.

La vérité et la vie finiront toujours par atteindre l’esprit de ceux qui opèrent en elles. L’univers de Dieu et de ses lois est fait de parfaite droiture, de justice absolue et de miséricorde insondable. Heureux celui qui croit et espère en aimant Dieu de tout son cœur.
Samuel GUILHOT
06/09/1970

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