Lectures : Exode 25/ 31 à 40 ; Jean 8/ 12
Tout
le monde sait que le chandelier à 7 branches constitue pour les
juifs, religieux ou non, et pour la nation d'Israël un souvenir de
leur histoire, un emblème pour le présent et une promesse pour
l'avenir.
Il
revêt en effet une signification profonde et un sens à la fois
évident et caché. Le modèle en avait été communiqué à Moïse
par révélation et il en fit exécuter un exemplaire pour éclairer
l'intérieur du sanctuaire. Ce chandelier était une pièce
essentielle du sanctuaire car il était impossible d'accomplir sans
lui le moindre service. C'est lui qui portait la lumière et la
lumière a toujours été le PRINCIPE de toutes choses c'est-à-dire
non seulement le commencement de la création mais aussi le facteur
déterminant de sa raison d'être et de son perfectionnement. Même
si la science peut démontrer la constitution physique de la lumière
que nous pouvons voir et sentir on sera de plus en plus obligé de se
rendre compte de son ESSENCE SPIRITUELLE.
Il
ne s'agit pas simplement de voir clair avec ses yeux mais il faut
surtout que nous admettions la nécessité pour l'homme d'avoir son
esprit capable de percevoir les réalités autres que matérielles.
Ne cherchons pas ailleurs la cause des désarrois humains quels
qu'ils soient sinon dans l'aveuglement volontaire ou involontaire de
l'esprit concernant la connaissance des valeurs spirituelles.
Une
conscience éclairée par une saine compréhension des Ecritures fait
plus pour le bonheur de l'individu que toutes les valeurs matérielles
d'or et d'argent qu'il peut accumuler sur sa tête.
La fête des lumières
Les
juifs célèbrent chaque année au début de décembre cette fête en
souvenir de la purification du Temple par Judas Macchabée en 1645
av. J. C.. Le sanctuaire avait été profané par Antiochus Épiphane
et souillé de la plus honteuse manière. Lorsque les juifs en eurent
repris possession par une victoire sur les armées étrangères, ils
le réparèrent et remirent à leur place les divers ustensiles du
culte dont le chandelier sur lequel ils rallumèrent les lampes. Ce
fut un grand jour de joie et à l'entrée de toutes les maisons des
lumières furent allumées. C'est ainsi que fut instituée cette fête
des lumières qui, en hébreu, s'appelle HANUKKA.
Hanukka
vient d'un verbe qui signifie « instruire, initier ».
C'est donc bien un symbole du rétablissement de la loi puisque ce
mot en hébreu signifie « enseignement ». On appelait
aussi cette fête « fête de la Dédicace » ou de
« l'inauguration » et il en est question dans les
Évangiles.
L'idée
de la loi-enseignement est surtout celle qui INTRODUIT l'homme dans
une direction donnée en vue de lui permettre de s'avancer en toute
sécurité vers le but de son existence. C'est comme le phare qui
éclaire la route de la vie et libère des chaînes de l'obscurité.
Lorsque
Jésus déclare qu'Il est la LUMIERE du monde c'est parce que son
enseignement constitue le moyen le plus sûr et le plus direct
d'atteindre les niveaux les plus élevés d'épanouissement, de
liberté et de bonheur auxquels l'humanité toute entière peut
aspirer.
Le chandelier et Lucifer
Il
est utile de remarquer la similitude d'idée qu'évoquent ces deux
termes car le chandelier est fait pour porter la lumière et Lucifer
signifie « porte-lumière ». Ce nom a été attribué à
Satan parce qu'il fut dans le passé un être de lumière non
seulement physiquement mais intellectuellement et spirituellement.
Ce
nom ne se trouve pas tel que dans le texte biblique car c'est un mot
d'origine latine. Nous le trouvons sous la forme grecque rendu par
« phosphoros » dans « 2 Pierre 1/ 19 et qui est
traduite par « étoile du matin ». Ce mot grec a
exactement la même signification que « Lucifer ». Il est
parlé dans Ésaîe 14/ 12 du « fils de l'aurore » qui
tombe du ciel et Jésus avait dit un jour qu'il voyait Satan tomber
du ciel comme l'éclair.
Dans
ce même verset d'Ésaïe ce fils de l'aurore est aussi appelé
« astre brillant ». Cette expression se dit en hébreu
« élell », mot dont la racine est identique à celle
d'où le mot « alléluia » a été tiré. Il faut
signaler par ailleurs que, pendant la fête des lumières, c'est le
« Hallel » qui est chanté (Psaumes 113 à 118). Ce sont
des chants de louange et d'action de grâce et ceci nous permet de
comprendre le rôle important de la Lumière spirituelle qui est de
nous faire connaître Dieu et on ne peut pas faire autrement que de
louer Dieu quand on l'a trouvé. Une religion triste où manquent la
joie et la liberté est contraire à la Vérité.
Satan
est devenu le Prince des Ténèbres parce qu'il a trompé la création
et il a perdu ainsi sa qualité de « Porte-Lumière » qui
devait aider les créatures de Dieu à trouver la lumière
spirituelle et en aurait fait de vrais adorateurs du vrai Dieu. C'est
pourquoi Jésus a voulu prendre en main la destinée spirituelle des
hommes en s'abaissant vers eux et en mettant à leur portée les
enseignements par lesquels ils peuvent échapper à l'emprise des
ténèbres et retrouver la vraie joie des créatures de Dieu.
Dans
Apocalypse 22/ 16 Jésus se nomme à son tour « Étoile du
matin » car Il a vraiment apporté et porte en Lui-même TOUTE
la Lumière spirituelle par laquelle nous sommes sauvés des ténèbres
de la peur, de la superstition et de l'ignorance.
Il
est vraiment le Chandelier pur et sans faille sur lequel Dieu a pu
placer la pleine lumière de sa Révélation. Il est la lumière qui
éclairera un jour le monde entier lorsqu'Il établira son règne de
justice et manifestera visiblement sa qualité messianique.
Ce
qu'il ne faut pas oublier c'est que, dans l'expérience personnelle,
nous devons DESIRER la lumière de Dieu pour la recevoir. Cette
lumière nous éclaire progressivement DANS LA MESURE où nous
l'utilisons pour avancer. La Vraie Lumière vient directement de
l'Esprit de Dieu et nous fait connaître ce que la Raison à elle
seule ne pourrait jamais saisir.
Lorsque
notre religion est faite de morale et de devoir elle est asservie à
un réglementation rigide qui laisse peu de place à la joie et à la
louange. Lorsqu'elle est faite de Foi et d'Amour, elle est libre et
spontanée parce qu'il est plus facile de faire les choses quand on y
voit clair que de les faire dans l'obscurité et seulement sous la
dictée de toutes sortes de règles et de lois. Jésus apporte la
lumière parce qu'Il nous enseigne la nouvelle Religion de la Foi et
de l'Amour dans le service d'un Dieu aimant, compréhensif,
miséricordieux et parfaitement juste.
L'importance et la valeur spirituelle des formes du chandelier
Le
chandelier n'est pas simplement un objet matériel. Si la forme des
mots est importante pour pouvoir lire une pensée écrite avec des
lettres matérielles, il est également important que cet objet ait
une forme précise par laquelle s'exprime une pensée spirituelle que
nous voulons essayer de déchiffrer.
Il
est tout entier d'or pur et d'une seule pièce parce que la
Révélation divine ne vise pas moins que la perfection pour l'homme.
Pour cela, il l'assure d'une base solide et immuable représentée
par le pied ainsi que d'un but toujours plus élevé et aboutissant à
la plénitude spirituelle dans la lumière de l'Esprit et représenté
par la tige centrale du chandelier.
Sur
cette tige s'opère simultanément l'union et l'harmonisation des
divers plans de manifestation de l'être divin dans l'homme : trois
branches d'un côté et trois de l'autre. La religion spirituelle ne
dissocie pas l'individu mais l'unifie et l'équilibre sur les trois
niveaux de l'esprit, de l'âme et du corps (1Thessaloniciens 5/ 23).
C'est ainsi que la beauté est toujours alliée à la vérité et
qu'un vrai croyant se remarquera donc par la beauté de son caractère
et l'équilibre de son comportement. Il n'est pas nécessaire qu'il
en soit conscient pour que cela soit réel car ce qui importe pour
lui c'est de s'attacher à tout ce qui est propre à le faire
progresser dans cette voie.
Les sept lampes
Le
chiffre 7 est en lui-même significatif car il est le signe de la
nature divine dans la plénitude de sa manifestation, ce qui n'est
pas nécessairement intelligible pour nos pensées limitées. Disons
seulement que nous trouvons la trace de ce chiffre dans la
constitution de la matière (loi de Mendéléev) et, plus simplement,
en regardant notre tête : nous y trouvons en effet 7 ouvertures.
Puisque
la tête est la partie la plus noble de l'individu retenons cette
image en la transposant sur le plan spirituel. Avec la tête nous
pouvons goûter, sentir, entendre et voir.
N'importe
qui, s'il y met de la bonne volonté et se confie sincèrement en
Dieu, peut faire l'expérience de Sa Bonté et « goûter
combien l’Éternel est bon ». S'il persévère dans cette
expérience il pourra « sentir » en lui Sa Présence, il
en aura l'intuition et aura ainsi la certitude de Dieu. Cette
certitude intérieure de Dieu est nécessaire pour « entendre »
Sa Voix, c'est-à-dire pour comprendre sa Volonté, savoir ce qu'Il
veut. C'est alors que l'homme peut contempler la Lumière qui est en
lui et la « voir » par une foi intelligente et
expérimentée.
Le
chandelier est bien le symbole de la présence divine et
l'enseignement de Moïse allait bien au-delà du symbole matériel
qui n'était qu'une première étape pour amener la pensée
matérielle des hommes sur les niveaux supérieurs de la
compréhension spirituelle. Le plus simple des hommes peut avoir
accès au chemin de la progression spirituelle s'il aime Dieu et le
cherche de tout son cœur, de toute son âme et de toute sa pensée.
Même si nous sommes astreints à des travaux domestiques ou à des
obligations sociales les plus humbles nous pouvons mettre partout où
nous passons un peu de cette lumière intérieure de l'Esprit qui
transfigure les choses et éclaire la route de ceux qui sont encore
dans l'obscurité de l'ignorance spirituelle.
Les calices, les pommes, les fleurs.
Toutes
ces formes sur chaque branche du chandelier semblent jalonner le
chemin vers la lumière, la pure flamme de l'Esprit. Ce sont en effet
des formes qui évoquent chacune les différentes phases de notre
expérience spirituelle.
Le
calice en forme d'amande enseigne le départ de la vie spirituelle
car l'amandier est, dans l’Écriture, le symbole de la victoire de
la vie sur la mort. C'est l'arbre qui fleurit le premier au sortir de
l'hiver et il est appelé en hébreu « l'arbre qui veille ».
Le calice en forme d'amande c'est aussi le signe d'une irrésistible
poussée intérieure qui ouvre la coquille pour laisser passer le
germe vivant.
L'entendement
humain est comme la dureté de la coquille et les arguments employés
parfois pour briser sa résistance aboutissent à compromettre
l'épanouissement de la vie spirituelle. La religion de l'Esprit ne
peut s'imposer par la contrainte. Les coquilles les plus hermétiques
s'ouvrent en douceur quand la vie est déclenchée à l'intérieur.
Dès l'instant où un homme commence de mettre en Dieu toute sa
confiance pour laisser agir en lui l'Esprit divin, il constatera le
départ d'une vie nouvelle. La loi de Dieu commencera vraiment à
être écrite dans son cœur et le libérera de l'obéissance servile
pour le placer sur le terrain de la foi et de l'amour.
La
forme de pomme qui vient ensuite est en réalité un très gros
bourgeon gonflé par la sève et riche de promesses. La vie
religieuse que Dieu propose à son peuple se répercute bien au-delà
du temps de son existence matérielle et terrestre. C'est le contact
déjà établi avec les réalités du monde supérieur de l'Esprit où
sont permises les plus chères et les plus glorieuses espérances.
Ce
n'est pas l'imagination qui peut donner de telles espérances. Il est
impossible à la raison de concevoir les réalités d'un monde
supérieur sans l'aide de l'Esprit intérieur mais cette aide ne
s'offre qu'à ceux qui la désirent sincèrement. La semence divine
ne germe que dans la pensée qui la reçoit. C'est alors seulement
que les valeurs spirituelles deviennent des réalités vivantes et
que peuvent être goûtés les fruits sans cesse renouvelés d'une
espérance qui ne trompe jamais.
La
forme de fleur montre que la croissance spirituelle s'accompagne
toujours d'une joie profonde. Quand on regarde vivre les gens
religieux on s'aperçoit qu'ils sont trop souvent marqués par une
certaine forme de tristesse comme si la vraie piété devait
nécessairement être triste.
Aucun
n'a enseigné la joie comme Jésus qui voulait communiquer à ses
disciples sa JOIE PARFAITE. Ce n'est pas en adoptant
intellectuellement une forme quelconque de vie religieuse que l'on
comprend quelque chose à la vie spirituelle mais on l'a vraiment
comprise quand elle est devenue source de joie et de progression vers
la lumière de la connaissance de Dieu. Cette connaissance est le
discernement grandissant de la volonté de Dieu et l'expérience
vécue que cette volonté est toujours bonne, agréable et parfaite.
C'est
ainsi que nous accédons à la pure lumière prophétique et que nous
comprenons mieux le destin de l'univers. Le chandelier éclairait la
table des pains de proposition et ces pains représentaient
l'harmonie divine universellement réalisée dans toute la création.
En attendant il nous est proposé de la réaliser par l'Esprit dans
notre propre existence.
30/
11/ 1969 Samuel
GUILHOT
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