mardi 1 juillet 2014

Les refus de Jésus


Lectures : Marc : 1/ 29 à 38 ; Jean 6/ 14 à 15 ; Matthieu 27/ 38 à 43 ; Actes 1/ 3 à 8
« Car mes pensées ne sont pas vos pensées, et vos voies ne sont pas mes voies, dit l’Éternel ».
(Esaïe 55/ 8 à 9)


Si Jésus a passé beaucoup de temps avec ses disciples ce n'est pas tellement parce qu'Il avait beaucoup de choses à leur dire car s'il fallait tout dire sur tout ce qui concerne la vie spirituelle et les royaumes célestes c'est l'éternité qui serait nécessaire. C'est d'ailleurs là ce qui fait tout l'intérêt de la Vie Éternelle : elle est, entre autre, le moyen divin de satisfaire pleinement la faim et la soif de l'homme de savoir et de connaître toute chose. Nous connaîtrons comme nous avons été connus.

Ce que voulait principalement Jésus dans ses fréquents contacts avec ses disciples c'était surtout de leur apprendre la MANIÈRE de comprendre les choses. Ils avaient une façon trop matérielle et trop terrestre de comprendre les enseignements de Jésus sur le Royaume de Dieu et ils n'arrivaient pas à admettre certains des comportements de leur Maître ni certaines de ses paroles. Ils étaient souvent agités par le trouble et la perplexité quand leurs ambitions humaines, même les plus honorables, ne semblaient pas rencontrer l'approbation de Jésus.
Ils ne sont malheureusement pas rares les croyants qui trouvent étrange que Dieu ne fasse pas ce qu'ils désirent et qui laissent leurs pensées s'assombrir sous les nuages de la perplexité et, quelquefois, du doute.
La meilleure façon d'arriver à comprendre les voies de Dieu c'est d'abord d'obtenir le calme intérieur car l'agitation fait toujours obstacle à l'expérience de la Foi. Le juste vivra par la foi, dit l’Écriture. La foi n'est pas l'acceptation passive de rester aveugle et ignorant concernant les voies de Dieu, mais l'attitude positive et paisible qui consiste à attendre le lever du jour qui mettra de la lumière sur tout ce qui est momentanément obscur.
Dieu est LUMIÈRE et rien ne doit rester indéfiniment caché mais nous devons apprendre à pénétrer par avance les réalités cachées en utilisant l'éclairage spirituel de la foi vivante et persévérante.
      1. Le premier choc

L'entrée de Jésus dans le ministère public semble se faire au gré des circonstances et celles-ci se déroulent de telle façon que les disciples en sont remplis d'enthousiasme. C'est pour leur Maître une occasion extraordinaire de confirmer sa messianité et, pour eux, d'être au bénéfice d'une exaltante popularité.
L’enchaînement des faits commence avec la délivrance d'un possédé qui se présente inopinément dans la synagogue au moment où Jésus y fait un discours. Après cela, c'est la belle-mère de Simon qui est délivrée de sa fièvre alors que Jésus est dans sa maison. Il est facile et humain de penser que les nouvelles vont aller très vite et que les gens vont arriver de toute part et se rassembler autour de la maison. Pour ne pas enfreindre la loi du sabbat tous ces malades ont attendu le coucher du soleil pour venir solliciter la compassion et le pouvoir de Jésus. C'est ainsi que pendant une bonne partie de la nuit, Jésus sera occupé à donner libre cours à son amour pour tous ces gens affligés mais sans jamais perdre de vue cependant le véritable but de sa mission.
Jésus a toujours su concilier les impératifs de la compassion avec les exigences de la volonté de son Père Céleste ; autrement dit, dans tout ce qui était bon il a su discerner le meilleur. Nous pouvons être certains que la volonté de Dieu est toujours ce qu'il y a de meilleur pour l'homme et que, même dans sa façon de faire le bien, Jésus visait avant toute chose à placer l'individu dans les meilleures des conditions pour son bonheur éternel.
C'est parce que Jésus garde la maîtrise des événements qu'Il provoque la surprise chez ses disciples en refusant de continuer davantage de s'occuper de la foule qui se rassemble à nouveau. Après s'être éclipsé pour être un moment seul avec Dieu Il sera retrouvé par ceux qui le cherchent et réclament son ministère de guérison. Mais Il répondra : ALLONS AILLEURS.
      1. Le but ne doit pas être confondu avec les effets

Si la guérison des malades était un but elle aboutirait à l'immortalité. Visiblement elle n'était pas cela puisque tous les malades guéris par Jésus dans le cours de son ministère terrestre sont morts depuis longtemps.
Ce qui est évident c'est le déploiement de miséricorde et d'amour divin sur tous ceux qui ont été l'objet de son intervention. Dieu est tout amour et bonté mais non à la manière de parents qui donnent n'importe quoi à leurs enfants en cédant à tous leurs caprices. Dieu est amour mais Il est aussi un parfait ÉDUCATEUR. Éduquer veut dire « conduire » et si les œuvres de Jésus étaient l'effet de l'amour divin ce même amour divin reste déterminé à conduire l'homme vers les vrais buts de l'existence.
Jésus prêchait le Royaume de Dieu et Il en donnait les preuves. Les gens qui étaient guéris avaient en eux-mêmes, dans leurs corps rétabli, le signe évident de la nature de ce Royaume. C'était quelque chose d'excellent.
Cependant le plus important pour Jésus c'était d'INTRODUIRE les hommes dans ce Royaume. Ces hommes avaient besoin des choses qui ne s'usent pas et que le temps n'emporte pas dans l'oubli. La justice, la paix et la joie ne sont pas des valeurs matérielles mais des biens éternels que l'on possède avec son cœur et que l'on apprécie avec son esprit. Le corps matériel finit toujours par être ravi par la mort mais nul ne peut ôter, à celui qui les possède, les biens spirituels qui font la source inaltérable et inépuisable de son bonheur. N'oublions pas que l'affliction ne fait pas toujours le malheur de l'individu, ni la santé toujours son bonheur.
Jésus avait la possibilité de créer un énorme courant sentimental de sympathie et d'enthousiasme populaire à son endroit. Qui de nous n'en aurait pas profité s'il avait disposé d'un tel pouvoir...! Pourtant, par des interdictions de parler et par des refus d'agir, Jésus semble vouloir limiter au maximum les effets humains et matériels de son puissant ministère. La Bonne Cause ne justifie pas pour Lui n'importe quel moyen.
Jésus ne veut ni créer ni entretenir un mouvement superficiel où les hommes se retrouveront finalement identiques à eux-mêmes. Son ministère de guérison met l'accent sur son désir de guérir spirituellement tous les handicapés spirituels que représente une humanité moralement malade et religieusement aveugle.
La guérison spirituelle est la capacité de reconnaître et de connaître Dieu par une expérience personnelle de foi, c'est l'aimer de tout son cœur et chercher Sa volonté pour l'honorer et le glorifier en toute chose. C'est en effet cela et cela seulement qui peut assurer à l'homme un bonheur parfait.
      1. Le Roi des Rois refuse la royauté

Beaucoup de croyants et de penseurs ont de la difficulté à établir un lien entre le fait de la toute-puissance divine et ce qui s'accomplit par cette même puissance au milieu des hommes. C'est vrai que Dieu peut tout mais Il ne fait pas pour autant n'importe quoi et n'importe comment. Ce n'est pas parce qu'on met entièrement sa confiance en Dieu qu'on peut en obtenir n'importe quoi. Mais à coup sûr on en obtiendra ce qui est le plus conforme à notre perfectionnement et à notre bonheur.
Chassé des synagogues pour son non-conformisme et pour la nouveauté de son message, Jésus est contraint de prêcher dans les déserts. Dans ces endroits il n'est pas facile de ravitailler une foule affamée mais la compassion de Jésus et la volonté de son Père céleste lui dictent d'opérer un miracle très particulier qu'Il ne reproduira que de très rares fois. Malheureusement la suite montrera que la satisfaction matérielle l'emportera sur le désir spirituel et c'est ce que Jésus fera remarquer à ses disciples plus tard.
Il est facile de faire des adeptes en flattant l'ambition matérielle et il aurait été très facile à Jésus de se prévaloir de sa puissance pour créer une unanimité de sentiments à son égard. Un mouvement populaire se dessine d'ailleurs en sa faveur mais Il ne se laisse pas tromper par une fausse gloire ni séduire par de fausses valeurs. Rien n'empêcherait Dieu d'imposer son autorité à la manière des rois de la terre mais s'Il garde le silence et se cache c'est parce qu'Il ne veut régner que sur les cœurs qui le cherchent et qui l'aiment. Son royaume est celui de l'amour et il n'est pas question de soumettre les libertés individuelles sous les contraintes d'une autorité purement physique et matérielle. Dieu veut être aimé et servi non pour ce qu'Il donne mais pour ce qu'Il EST.
Jésus n'a jamais voulu créer de clans religieux ni d'églises au sens matériel du terme. Il a fondé son assemblée sur une révélation spirituelle par laquelle tous les hommes peuvent comprendre que Dieu est le Père de tous et chacun, s'il le veut, peut devenir un fils de Dieu indépendamment de tous les cloisonnements, de tous les nationalismes et de tous les sectarismes.
Jésus a beaucoup déçu ses disciples en disparaissant une nouvelle fois, en ne profitant pas de ces circonstances exceptionnelles comme chacun de nous aurait été tenté de le faire... pour la Bonne Cause.
      1. L'inévitable aboutissement des refus de gloire matérielle

Mille fois Jésus a eu l'occasion d'éviter la croix mais ses refus successifs des propositions humaines l'ont amené à être Lui-même refusé par un monde qui avait tout à apprendre sur les valeurs supérieures de l'Esprit.
Rejeté de tous et incompris Il refuse encore de descendre de cette croix comme on L'y invitait. Un coup d'éclat était encore possible pour confondre les incrédules mais Il savait bien que cela ne conduirait pas ses persécuteurs à reconnaître en Lui celui qui les aime et désire affranchir leur esprit des esclavages de la pensée matérielle.
Les disciples seront de plus en plus désemparés par l'étrange comportement de Jésus mais ils comprendront bientôt que les voies de Dieu ne se conçoivent que par l'esprit parce que l'Esprit est éternel et qu'il reste indestructible et parfaitement libre même là où la mort physique semble emporter toutes les espérances. La sagesse est toujours justifiée par ses œuvres.
Si Jésus était le Prince de la Vie comme Il le laissait entendre, Il ne pouvait pas craindre l'épreuve de la mort. Elle lui était même indispensable afin de montrer aux croyants de tous les temps qu'elle n'était plus l'obstacle définitif à la réalisation des profondes aspirations de l'âme humaine : ce qui n'est pas réalisable pendant la courte vie terrestre, le sera sur les sentiers de la progression éternelle.
      1. Le refus des preuves matérielles de la résurrection

Si Jésus s'est manifesté 40 jours durant à ses disciples après sa résurrection Il pouvait très bien le faire auprès de ceux qui l'avaient condamné. A aucun moment, pourtant, Il n'est apparu à un de ses ennemis ou même simplement aux gens qui avaient été témoins de sa prédication et de ses œuvres. Ce sont seulement ceux qui l'aimaient et particulièrement ses disciples qui ont eu droit à ses apparitions.
Dieu ne donne des preuves de son être qu'à ceux qui le cherchent sincèrement et désirent connaître sa volonté pour la faire. Il n'est pas question que le Royaume de Dieu soient constitué de gens requis par force. Dans un règne de contrainte la pièce essentielle manquerait : l'AMOUR.
Les seules preuves qui seront données à tous les hommes au cours des siècles seront la vie et le comportement des vrais croyants. Tout le monde est d'accord pour reconnaître la validité de ces preuves, sinon ouvertement du moins négativement, en critiquant les mauvais croyants.
Les disciples doivent devenir des témoins en ce sens qu'ils recevront une nouvelle puissance spirituelle qui les rendra capables de vivre comme leur Maître a vécu : avec un réel amour et une entière confiance envers leur Père céleste. Jésus ne leur demande pas de contraindre les hommes à entrer dans le Royaume de Dieu mais Il les exhorte à leur donner le témoignage de la réalité de ce Royaume par la démonstration de leur amour réciproque.
Ne soyons pas obsédés par le fait que Dieu semble être avare de démonstrations et de signes qui, à notre sens, convaincraient les hommes pour les amener à la foi. Ce serait une tragique erreur qui ne ferait que satisfaire la curiosité et favoriser la superficialité. Nous devons prier pour que les hommes aient faim et soif de Dieu et veiller à être toujours disponibles pour les aider à croire en l'amour et en la justice de Dieu parce qu'ils nous verront nous-mêmes pratiquer cet amour et cette justice.
Si au lieu de se disputer sur des définitions doctrinales, les croyants s'étaient toujours préoccupés d'abord de vivre dans leur vie privée et publique les enseignements de Jésus il n'y aurait jamais eu de conflits religieux ni de cloisonnements sectaires.
Dieu est le Père de tous les hommes et, pour devenir ses fils, Il ne leur demande pas leurs idées, leurs opinions ou leur doctrine mais leur cœur, leur foi vivante et leur amour sincère.
Il est vrai que nous avons tout à apprendre sur Dieu et sur sa Divine Paternité. Mais comment le pourrions-nous si nous n'avons d'abord acquis par la foi la certitude que nous sommes ses enfants et donné la preuve de cette réalité en nous aimant fraternellement ? Or cela est possible parce que la promesse du Saint-Esprit est pour tous ceux qui veulent être des disciples.
Samuel GUILHOT
14/ 12/ 1969

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