samedi 24 novembre 2012

La chair et l’esprit

Lecture : Romains 8/ 1 à 11
La chair et l’esprit voilà bien deux éléments que l’on considère habituellement comme inconciliables, s’opposant continuellement l’un à l’autre en entraînant l’homme dans un perpétuel conflit. La philosophie et la théologie se sont beaucoup penchées sur cet épineux problème sans qu’il en résulte toujours des résultats pratiques pour le bonheur et l’affranchissement de l’individu. Bien au contraire, les attitudes psychologiques ont très souvent été faussées par une piété mal comprise et mal définie avec toutes les répercussions plus ou moins désastreuses que cela peut avoir dans le domaine des rapports sociaux et religieux.

Il faut, une bonne fois pour toute, comprendre que le but d’une vraie religion est la LIBÉRATION de l’individu et non son asservissement et que la peur de l’erreur doit laisser la place à l’amour de la vérité.
Ce qui est en tout cas incontestable c’est que Dieu ne peut avoir créé la chair et l’esprit pour en faire des antagonistes et rendre ainsi l’homme malheureux. Ce qui nous rend malheureux c’est notre ignorance de la réalité et non la réalité elle-même.
Ce que Paul écrit dans Galates 5.7 à propos du fait que la chair a ses désirs contraires à ceux de l’esprit, et inversement, est pour souligner la nécessité de rétablir en l’homme un ordre perturbé par la méconnaissance de la volonté divine et de ses buts. Il est normal que la chair, en tant qu’organisation physico-chimique et électrochimique constituant l’individualité matérielle de l’homme, réagisse et se défende devant l’agression et les tentatives d’étouffement qui lui sont imposées. Si trop souvent les humains ont délaissé ou abandonné la pratique de la vie religieuse et spirituelle c’est parce qu’ils ont cru à ces prétendus conflits inévitables et ont redouté le déséquilibre mental et la perte de leur individualité.

L’exemple de l’homme Jésus

Le fait que Jésus se soit incarné est déjà le signe certain que notre vie, notre existence dans la chair, n’est pas condamnable en soi mais qu’elle a parfaitement sa raison d’être dans le plan divin. Remarquez bien que notre texte ne condamne pas la chair mais le péché dans la chair. C’est ce péché dans la chair qui dénature et trouble sa vraie valeur et sa fonction normale. Si Jésus a vécu dans la chair sans commettre le péché c’est parce qu’il a parfaitement harmonisé les différents composants de son individualité sans en brimer ni en supprimer aucun. Il n’était pas un pur esprit,, il n’a pas vécu dans l’abstraction, il était vraiment homme, parfaitement équilibré, sachant se réjouir avec les siens et partager la joie des autres aussi bien que leurs peines, connaissant à fond son métier et se servant avec adresse de ses outils et capable également de communiquer à ses auditeurs le souffle d’une grande élévation spirituelle en même temps que les arguments d’une intelligence éclairée.
Le péché est tout e qui trouble et transgresse les lois d’ordre, d’harmonie et d’équilibre qui sont la noblesse et la beauté de l’être humain. Ce qui déshonore Dieu c’est ce qui déshonore l’homme et Jésus a parfaitement honoré Dieu pare qu’il a été parfaitement homme.

L’homme moral

Il commence par naître dans une habitation matérielle, son corps physique. On peut dire que le nouveau-né est matériellement conscient de son existence en ce qu’il réagit à la faim et à la souffrance. Toute son éducation devra consister à l’aider à prendre conscience qu’il est aussi et essentiellement une pensée.
Si la chair est en mesure de pressentir les réalités matérielles, elle reste cependant sourde et aveugle concernant les réalités spirituelles.
Mais il faut aussi parler de cet autre élément fondamental et quelque peu mystérieux de l’individualité humaine qui est sa PERSONNALITÉ. C’est elle qui devra décider de l’orientation de la pensée soit pour se matérialiser et se figer dans des préoccupations uniquement matérielles et terrestres, soit pour s’élever et se spiritualiser au contact des vraies valeurs spirituelles.
Il est donc indispensable que la VOLONTÉ ente en jeu et décide si oui ou non elle permettra à la pensée de rechercher et de percevoir ce que Jésus a promis à tout homme : l’esprit de vérité. 
Ce que Jésus appelle la nouvelle naissance dans Jean 3.3 est précisément cette expérience de prendre plus ou moins conscience de cette réalité supérieure qui est celle de l’Esprit au travers duquel s’ouvre le monde divin, le royaume de Dieu.

La loi de l’Esprit est la loi de la liberté

Prendre conscience de cette présence divine apporte toujours, non seulement une grande joie, mais déclenche en même temps un processus de libération intérieure qu’il convient de favoriser par une saine et persévérante recherche des lois de l’esprit. Il n’y a rien là de compliqué quand on aspire simplement et sincèrement à mieux connaître Dieu et à aimer faire sa volonté.
On naît de l’Esprit comme on naît de la chair c'est-à-dire avec tout le dispositif qui détermine et entraîne la croissance et le développement de l’être vers la maturité. La loi de l’Esprit est un principe actif par lequel est assurée la croissance spirituelle à condition que nous ne lui fassions pas obstacle par notre libre volonté. C’est comme une loi de gravitation spirituelle qui nous attire même si nous sommes intellectuellement incapables de définir et de comprendre ce mystérieux phénomène.
C’est pourquoi celui qui aspire de tout son cœur à connaître Dieu dans une relation personnelle et directe sera attiré vers lui et viendra à bout de tous les obstacles possibles que l’ignorance ou le conformisme pourront dresser devant lui.
La liberté spirituelle est un DROIT SACRE pour tout individu et le rôle des éducateurs spirituels sera et devra toujours être de contribuer efficacement à cette libération.

Les rapports de la chair et de l’esprit

La religion a fait un mal terrible en s’opposant à la chair, en la mutilant ou el la mortifiant au lieu de travailler à la libération de la pensée et de l’esprit. Ce n’est pas d’être condamnée ou étouffée que la chair a besoin mais d’être AIDÉE et elle ne peut l’être que par ce qui lui est SUPÉRIEUR c'est-à-dire l’ESPRIT. C’est en éduquant l’esprit dans la sincérité et l’amour de la vérité qu’on libère la chair de ses handicaps pour accomplir la volonté de Dieu.
La chair livrée à elle-même ou brimée par une morale de pure forme ne peut que ressentir douloureusement son incapacité de vivre selon la justice et la sainteté de Dieu. Elle a été crée pour servir de véhicule matériel à l’Esprit et, comme véhicule, elle a besoin d’un conducteur et celui-ci, comme tout conducteur, a besoin d’apprendre à conduire. C’est ce qui justifie amplement l’éducation spirituelle et la connaissance du vrai code de la vie qui permet d’atteindre le but en toute sécurité.
Ce code ne peut être un dogme rigide ou une doctrine purement intellectuelle. Il est avant tout la présence réelle d’une parcelle d’Esprit divin par laquelle Dieu est à nos côtés et au-dedans de nous pour nous communiquer la compréhension spirituelle et l’amour de sa volonté.
Si la naissance d’esprit peut être soudaine, il ne faut pas s’imaginer qu’il en est ainsi pour le perfectionnement spirituel. Celui-ci demande du temps, de la persévérance et la formation d’une expérience qui met à profit justement toutes les vicissitudes et les imprévus de l’existence terrestre.

La supériorité qualitative de l’Esprit

On pourrait facilement objecter que la vie matérielle est trop absorbante pour permettre une culture suffisante de la vie spirituelle. Combien de fois n’a-t-on pas entendu les gens dire qu’ils n’avaient pas de temps pour consacrer un moment à Dieu ! Mais il n’y a que celui qui VEUT qui peut trouver le temps nécessaire et celui-là se rendra vite compte que le simple fait de son évolution spirituelle le rend plus sage et plus éclairé et qu’en définitive il évite beaucoup de perte de temps par une meilleure conduite de ses affaires matérielles.
Une tradition digne de foi nous rapporte que Jésus a dû, très tôt, prendre l’entière responsabilité morale et matérielle de sa famille à cause de la mort prématurée de son père. Cette éventualité est parfaitement acceptable quand on considère la mission terrestre de Jésus qui était de nous montrer un exemple en toute chose. Quoiqu’il en soit, il a su intégrer dans ses obligations sociales et familiales les énergies vivifiantes de l’Esprit.
Quand, vers l’âge de trente ans, il a dû se consacrer uniquement à sa mission spirituelle, il a prouvé que ces années ne furent pas perdues pour sa formation humaine parce que ses préoccupations spirituelles avaient toujours été prédominantes. Les trois années qu’il passa ensuite à proclamer son message et qui ne représentaient que le dixième de son existence ont, par leur qualité spirituelle, d’incalculables conséquences pour la vie matérielle de l’humanité sans parler des perspectives infinies ouvertes à l’esprit de l’homme.
Il en est ainsi pour ceux qui savent trouver une place dans leur vie pour les valeurs spirituelles ; même leur vie matérielle peut s’en trouver profondément et modifiées de façon bénéfique. « Un jour dans tes parvis vaut mieux que mille ailleurs » dit le Psaume 84.11.

Les qualités prédominantes de l’Esprit

Il ne faut pas confondre avec la brillance orgueilleuse et ostentatoire de quelques humains fiers de leurs talents. TOUT HOMME peut être pourvu de qualités spirituelles et il l’est incontestablement quand il fait preuve de bonté, de fidélité, de vérité, de miséricorde et de justice en exprimant sa joie de connaître et de faire la volonté de Dieu.
C’est précisément en cela que la chair trouve sa vraie place et sa vraie fonction ; quand elle est le moyen matériel d’exprimer ces divines qualités.
S’affectionner uniquement aux choses de l’Esprit c’est se placer sous le pouvoir d’une énergie indépendante du temps et des limitations matérielles parce qu’éternellement progressive. C’est vraiment une puissance d’espérance et de vie. Les limitations temporelles de la chair ne pourront jamais empêcher la croissance éternelle de la vie spirituelle.
S’affectionner aux choses de l’Esprit ne veut pas dire lutter contre la chair mais apprendre à s’en servir pour accomplir la volonté de Dieu et exprimer les qualités supérieures de la loi de l’Esprit. Dans les Proverbes 19.10 et 30.21, il est montré que l’esclave n’a pas la capacité de prendre la place du prince et qu’autrement il en résulte du désordre et du malheur.
L’Esprit est prince et quand il apprend à garder sa place et assume ses responsabilités, tout le reste se range sous son autorité et l’homme est ainsi armé pour assurer la maîtrise de son royaume intérieur et l’ordre de sa vie matérielle.

Le rôle de l’Esprit de Dieu

Dieu étant esprit, il ne peut se satisfaire que de l’élévation spirituelle de sa créature à sa ressemblance. Notre expérience humaine nous monte combien les valeurs immatérielles sont de première importance dans la vie : on se passe plus facilement de pain que de tendresse et l’homme le plus riche de la terre ne saurait être heureux s’il est privé d’affection.
Aimer Dieu est plus que seulement croire à son existence. C’est s’attacher à lui pour être spirituellement enseigné et éduqué et c’est se préparer à recevoir un jour dans l’univers céleste un corps nouveau et infiniment plus perfectionné et adapté pour exprimer de plus en plus les qualités illimitées de la nature divine.
C’est pourquoi la question de la vie de l’Esprit est liée à une promesse de résurrection car il est impossible que finissent ou s’éteignent un jour les valeurs spirituelles qui commencent à s’acquérir dans l’existence matérielle présente.
L’Esprit de Dieu en nous est vraiment le germe d’une nouvelle vie et nous faisons bien de ne négliger aucune occasion de l’entretenir et de la nourrir convenablement et régulièrement par tous les moyens mis à notre portée et que nous aurons toujours la liberté de refuser ou d’accepter.
A celui qui VEUT, dit Jésus, je donnerai de l’EAU VIVE et il n’aura plus jamais soif;

Samuel GUILHOT 28/ 09/ 1969

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