mardi 26 février 2013

Melchisédek et Jésus

Lectures : Hébreux 4/ 14 à 16 et Hébreux 6/ 1 à 3
L’Ecriture déclare que Jésus a été élevé selon le rang, ou l’ordre de Melchisédek. Cette simple déclaration nous révèle déjà que l’univers des plans de Dieu et des réalités célestes sont loin de pouvoir être entièrement cernés par l’intelligence humaine ou saisis par la vision spirituelle de la foi.
L’Epître aux Hébreux est une tentative d’expliciter et de faire comprendre la portée véritable des symboles de l’Ancien Testament et principalement du rite mosaïque.
Ceux qui se penchent objectivement sur le témoignage des écrits du Nouveau Testament sont obligés de reconnaître que la Personne de Jésus et sa fonction d’instructeur religieux au milieu des hommes projettent une étonnante lumière sur les significations des symboles.
De même, à la lumière des enseignements prophétiques de Moïse, on peut déjà distinguer la future Révélation apportée par le ministère et la personne de Jésus. Mais ce qu’il faut surtout remarquer est que les enseignements de Moïse ne sont qu’une ombre de choses à venir et qu’ils sont matériellement et intellectuellement limités alors que Jésus ouvre, pour la connaissance de Dieu, des perspectives illimitées.
Les enseignements de Moïse n’étaient qu’une base et il est dommage que les éducateurs juifs n’aient pris la liberté de s’affranchir de la peur panique de l’hérésie dite chrétienne pour saisir l’évidence du message spirituel de Jésus. Personne ne détient le monopole de la vérité mais les juifs étaient et seraient les mieux placés pour aider le monde à comprendre et à recevoir le contenu spirituel du message biblique et particulièrement celui de Jésus, le Juif par excellence.

Pourquoi la comparaison Jésus - Melchisédek ?

D’abord pour démontrer que la Révélation se fait par étapes et que Jésus ne peut être exclu de la lignée des instructeurs qui ont été, depuis Moïse, les conducteurs spirituels du peuple de Dieu en vue de le préparer à être un témoin pour toutes les nations.
D’autre part, ce qui permet la comparaison, est le fait qu’ils ont été investis d’une autorité divine pour accomplir leur mission consistant à révéler le Dieu unique pour TOUS les hommes. Melchisédek a préparé le terrain pour la venue de Jésus en ce qu’il a révélé les caractères de justice, de bonté et de miséricorde du Dieu Tout-puissant contrairement à ce qu’étaient ceux des divinités païennes.
C’est particulièrement à Abraham que Melchisédek a révélé ces divins caractères en lui renouvelant les promesses qu’il avait reçues lors de son appel. Or, ce qui est important dans cette affaire, c’est le fait que Dieu propose de bénir et d’accompagner lui-même Abraham dans tout son pèlerinage terrestre : ceci constitue la révélation d’un Dieu personnel qui veut être le Dieu de chacune de ses créatures comme de toutes ensemble.
Il y a également le fait que Melchisédek est un personnage céleste matérialisé dans l’incarnation humaine pour pouvoir s’adresser aux hommes et qu’il a soudainement disparu comme il est venu après avoir laissé un témoignage à la Vérité tel que le monde en avait besoin pour son temps et pour la suite de son histoire.
Il est dit que Melchisédek était sans généalogie et sans commencement ni fin de jour parce qu’il était préexistant à sa venue sur la planète et qu’il reste à toujours dans les royaumes célestes un puissant ministre de Dieu. Il l’est d’ailleurs parmi beaucoup d’autres puisqu’il est dit au Psaume 82/ 1 : « Dieu règne dans l’assemblée des dieux ». C’est pourquoi il est dit aussi qu’il était semblable au Fils de Dieu (Hébreux 7/ 3).
Les deux se ressemblent donc par la nature de leur message, le fait de leur incarnation humaine et le but de révélation de la Vérité en vue d’affranchir le monde des ténèbres de l’ignorance et de la superstition.

Simplicité et complexité du message biblique

L’auteur de l’Epître aux Hébreux ne cache pas qu’il y a des choses difficiles à expliquer dans la révélation du message biblique. Il est normal qu’il en soit ainsi quand on considère que dans le simple domaine des connaissances humaines l’homme est fort loin d’avoir tout compris. Cependant, il cherche ! Pourquoi n’en fait-il pas autant pour sa vie spirituelle qui a, elle aussi, un grand et urgent besoin de se développer par la connaissance de Dieu ?
On est parfois surpris de constater combien les croyants se contentent facilement de ce qui est élémentaire pour leur foi en pensant que la simplicité consiste à rester élémentaire. Paul éprouvait quelques difficultés à enseigner plus profondément le message de Dieu à cause de cette paresse d’esprit chez les chrétiens et qui les empêchait de progresser vers la maturité spirituelle. Il aurait voulu les voir plus « fervents d’esprit ».
Il est bien évident qu’il faudra toujours commencer par assimiler les notions élémentaires de la voie du salut et de la foi comme le nouveau-né absorbe le lait nécessaire au démarrage de sa croissance. Mais le développement spirituel exige de dépasser le stade primaire en vue de mieux comprendre la pensée de Dieu concernant notre destinée.
Le reproche qu’on pourrait faire à nos générations de croyants est celui d’avoir souvent refusé l’effort spirituel pour une meilleure assimilation des enseignements divins. On trouve plus facile et plus confortable une morale toute faite et une obéissance servile à des dogmes soi-disant infaillibles plutôt que de rechercher avec amour à comprendre et à discerner toujours mieux et plus justement la volonté de Dieu.
L’esprit et l’homme développé et exercé au discernement spirituel sait distinguer ente le bon et le mauvais et même entre le bon et le MEILLEUR sans qu’il soit nécessaire de lui imposer le joug et l’aiguillon de la peur.

Ce qui différencie Jésus de Melchisédek

C’est la manière par laquelle il s’est incarné qui donne au ministère de Jésus son aspect particulier. Jésus ne s’est pas soudainement incarné en homme fait. Il a suivi le processus normal de la naissance et de la croissance physique comme tous les enfants.
Jésus est devenu homme afin de s’intégrer parfaitement à notre humanité et nous donner en même temps un exemple qui valait infiniment plus que toutes les théories.
Jésus s’est volontairement dépouillé de ses prérogatives divines en remettant entièrement son sort entre les mains de son Père céleste (Philippiens 2/ 7 et 8). Il ne faut pas penser qu’il a toujours eu conscience de sa divinité bien que celle-ci ait été en lui. Mais il nous est dit que vers l’âge de 12 ans il manifestait déjà la connaissance intime de la volonté de son Père dans les cieux. C’est au moment de son baptême, vers l’âge de 30 ans, qu’il semble avoir définitivement acquis la pleine perception de sa nature divine comme en témoigne la manifestation du Saint-Esprit à ce moment précis : c’est donc pleinement conscient de ses pouvoirs et de sa nature qu’il commença son ministère.
Pendant toute sa carrière terrestre il est cependant resté soumis à la nécessité d’avoir recours à la méditation et à la prière pour rester en contact avec Dieu son Père et connaître les voies et les actions qui devaient être les siennes. Jamais son obéissance ne fut celle d’un esclave mais toujours celle d’un fils aimant comme il l’avait déjà montré dans ses relations avec ses parents lorsqu’il était enfant.
Il a dû s’attendre à Dieu pour être instruit sur le chemin à suivre et sur les meilleurs méthodes à adopter dans les diverses circonstances de son service. Il a connu les difficiles moments d’hésitation entre la poussée de ses propres sentiments de compassion envers les foules et la nécessité de se soumettre au plan de Dieu quant au moyen et au temps de l’action. Il aurait certainement aimé intervenir pour libérer son ami Jean Baptiste emprisonné puis décapité sur l’ordre d’un roi corrompu. Il a dû crier à Dieu pour être gardé de ceux qui voulaient le tuer et arrêter brutalement son ministère. Il a dû attendre avec patience le moment décisif où son Père lui permettrait de s’exposer à ses ennemis et il aurait désiré mourir d’une autre mort que celle de la croix.
Jusqu’à la fin il a recherché la volonté de son Père et il a vraiment APPRIS l’obéissance par les choses qu’il a souffertes bien qu’il fut le Fils de Dieu et qu’il disposât de tous les pouvoirs pour décider de son propre chemin.

Qu’est-ce qu’un salut éternel ?

L’incarnation volontaire de Jésus et sa parfaite obéissance ont fait de lui l’auteur d’un salut éternel. Sa vie exemplaire ne doit pas être considérée comme celle d’un héros qui aurait réussi une performance mais surtout comme une vie qui peut et doit devenir la nôtre. A la perfection de son être, ou perfection existentielle, Jésus a ajouté celle de l’expérience. Sa perfection est donc devenue absolue.
Mais si Jésus a pris un tel chemin dans l’expérience de la perfection humaine c’est dans l’intention de nous entraîner, si on peut dire, dans le sens inverse : de notre expérience de perfectionnement humain il veut nous faire atteindre la perfection divine de l’être. Autrement dit, étant descendu du divin vers l’humain il nous ouvre un chemin de l’humain vers le divin.
Ceci donne son plein sens au salut qu’il nous propose et dont il est dit qu’il est un salut éternel. Comprenons bien ce que cela signifie car cette notion est restée généralement trop élémentaire dans l’esprit de la plupart des croyants.
Le véritable sens du mot « éternel » est qualitatif et non quantitatif. On ne mesure pas ce salut avec les règles du temps car il avant tout une qualité de vie et non une certaine longueur de temps. La grande question n’est pas la perpétuité de l’existence mais la qualité de cette existence. La vie éternelle est une succession d’étapes vers des qualités supérieures de vies et ceci indéfiniment puisque la voie su salut est toujours une voie de progrès.
Le salut éternel consiste donc essentiellement en une ascension constante vers une ressemblance toujours plus parfaite au Fils de Dieu. C’est ainsi qu’il est dit qu’il peut sauver parfaitement à cause de son éternelle intercession (7/ 25). Cette intercession doit être comprise comme étant l’action toujours agissante de son Esprit en nous pour nous aider à progresser vers cette divine ressemblance.

Devenons des Maîtres

Nous restons trop souvent des bébés et des enfants en Christ pour employer une expression dont Paul se sert en parlant des croyants qui perdent leur temps à des mesquineries doctrinales et des discussions sans fin au lieu de tendre vers la perfection de leur caractère.
Les questions concernant la vie morale, la confiance en Dieu (ou la certitude que Dieu est digne de confiance), les baptêmes d’eau et d’Esprit la pratique de l’imposition des mains, la certitude de la résurrection et d’une justice finale, toutes ces questions sont élémentaires parce qu’elles constituent la BASE d’une évolution spirituelle qui ne doit pas avoir de fin ni de limites.
La foi des croyants se limite trop souvent aux principes élémentaires de la foi sous prétexte de simplicité. Nous sommes pourtant exhortés à devenir des hommes faits. S’il est vrai que nous pouvons passer à côté des principes élémentaires fondamentaux, nous sommes appelés à aller au-delà. L’écriture n’est qu’un fondement sur lequel nous devons bâtir avec courage et assurance l’évolution de notre pensée spirituelle de telle sorte que nous soyons amenés à faire plus librement, plus spontanément et plus intelligemment la volonté de Dieu sans être sous la contrainte perpétuelle de règlements, d’une morale, de devoirs. (Romains 12/ 2)
La grande ambition de Paul pour l’assemblée des Philippiens était de la voir grandir dans la connaissance de Dieu et il priait avec ferveur pour que leur amour augmente de plus en plus en discernement des choses les meilleures. (Philippiens 1/ 9 et 10)

La nourriture solide demande de l’effort et de la bonne volonté pour être assimilée et quand un croyant est bien décidé à répondre à l’appel de sa vocation céleste il peut être certain que notre Dieu mettra toujours sur son chemin et en temps utile tout ce qui le stimulera, l’encouragera, l’éclairera et le rassurera.
« Car on donnera à celui qui a, dit Jésus, et il sera dans l’abondance » (Matthieu 25/ 29)
Samuel Guilhot 05/10/1969

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire