samedi 24 novembre 2012

Le premier amour

Lecture : Apocalypse 1/ 1 à 7
Le fait marquant en ce début du livre est la majestueuse apparition du Seigneur dont la puissance rayonnante paraît comme un roc au milieu de la confusion générale résultant de la méconnaissance du caractère divin de la part du genre humain.
Ceux qui connaissent Dieu ne sont pas effrayés par le symbolisme de ce livre parce qu’ils savent que rien n’échappe au contrôle divin et que jamais Dieu n’a désiré le mal et la destruction pour sa créature. Il est temps de nous défaire des fausses idées qui nous encombrent et ternissent notre bonheur d’enfant de Dieu. Dieu contrôle tout, même la mort et le séjour des morts ce qui veut dire que son action ne se limite pas seulement à l’existence des hommes sur la terre. La mort ne peut donc briser aucun espoir.

Qui est la véritable Église

Dans le chapitre précédent, le Maître est en rapport avec SEPT églises et non avec une seule. Il est donc indéniable que nous avons là l’image de l’ensemble des églises de tous les temps en comprenant bien qu’une église n’est pas une confession particulière mais un ensemble de gens qui s’unissent pour chercher Dieu, pour l’adorer et le servir. Aucune d’elles ne peut prétendre détenir toute la vérité mais chacune s’efforce de marcher à la lumière de la part de vérité qu’elle est capable ou disposée de recevoir.
Comme un phare qui éclipse leur lumière particulière le Seigneur se tient au milieu d’elles. Toutes les communautés de croyants de tous les temps et de tous les lieux réunies ensemble seront toujours surpassées par l’éclat de Celui qui est l’essence même de la vérité.
Ce que le Seigneur a été sur la terre et ce qu’il a dit a concerné chaque individu en particulier et par conséquent une église n’est une église que dans la mesure ou chacun de ses membres connaît Dieu, l’aime et le sert de tout son cœur dans la sereine liberté de sa conscience éclairée par une authentique présence du Saint-Esprit.
Le mal qui cause la division des églises et les guerres de religion ne vient pas de l’interprétation particulière qu’on peut donner de la vérité mais tout simplement d’un manque d’obéissance au sommaire de la loi valable pour tous les temps et tous les peuples : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de toute ton âme et de toute ta force. Et ton prochain comme toi-même. » L’enseignement de Jésus n’a fait que reprendre cette loi fondamentale pour en faire une vivante démonstration et introduire l’homme dans de nouvelles relations avec Dieu en vue de perfectionner l’application de ce divin principe.

Une église n’a pas à défendre la vérité

Les guerres de religion ne sont que des prétextes pour défendre ses propres opinions et donner libre cours aux instincts guerriers de la nature animale. Jésus n’a jamais fait la guerre contre personne pour se défendre ou pour imposer son message.
Le seul moyen pour une église de proclamer la vérité c’est de la VIVRE. Ce n’est pas en brûlant des hérétiques qu’on défendra la vérité. Le rôle de la lumière est d’éclairer et non de brûler. Lorsque Paul donne ses instructions à Timothée concernant l’exercice de son ministère, il lui signifie que c’est avec douceur qu’il doit reprendre, censurer et exhorter EN INSTRUISANT toujours (2 Timothée 4.2). Le travail d’une vraie église est donc de donner l’exemple de la vérité VECUE dans le respect de la personnalité et de la liberté d’autrui. Une véritable fraternité humaine se fonde sur la découverte personnelle et vivante de l’amour de Dieu et non sur l’unique déclaration verbale d’une identité d’opinion.
Tous les enfants de Dieu qui aime sincèrement le Seigneur peuvent être assurés que Dieu les aime et que la preuve de cet amour divin est dans le fait qu’ils sont rendus capables d’aimer leur prochain. C’est surtout en cela qu’ils font la démonstration de la vérité.

L’activité créatrice

Au verset 20 du chapitre précédent, il est montré que c’est la main du Seigneur qui soutient les assemblées de croyants. Mais ce n’est pas une main morte ; elle est active et créatrice. Il est impossible à l’homme de sonder l’ensemble du cosmos physique et matériel, combien plus lorsqu’il s’agit de l’univers spirituel. Ce sera pour nous une éternel sujet d’étonnement de découvrir un jour dans les mondes supérieurs de la résurrection à quel point l’œuvre aimante et bienfaitrice de Dieu peut indéfiniment se répercuter de perfection en perfection, en dépit des aventures et des imprévus de notre voyage terrestre.
Parce que la main divine est toujours active et créatrice nous pouvons compter sur son aide et son soutien constant pour stimuler notre progression spirituelle. Ce qu’elle ne peut pas faire c’est de nous obliger contre notre volonté à y rester dedans. Elle ne le peut pas parce qu’elle ne le VEUT PAS.

Le reproche du Seigneur

L’amour de Dieu n’est pas faible ni arbitrairement indulgent. C’est un amour intelligent et prévoyant qui vise à façonner sa créature pour lui permettre d’accéder au rang de véritable fils de Dieu. Comme un vigneron compétent il sait émonder le sarment, freiner les croissances inutiles et favoriser la maturité du fruit.
De ce fruit l’église d'Éphèse avait été abondamment pourvue grâce aux bénédictions que le Seigneur lui avait accordées et à l’enseignement poussé qu’elle avait reçu de la part des serviteurs de Dieu tels que Paul.
Cette église était active, consacrée, fidèle à la doctrine évangélique, éloignée de tout compromis avec les principes païens et corrompus du monde, elle acceptait avec foi la souffrance que sa fidélité lui valait et elle donnait ainsi l’exemple magnifique d’une église bien vivante.
Mais le danger qui la guette est celui de tous les temps pour toutes les assemblées de croyants ; elle tend à oublier l’essentiel. Cette chose essentielle, le Seigneur la lui rappelle par ces mots : « Tu as abandonné ton PREMIER AMOUR ».

Qu’est-ce que le premier amour ?

On a pensé que ce pouvait être le zèle mais cette église était zélée et le Seigneur qui connaît ses œuvres le reconnaît bien. On peut croire aussi que c’est la consécration mais elle avait cela aussi. Il n’y avait rien à redire non plus sur sa fidélité doctrinale, le Seigneur connaît également sa droiture dans ce domaine. Ce n’est pas non plus son ardeur et sa hardiesse au témoignage car elle n’avait pas peur de souffrir pour le Seigneur.
Dieu n’est pas injuste et sait reconnaître ce qui est fait par sa créature pour honorer et glorifier son nom. Il ne l’oublie pas mais n’oublie pas non plus les fâcheuses tendances du cœur humain à négliger l’essentiel, à s’attacher aux effets plus qu’aux causes.
Jésus n’a jamais reproché à son peuple de manquer de zèle mais de manquer d’intelligence pour discerner la valeur fondamentale et la nature spirituelle des commandements divins. Il ne voulait pas que les enfants de son peuple deviennent les esclaves malheureux d’une divinité inaccessible et froide. Le commandement de l’amour était supérieur à tous les rites sacrés et les cérémonies imposantes. Jésus voulait aider l’homme à trouver un contact direct et sans intermédiaire avec Dieu et il donnait un encourageant exemple.
Jésus proclamait la vérité que celui qui le voyait, voyait le Père. Par sa nature et son caractère, il était à la ressemblance de Dieu et il est facile, en regardant vivre Jésus, d’imaginer ce que Dieu est pour nous.
Si Jésus a fait ce qu’il a fait c’est parce qu’il ressemblait à son Père.
Le premier amour est la chose principale et fondamentale. C’est la cause et la base de tout le reste. Un arbre peut être grand et fort et avoir de belles branches mais cela ne l’empêcherait pas de mourir s’il était séparé de sa racine. Le premier amour est donc ce qui, au début, avait tellement saisi le cœur et l’ambition des 
Le rôle du chandelier dans le sanctuaire est de mettre en évidence les beautés et perfections du lieu Saint. C’est précisément ce que faisait Jésus dans le Tabernacle de sa chair. Il était pleinement homme et tout son comportement mettait magnifiquement en relief les perfections et la beauté du caractère divin.
Ainsi le fondement d’une authentique vie chrétienne valable pour tous les temps et tous les lieux, sera toujours le sincère désir de ressembler au Seigneur. C’est ce que Paul appelait la voie par excellence, celle de l’amour, sans lequel les activités les plus zélées et les services les plus éminents perdent leur valeur et leur efficacité (1 Cor. 12.31). On ne peut vraiment aimer le Seigneur sans désirer lui ressembler. En général, celui qui aime désire s’identifier à ce qu’il aime et cela est une preuve d’amour sincère.
Dans la lettre que Paul écrit aux Éphésiens (5.1), il résume en quelques mots précis cette vérité et dit en substance : « Soyez donc les IMITATEURS de Dieu comme des enfants bien aimés et marchez dans l’amour, de même que le Christ nous a aimés et s’est livré lui-même à Dieu pour nous en offrande et en sacrifice comme un parfum de bonne odeur ».
Ce parfum de bonne odeur signifie que Dieu trouvait sa parfaite satisfaction dans le fait que Jésus reflétait pleinement sa nature divine, et ceci en n’importe quelle circonstance même jusqu’à la croix.

Les premières œuvres

Ce sont celles qui résultent obligatoirement de cette sainte ambition de lui ressembler. Il est impossible d’être sans fruit quand on s’enracine sur un tel terrain. C’est parce qu’on oublie cette base essentielle qu’on tombe dans le formalisme, l’intolérance, le légalisme, l’étroitesse et le rigorisme qui font fuir les gens ou les découragent en les empêchant de progresser dans le bien.
Nous voulons imiter Jésus dans ses œuvres sans prendre le temps de lui ressembler et d’acquérir son caractère de bonté, de miséricorde, de sagesse et d’intelligence spirituelle qui peut seul rendre efficace tout ce que nous pouvons faire pour lui. Notre zèle devient alors impatient et notre connaissance orgueilleuse et c’est pourquoi il convient de se repentir c’est-à-dire de changer de façon de penser pour s’ajuster plus exactement à ce que Dieu désire.

Le Paradis commence dans l’Église

C’est quand tous ses membres entretiennent dans leur pensée ce désir fondamental de ressembler au Maître selon l’exhortation de Jésus « il suffit au disciple d’être comme son Maître » (Mat. 10.24), que l’on commence à réaliser ce qu’est l’arbre de vie dans le Paradis de Dieu. C’est un fruit d’éternité, de vie éternelle pour que ceux qui s’en nourrissent ne puissent plus mourir. Ceux qui maintiennent soigneusement dans leur pensée une vision correcte de la volonté de Dieu remportent une victoire constante sur les éléments désagrégeants de la méfiance, de la suspicion, de la peur, et goûtent les savoureux fruits des contacts vraiment fraternels et confiants entre enfants de Dieu.
Le Paradis est le Paradis parce qu’il est un lieu où règne la confiance, l’affection, l’intelligence, la connaissance de Dieu. Même si, sur la terre, il est parfois difficile de trouver toujours une telle ambiance dans les assemblées religieuses, n’oublions pas cependant que ce Paradis commencera avec notre sincère désir d’apporter déjà nous-même ce que nous voulons trouver. Ce sera là notre victoire personnelle et notre récompense ne sera pas perdue parce qu’elle est éternelle.

Samuel GUILHOT 31/ 08/ 1969

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