vendredi 9 décembre 2011

Le culte raisonnable

Lectures bibliques : Esaïe 1/ 10-20 ; 2/ 1-5 ; Romains 12/ 1-2 .

Lorsque Moïse reçut de l’Éternel l'ordre d'établir un rituel précis et détaillé pour les différents sacrifices, offrandes et cérémoniels englobant la vie religieuse d’Israël, il ne fit que démontrer la condescendance de Dieu qui prend les hommes au niveau où ils se trouvent pour les élever progressivement à une compréhension de plus en plus claire de sa divine personnalité. La nécessité de tout ce système symbolique n'était pas absolu mais il convenait momentanément à l'état d'esprit et à la mentalité d'alors. Il ne faut pas oublier que les sacrifices d'animaux et offrandes de diverse nature étaient pratiqués chez de nombreux peuples de l'antiquité comme ils le sont encore par certains aujourd'hui. La raison de ces pratiques peut se résumer en deux mots : apaiser la divinité ou se la rendre favorable.
Ces sacrifices étaient loin d'être toujours une expression d'amour ou de fidélité mais ils étaient surtout motivés par le besoin de se sentir en sécurité et d'être protégé. Leur valeur morale était toute relative et dépendait beaucoup de l'idée basse ou élevée qu'on se faisait de la divinité. Les hébreux sortant d’Égypte n'avaient pas échappé aux multiples influences des cultes païens et Moïse aura la très lourde tâche de leur éducation spirituelle.
Le rituel mosaïque marquera un indéniable progrès sur tous les autres en ce que sa précision et sa distribution attirera inévitablement l'attention sur deux faits : la JUSTICE et la MISÉRICORDE de Dieu. Ces deux qualités à jamais inséparables faisaient souvent complètement défaut chez tous les systèmes cultuels.

La raison profonde de ces pratiques religieuses des Hébreux était d'entraîner le peuple à une meilleure compréhension de la nature divine, de son amour et de sa juste miséricorde de telle sorte que l'ouverture de leur entendement humain et de leur discernement spirituel aboutirait finalement à l'inutilité de ce rituel. Une telle règlementation devait normalement être provisoire et constituer un apprentissage de la liberté. Voir à cet égard : Galates 3/ 23 à 4/ 7.
C'était comme la coquille protégeant la formation du poussin et rejetée ensuite pour libérer la vie. La coquille, bien que nécessaire à la vie pour un temps, devenait obstacle à la vie à un certain moment.
Les peuples chrétiens ne font pas de sacrifices comme en faisaient ces peuples mais, comme eux, ils s'enlisent bien souvent dans de multiples dogmes ou doctrines où la vie spirituelle végète et s'étouffe au lieu de comprendre que ce ne sont que les symboles et les représentations d'une Réalité que chacun doit découvrir personnellement.
Ce qui distingue l'homme de l'animal c'est qu'il est intelligent et doué d'esprit. Cela signifie qu'il PEUT et DOIT vouloir comprendre la signification des choses et discerner leur valeur spirituelle. Prenons par exemple le cas du baptême et de la communion. Ce sont des pratiques généralisées dans l'église chrétienne mais que représentent-elles dans l'esprit de la majorité ? Un geste plus ou moins magique, un apaisement de la conscience religieuse, la. recherche inavouée d'une vague protection contre les incertitudes de la destinée. Combien sont-ils ceux qui cherchent à dépasser le symbole par une expérience sincère, profonde et personnelle de la justice et de la miséricorde divine ?
Le monde non religieux n'est pas moins esclave de ses dogmes sociaux et de tout ce qui est conventionnel et mondain. On peut même avoir la forme de la piété et en renier ce qui en fait la force. Voir 2 Timothée 3/ 5.
Ce qui fait précisément la force et l'équilibre de la vie religieuse c'est la sincérité accompagnée de la compréhension intelligente des enseignements divins et du discernement des valeurs spirituelles qui nous permettent de faire avec joie la volonté de Dieu.
Le malaise qui a souvent secoué le monde chrétien vient toujours du souci exagéré de maintenir à tout prix les formulations traditionnelles de la vérité, même au détriment parfois de la justice et de la miséricorde et, en même temps, des tentatives malencontreuses de certains milieux de s'en affranchir sans vision réelle et spirituelle de la volonté de Dieu.
Nous pouvons dire d'une façon simple que la nature de l'homme est un composé de trois facteurs : il est terrestre-animal-physique / humain-mental-intellectuel / divin-spirituel-céleste.
- En tant qu'animal, il a besoin d'être encadré et contrôlé par une loi.
- En tant qu'humain, il peut (et doit) être instruit de la signification de cette loi.
- En tant que divin, il est en mesure d'être éclairé sur le but de cette loi.

Autrement dit, d'esclave il doit devenir disciple et de disciple atteindre la maturité de fils de Dieu. Ce qui est le premier est animal (1 Corinthiens 15/ 46-49) et ce qui vient ensuite est spirituel.
Mais ce qui se place entre les deux comme un pont reliant ces deux notions est ce qui est humain, mental ou intellectuel c'est-à-dire ce qui est capable de choix conscient et de volonté libre. Sans ce choix libre et volontaire il est impossible de progresser.
Le culte raisonnable est raisonnable parce qu'il implique notre liberté de choix et un mouve­ment de notre volonté. Les routines religieuses sans signification pour l'esprit sont des étouffoirs de la personnalité.
Les cultes formalistes ne déterminent pas et ne stimulent pas à l'adoration spontanée et sincère. Le culte rendu à Dieu sans contrainte, intelligemment, sincère­ment, avec un esprit éclairé par le discernement de la vérité sera toujours un culte qui rendra l'adorateur meilleur et le façonnera progressivement à l'image de Dieu. Il est raisonnable et absolument logique qu'il en soit ainsi.
Si Dieu manifeste son dégoût pour les sacrifices faits en son honneur et les rejette, c'est parce qu'ils n'avaient pas été intelligemment compris et que les hommes n'en discernaient pas les valeurs spirituelles de justice et de miséricorde divine. Eux qui devaient symboliser pour les hommes l'accès possible à la vie par le pardon et 1a miséricorde, devenaient inutilement un obstacle à la vie. Voir Michée 6/ 6-8.
Le ministère de Jésus au milieu de son peuple tendait constamment à éveiller l'esprit des hommes aux pures valeurs spirituelles qui devaient faire d'eux des hommes libres de tout esclavage religieux et affranchis des servitudes du formalisme.
Prenons par exemple le pardon de Dieu qui était d'une si grande et si fondamentale valeur. Les sacrifices étaient amplement significatifs à ce sujet car ils donnaient au pécheur non seulement la possibilité d'exprimer une sincère repentance mais aussi et surtout l'assurance que Dieu était attentif à sa requête et prêt à lui accorder secours et délivrance. Ce n'était pas le sacrifice en lui-même qui pouvait sauver l'homme mais la FOI de celui qui l'offrait. On pourrait en dire autant du baptême. La signification d'une chose est plus que la chose elle-même comme le sens d 'un mot est plus que le mot.
Le pardon, malheureusement, n'était le plus souvent compris que comme un moyen d'échapper à la "colère de Dieu" et non comme la possibilité de devenir meilleur.
Jésus a annoncé le pardon miséricordieux et gratuit qui s'obtient par la Foi mais en lui donnant une signification qui intéresse aussi bien celui qui est au début de l'expérience religieuse que celui qui est plus avancé. Le pardon de Dieu n'est pas une chose théorique, dogmatique ou simplement doctrinale dans ce sens qu'il suffit simplement de croire intellectuellement ce qui est écrit. C'est une chose que l'on reçoit dans une expérience spirituelle c'est à-dire qui est suivie d'une démonstration pratique. Cette démonstration est le fait de se ranger délibérément, volontairement, intelligemment et spontanément du côté de la volonté de Dieu.
Etre pardonné et se savoir pardonné, donc aimé de Dieu, n'est pas un fait sentimental mais le fait de vouloir de tout son coeur ce que Dieu veut : que nous soyons à l'image de son Fils.
Ainsi, comprendre la signification du pardon c'est savoir qu'il est le don d'une nouvelle énergie spirituelle gracieusement donnée par Dieu et discerner sa valeur spirituelle. C'est y voir 1a possibilité de devenir semblable à Jésus le Fils de Dieu afin d'être, comme lui, un fils de Dieu.
Le culte raisonnable est celui qui libère de nos craintes, qui établit en nous un climat de confiance profonde et nous communique les énergies de l'Esprit qui nous rendent de plus en plus aptes à ressembler au Fils de Dieu.
Dans ces conditions les symboles deviennent de moins en moins utiles car nous saisissons enfin la. Divine Réalité.
Samuel GUILHOT le 8/12/1968

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