samedi 24 novembre 2012

Le scandale de la croix


Lecture : Luc 23/ 35 à 49

Il aurait été très difficile aux gens du temps de Jésus d’imaginer les temps que nous vivons et, de même, nous aurons toujours de la difficulté à nous représenter vraiment ce que fut pour eux leur époque. Si leur comportement nous paraît parfois étrange c’est qu’ils ne pouvaient réagir comme nous devant un événement dont ils ignoraient totalement la suite. Grâce à cette histoire qui est maintenant derrière nous, il nous est permis de mieux comprendre cet événement. Nous avons donc l’avantage d’être mieux éclairés et de profiter de la leçon qu’on peut en tirer pour balayer résolument nos craintes et nos anxiétés.

L’incompréhensible croix

Pour beaucoup de gens, la croix est devenue comme un fétiche, un objet sacré et miraculeux ou une relique magique, tandis que d’autres, considérant qu’elle peut être une idole, en refusant même la signification symbolique. En réalité, la croix n’est qu’un morceau de bois d’une forme particulière, un signe matériel qui nous rappelle un fait historique et c’est CE fait là qui est important.
Cependant, si elle est un symbole pour nous, sa signification était toute différente dans l’esprit des gens du temps de Jésus. Elle n’était qu’un très vulgaire instrument de torture, un signe déconcertant d’échec et de mort lamentable.
Pour les Juifs, comme pour beaucoup d’autres hommes, une telle fin était de l’eau au moulin du doute et une obscurité supplémentaire sur la personnalité de Jésus. C’était pour eux une preuve certaine qu’il n’était pas le Messie attendu.
Et encore, Jésus n’avait pas tout dit des enseignements, en tout cas, pas ce que nous savons maintenant : c’est que de nombreux siècles s’écouleraient sans que se réalise ce qu’il avait annoncé concernant son règne. Il y a bien eu le fait de sa résurrection mais son apparition est restée limitée à ceux qui avaient pour lui une réelle affection.
Même pour ceux là, il n’a pu faire toute la lumière sur les évènements qui devaient suivre à cause de leur inaptitude à comprendre le plan de Dieu.
L’histoire telle qu’elle s’est déroulée par la suite était vraiment inconcevable pour eux. Quant aux croyants d’aujourd’hui, ils n’ont toujours pas l’air d’avoir compris la leçon qui consiste à comprendre que parce que Dieu est Dieu, il agit sur un plan d’éternité et d’absolu qui ira toujours au-delà des limites de la raison. Nos perceptions mentales sont limitées, bornées et étroites et, sans l’apport de la Révélation spirituelle, il est impossible de concevoir la pensée divine.

La foule regardait le crucifié

Il y avait différentes catégories de gens et tous étaient comme un échantillon de l’humanité entière. Il y avait des gens instruits, des ignorants, des pauvres, des gens honnêtes et des brigands. Tous regardaient et ne comprenaient pas parce qu’ils en étaient incapables et aussi peut-être parce qu’ils croyaient comprendre. Certains se moquaient parce que cela ne concordait pas avec leur raison et d’autres se frappaient la poitrine parce que cela allait contre leurs sentiments.
N’est ce pas ainsi que nous sommes tentés de faire quand nous regardons les choses avec nos seuls yeux terrestres ?
Ne laissons pas nos pensées s’obscurcir quand il advient que les circonstances ne sont pas ce que nous avions souhaité. Restons plutôt confiants dans le fait que Dieu EST amour et que rien ne saurait par conséquent finir autrement qu’en bien. Le temps qui peut s’écouler jusqu’à l’accomplissement de ce bien ne fait que contribuer à un MEILLEUR bien. Cette vérité ne s’apprend QUE dans l’expérience. Ce n’est ni un dogme, ni un catéchisme qui peuvent vraiment nous l’enseigner mais SEULEMENT l’expérience vécue.
On ne met pas sa confiance en Dieu parce qu’on le mérite mais parce qu’on en a besoin et que c’est le seul moyen de découvrir qu’on peut avoir confiance en Lui.

Les magistrats

Bien qu’ils représentent l’élite intellectuelle et religieuse de leur temps, ils ne peuvent se départir d’une attitude qui leur paraît la seule logique et raisonnable. Ils ne conçoivent pas qu’un Fils de Dieu ne manifeste pas ouvertement son pouvoir et son titre par une démonstration évidente de supériorité en évitant un pareil échec. Il semble que pour eux la supériorité ne soit uniquement qu’une question physique : « qu’il descende de la croix s’il est le Fils de Dieu » disent-ils.
Cependant, même en l’absence de réussite matérielle, la vie d’un homme peut être un succès et elle est un succès précisément quand celle-ci est devenue pour lui l’occasion d’expérimenter et de réaliser qu’elle n’est qu’un commencement et une préparation à une vie supérieure. L’intelligence et la logique NE SUFFISENT PAS à démontrer la réalité d’un monde supérieur d’existence et ne peuvent donc reconnaître les voies qui y mènent.
Cependant, nous pouvons intelligemment et logiquement nous soumettre à L’EXPERIENCE de la confiance en Dieu par laquelle s’éveillent nos facultés spirituelles seules capables de percevoir la réalité divine. Cette confiance s’élève d’autant plus en valeur et en résultat qu’elle doit surmonter victorieusement les contradictions et les déceptions momentanées de l’existence terrestre. Il n’y a pas de honte, pour un homme intelligent, à se confier en Dieu, c’est la seule manière pour lui de comprendre l’inexplicable.

Les soldats

Ceux-là ne sont pas instruits comme les premiers mais, comme eux, ils se moquent de Jésus. L’exemple est facile à suivre dans ce cas. Ils ont aussi leur logique, peut-être moins calculée et moins sournoise mais tout aussi pauvre et dépourvue de sens spirituel. Leur pensée matérielle ne voit dans un titre que l’avantage matériel qu’on peut en tirer. Si Jésus a l’autorité d’un roi, il peut donc se sauver lui-même. Une victoire immédiate sur l’adversité est la seule chose qui puisse satisfaire leur courte vision.
Il n’y a pas de honte à être un ignorant quand on n’a pas eu l’avantage ou la possibilité de s’instruire mais un homme gagnera toujours en intelligence et en équilibre mental en se laissant instruire par L’EXPERIENCE de la CONFIANCE en Dieu. L’absence de culture ne pourra jamais empêcher quelqu’un de développer ses facultés spirituelles pas lesquelles il pourra SAVOIR avec certitude que les voies de Dieu aboutissent toujours finalement à ce qu’il y a de mieux pour l’homme.
Paul écrivait à ses amis déconcertés par ses tribulations et son emprisonnement que ces choses étaient leur gloire (Ephésiens 3.13). Il les encourageait en leur montrant que les circonstances lui permettaient ainsi de démontrer la valeur indestructible des vérités spirituelles qu’il leur annonçait. On douterait facilement d’une chose qui n’aurait jamais été éprouvée mais on a confiance en ce qui a fait ses preuves DANS l’épreuve.

Le brigand

Pour lui, il ne comprend que ce qui est en rapport direct avec le bien-être physique. La puissance consiste pour lui à échapper à toute souffrance qu’elle soit méritée ou non. Il n’admet pas la souffrance et encore moins sa nécessité. Il ne voit que l’aspect physique du salut. Il a la religion de l’épiderme et ne conçoit pas celle de l’Esprit.
Beaucoup de gens, même chrétiens, lui ressemblent un peu parfois. Ils ne voient la bonté de Dieu que par l’absence ou l’exemption de toute souffrance. Il est vrai qu’il est parfois difficile d’admettre certaines souffrances, surtout quand elles concernent des innocents. Mais ce n’est pas avec une logique ordinaire qu’on peut traiter de ce problème.
Il y a d’abord le fait que cette souffrance a presque toujours des causes matérielles aggravées par l’imprévoyance ou l’égoïsme humain ainsi que l’inaptitude mentale et spirituelle pour les affronter. Il est clair que cela Dieu ne le veut pas et qu’il n’en est pas la cause. Par contre, il est aussi clair et certain que non seulement la souffrance est mieux surmontée par la CONFIANCE en Dieu mais qu’elle devient aussi, en même temps, une EXPERIENCE dont le bénéfice va bien au-delà de la perte apparente ou momentanée.
Il ne faut en effet jamais oublier, et c’est un fait d’expérience pour tout le monde, que tout est momentané et transitoire sur la terre, y compris la vie physique, comme la souffrance des innocents.
Il n’y a que la BONTE qui subsiste éternellement parce que Dieu est Bonté et, à cause de cela, vérité et justice prévaudront infailliblement. Cependant, il restera toujours vrai que, sur la terre, la CONFIANCE persévérante en la Bonté de Dieu évitera et supprimera beaucoup de causes de souffrance. Et c’est par là toujours qu’il faut commencer pour trouver un commencement de réponse à ce grave problème de la souffrance.

Jésus

Dans toute cette affaire, il faut considérer le comportement de Jésus qui justifie à lui seul cet incompréhensible évènement. La croix peut représenter beaucoup de choses dans la théologie chrétienne sur lesquelles les gens sont plus ou moins d’accord. Il est en tout cas une chose incontestable, et elle est essentielle, c’est que le spectacle de la croix est un témoignage sublime rendu à la Bonté de Dieu puisque cette épreuve n’a pas réussi à ébranler la confiance de Jésus.
Une expression comme celle-ci : « prendre notre place avec Jésus sur la croix » devient d’une actualité saisissante et prend un sens bien pratique si cela consiste à rester coûte que coûte confiant et patient en croyant en la bonté de Dieu.
Encore une fois, ce n’est pas une question de catéchisme mais d’expérience à la portée de tout le monde. C’est en lui faisant confiance qu’on apprend à connaître Dieu, pas autrement. La confiance en Dieu n’est pas de la naïveté mais un mouvement volontaire et éclairé du cœur et de l’esprit vers une source ouverte à tous, même à celui qui n’a jamais entendu parler de Dieu et qui ne sait pas comment il se nomme. Le nourrisson ne se tourne-t-il pas instinctivement vers sa mère avant même de la connaître ? Et il la connaîtra PARCE QU’il s’est tourné vers elle et s’en est nourri.

L’autre brigand

Cet homme essaie bien d’expliquer à son compagnon que leurs souffrances sont méritées et il les accepte comme justes et inévitables.
Cependant il faut remarquer que Jésus n’a fait aucun reproche à ces hommes coupables. Il ne les juge pas, ni ne les condamne, mais il leur donne un exemple qui est pour eux l’annonce d’une vie nouvelle dont le fondement est la CONFIANCE en Dieu.
Il n’est JAMAIS TROP TARD pour faire confiance parce que c’est TOUJOURS le moment de se tourner vers Dieu en se confiant en LUI. Le PARADIS commence là.
Ce brigand se repent parce qu’il tourne sa pensée vers Dieu. Il ne peut pas faire autre chose mais c’est celle-là justement qu’il faut faire. Les lamentations et les remords ne sont jamais la repentance et c’est souvent une affaire de tempérament ou de sentiment. Seul le sentiment de direction dans la pensée d’un homme peut entraîner pour lui une réelle transformation et la seule direction vraie POUR TOUT LE MONDE est cette expérience de confiance en la bonté de Dieu.
C’est cela la Foi qui sauve. C’est cela qui introduit directement ce brigand dans le Paradis. Ce Paradis n’est qu’une première étape et c’est pourquoi Jésus lui déclare « tu seras avec moi dans le Paradis ».
Mais Jésus est allé plus loin que le Paradis. Il est monté au dessus de TOUS les CIEUX nous dit l’Ecriture. Le brigand a encore beaucoup à apprendre et à comprendre, il ne fait que commencer une nouvelle vie mais le chemin lui est ouvert et c’est un chemin d’éternelle progression.
Pouvons-nous mettre une limite à la Bonté de Dieu ? Logiquement non. Alors ne nous limitons pas dans notre EXPERIENCE actuellement de Sa BONTE.
Soyons TOUJOURS persévérants et patients avec RECONNAISSANCE (Philippiens 2/ 17 et 18)

Samuel GUILHOT 10/08/1969

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