lundi 10 septembre 2012

La maison spirituelle et la Pentecôte

Lectures : Actes 1/ 3-8 ; Matthieu 7/ 21 & 25/ 21.

La maison spirituelle c'est l'Église mais ce mot est interprété différemment suivant la catégorie religieuse à laquelle on appartient. On pense que cela ne concerne que le christianisme et on oublie qu'à l'origine l'église était ISRAEL puisque le mot Église signifie exac­tement ASSEMBLÉE. La Maison d'Israël était l'ensemble des juifs qui formaient une Assemblée. L'histoire de l'Église telle que les historiens l'ont écrite ne représente que le remous extérieur avec ses incidences politiques d'un évènement spirituel qui concernait essentiellement la nation juive. Jamais les disciples de Jésus n'auraient pu concevoir une histoire de l'Église en marge de leur propre peuple. La nation d'Israël était réellement appelée à devenir une Maison spirituelle et le message de Jésus établissait clairement le caractère du Royaume de Dieu qui était le règne de l'Esprit sur tous les membres de la communauté.
Voici les paroles que Moïse prononça au pied du Sinaï en s'adressant à la Maison de Jacob : « Maintenant si vous écoutez ma voix et si vous gardez mon alliance vous m'appartiendrez entre tous les peuples car toute la terre est à moi ; vous serez pour moi un Royaume de prêtres et une nation sainte ». Le mot « prêtre » ou « sacrificateur » signifie littéralement « se tenir à la disposition du roi pour exécuter ses ordres ». L'ordre de Dieu et son plan originel était que la Révélation de son Nom soit portée par Israël à la connaissance de TOUTES les nations. Israël devait devenir « l'Église », Une, Sainte, Apostolique et Universelle (Exode19). Le règne de l'Esprit. que les prophètes avaient annoncé devait avoir pour conséquence une extraordinaire élévation morale des cadres dirigeants et une profonde purification des coeurs dans toutes les couches de la société. L'asservissement aux formes extérieures des traditions religieuses aurait fait place à la joyeuse et libre obéissance dans une totale liberté d'ex­pression ; la contrainte, l'intolérance et l'orgueilleuse vanité des moralisateurs auraient été changées en compréhension miséricordieuse et en victoire de l'amour patient et persévérant. Les juifs seraient devenus le peuple missionnaire, la nation sainte et Jérusalem une MAISON de PRIÈRE pour TOUTES les NATIONS. (Esaïe 56/ 7)

Les vérités du Royaume de Dieu n'ayant pas été acceptées par la majorité des dirigeants offi­ciels de la nation mais seulement par un ensemble d'individus, ceux-ci ont dû se disperser chez tous les autres peuples et y porter le message de la Bonne Nouvelle. C'est alors que se sont formées les communautés religieuses qu'on a appelé « chrétiennes » et qui sont devenues les églises. Certaines sont devenues missionnaires au sens strictement spirituel mais la plupart ont glissé dans la même erreur que la nation d'Israël : elles ont voulu former un Royaume matériel et terrestre et ont ambitionné la domination du monde. De même que la nation d'Israël s'épuisait en luttes intestines dans de sanglantes rivalités politico-religieuses (ce qui a été la cause de sa disparition nationale) ainsi les églises chrétiennes ont souvent donné le triste spectacle que l'on sait. Les églises et les dénominations se combattent quand elles se croient les dépositaires exclusifs de la vérité en figeant celle-ci dans des formulations doctrinales et dogmatiques au lieu de vivre cette vérité, en faisant la preuve de son authenticité par l'efficacité de son message pour transformer et libérer spirituellement les individus. C'est une aberration de s'opposer à la guérison d'un homme par respect du sabbat et c'est non moins une aberration et un scandale d'avoir plus de considération pour un partisan de l'infaillibi­lité des Écritures, par exemple, que pour celui qui s'applique sincèrement et de tout son coeur à faire la volonté de Dieu que ces mêmes écritures révèlent. On fonde la fraternité des enfants de Dieu sur les bases purement théoriques de leur commune confession de foi plutôt que sur la réalité de leur amour pour Dieu. On excommuniera ou on persécutera un membre de la commu­nauté s'il n'exprime plus sa foi de la même manière que la majorité sans tenir compte si cel­a a entraîné pour lui un accroissement de ses qualités morales et spirituelles. L'étiquette est devenue plus importante que le contenu. On traitera quelqu'un de renégat parce qu'il ne pratiquera plus les cérémonies traditionnelles même si sa foi est devenue plus pure, plus vivante, plus riche d'amour et de service désintéressé à la gloire de Dieu. On croit avoir la vraie religion et on reste incapable de pardonner, d'avoir de la miséricorde, de la douceur, de la patience, et d'aimer son prochain comme soi-même. Jésus avait approuvé un scribe juif qui lui disait : « Bon Maître, tu as dit avec vérité que Dieu est Unique et qu'il n'y en a point d'au­tre que Lui, et que l'aimer de tout son coeur, de toute sa pensée, de toute son âme et de toute sa force et aimer son prochain comme soi-même c'est PLUS QUE TOUS LES HOLOCAUSTES ET TOUS LES SACRIFICES. (Marc 12/ 33)

La proclamation de la Bonne Nouvelle n'est ni un embrigadement ni un endoctrinement mais l'invitation à une expérience vivante de la réalité bienfaisante et libératrice de la puissance de Dieu. Le détenteur d'une saine doctrine ne cherche jamais à l'imposer mais il commence par faire la démonstration dans sa propre vie que le Royaume de Dieu est réellement justice, paix et joie. Les disciples ont prêché cette Bonne Nouvelle du règne de l'Es­prit de Dieu dans le cœur des hommes et ils ont été persécutés parce qu'ils faisaient cela indépendamment des autorités officielles. On ne retenait pas le fait que leur message et leur action rendaient les croyants plus heureux, plus joyeux, plus purs et plus capables de servir Dieu avec amour, on voyait seulement qu'ils ne respectaient plus les formes exté­rieures traditionnelles. Ils étaient sortis des cadres étroits de l'obéissance par crainte du châtiment pour s'élancer dans la libre carrière de l'obéissance par amour. Jésus en qualité de Fils de l'homme avait fait la démonstration vivante de ce nouveau chemin de foi et avait donné la clef par laquelle désormais la Vérité pouvait être connue en disant à pro­pos des prédicateurs religieux : « C'est à leurs fruits que vous les reconnaîtrez ».

Dans la confusion qui peut résulter de la multiplicité des dénominations religieuses rete­nons toujours le divin principe que c'est à ses fruits qu'on reconnaît l'arbre.

L'époque actuelle est une époque de contestation à l'échelle planétaire, c'est le stade négatif d'une évolution qui remet en question toutes les valeurs sans toutefois rechercher celles qui sont vraies et éternelles. Seul le matérialisme pourra dégoûter les hommes du matérialisme et les libérations illusoires dégoûter du mensonge. L'humanité doit faire la douloureuse mais indispensable expérience d'une crise sans issue afin d'être mûre pour une Révélation universelle de l'Esprit. La Pentecôte est le signe avant coureur de cette irrup­tion spirituelle sur un monde spirituellement désintégré. Le jour de la Pentecôte fut mar­qué par l'intervention de cette Puissance spirituelle libératrice qui fit sortir les croyants de leur peur comme Moïse fit sortir Israël d’Égypte pour l'amener au pied du Sinaï où il fut enfin proclamé peuple libre. Un exemple moderne fut encore celui de la Pentecôte 1967 pour ce même peuple d'Israël.

Au temps de Moïse avait été instituée cette fête de Pentecôte pendant laquelle on apportait en offrande à l’Éternel des pains levés contrairement aux pains sans levain de la Pâque. Ces derniers symbolisaient la dure contrainte de la servitude tandis que les premiers étaient l'image d'une communauté libérée par une force intérieure et cachée : celle de l'Esprit. Il n'y a pas, à vrai dire, ici-bas, de dénomination religieuse quelconque qui soit réellement spirituelle et représentante authentique du Royaume de Dieu. Il n'y a que des individus qui peuvent faire, par la transformation de leur vie et de leur caractère, la preuve de cette Réalité. Une dénomination n'est spirituelle que dans la proportion des gens spirituels qui la composent. Une église ou une communauté ne fera jamais autorité par son ancienneté, ses édifices ou son argent ; elle ne le fera pas non plus uniquement par sa doctrine même si celle-ci est irréprochable. Ce qui fait autorité et prouve la vérité c'est la QUALITÉ SPIRITUELLE des individus et leur ressemblance avec les caractères divins tels que Jésus les a révélés en lui-même.

Jésus n'a jamais dit aux siens « on reconnaîtra que vous êtes mes disciples par la précision de vos formulations doctrinales » mais « à ceci on reconnaîtra que vous êtes mes disciples si vous avez de l'amour les uns pour les autres ». (Jean 13/ 35)

Il peut être bon et très utile d'essayer de définir la divinité par des formulations doctri­nales mais ce ne seront jamais que des balbutiements. La doctrine est une approche continuel­le et la Révélation est une progression constante. La Réforme est morte de n'avoir pas cons­tament progressé dans son élan réformateur. Le Christianisme officiel s'étouffa dans son dogmatisme et le judaïsme orthodoxe se suicide par son ritualisme sclérosé.

Le prophète Ézéchiel dans sa vision devait appeler l'Esprit pour qu'il souffle sur la grande armée de corps morts afin que ceux-ci vivent et se tiennent debout pour faire l’œuvre de Dieu. C'était la promesse d'un extraordinaire événement spirituel par lequel Israël redeviendra le peuple de rois et de sacrificateurs pour toutes les nations en proclamant la vraie liberté spirituelle par le règne de l'Esprit de Dieu dans chaque âme, dans chaque cœur et dans chaque pensée. Ce sera la réintégration spirituelle du monde, le monde nouveau où la justice habitera parce qu'elle prévaudra dans chaque individu.

Le « bon et fidèle serviteur » qui sera reçu dans le ciel avec acclamations ne sera pas celui qui aura le mieux défendu sa dénomination ou formulé le plus correctement des doctrines sur la Personne de Dieu mais celui qui aura accompli de tout son coeur et avec amour la volonté de Dieu en produisant les bons fruits de patience, de pardon, de persévérance et toutes les qualités morales qui auront fait de lui un vrai fils de Dieu.

Samuel GUILHOT

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