jeudi 5 juin 2014

La loi de la prière

Lecture : Luc 18/ 1 à 8
La prière est le terme général par lequel on exprime l'idée d'un contact que l'on établit avec quelqu'un d'autre dont on dépend et dont on sent le besoin. On peut avoir besoin de lui pour différentes raisons et en différentes circonstances mais ce n'est jamais quelqu'un dont on pourrait totalement se passer. Même l'homme qui s'imagine être un parfait incroyant se surprendra toujours à formuler malgré lui une prière dans son cœur ou par ses lèvres. C'est surtout quand on manque d'air qu'on réalise la valeur et la nécessité de la respiration.

Jésus emploie ici une parabole, comme en tant d'autres occasions, pour aider les auditeurs à comprendre une vérité essentielle et diriger leur réflexion en fonction de leur niveau de compréhension. Cela veut dire que la pensée de l'Esprit est toujours plus riche et plus profonde que la lettre qui sert à l'exprimer. Notre travail de méditation consiste donc à découvrir l'amande vivante sous la coquille de la présentation matérielle.
La prière est une nécessité normale et universelle
Dans tous les temps et dans tous les lieux les hommes ont toujours prié. Ils l'ont fait de la bonne ou de la mauvaise façon, mais ils l'ont fait. Même ceux qui disent ne jamais prier c'est parce qu'ils ne savent pas comment s'y prendre et peut-être aussi parce qu'ils éprouvent une certaine honte ou humiliation à le faire. C'est plus par parti-pris que par conviction qu'ils se privent de la prière. Il est vrai que l'exemple et l'enseignement religieux à ce sujet n'ont pas toujours été très clairs et très encourageants. Néanmoins le fait demeure qu'il est impossible d'éluder la question, elle s'enracine profondément à tous les niveaux de notre conscience et conditionne nos états psychologiques.
Lorsque Jésus déclare qu'IL FAUT TOUJOURS PRIER, Il montre par là que nous sommes tous soumis à cette loi universelle de la nécessité de prier comme nous le sommes pour respirer par exemple. Il ne faut pas comprendre cette loi comme une sorte de contrainte humiliante et lourde à supporter pour celui qui s'y soumet. Ce que veut dire Jésus n'a rien à voir avec la pratique purement mécanique et formaliste de certaines méthodes religieuses qui asservissent l'homme plus qu'elles ne le libèrent.
Au contraire, Jésus montre que la prière fait partie de l'ordre normal de la création et qu'elle doit contribuer au bonheur et à l'harmonie de toutes les créatures. Il insiste sur la nécessité de ne point se relâcher, ou se lasser, parce qu'Il sait très bien que l'homme se désespère vite quand il n'obtient pas rapidement les choses qu'il demande. L'impatience est le défaut caractéristique même des meilleurs chrétiens parce qu'ils ont de la difficulté à comprendre que l'intérêt que Dieu nous porte va bien au-delà des limites actuelles de notre existence. « Ce que je fais maintenant, tu le comprendras plus tard » disait Jésus à Pierre dont les pensées ne réussissaient pas à suivre celles de son Maître.
La prière est surtout une recherche de Dieu qui est la Source et l'Auteur de toute vie. Être obligé de chercher pour trouver développe notre personnalité spirituelle et confirme notre dignité de créature libre. Celui qui se lasse perd de vue ces valeurs fondamentales ou risque de s'enliser dans les routines desséchantes du formalisme religieux.
Ce qui se passe entre la prière et l'exaucement
Ce n'est sans doute pas pour rien que Jésus a choisi l'image d'un juge car avec la prière nous avons à tenir compte de la réalité du domaine invisible du surnaturel. Ce domaine est celui des forces et des énergies divines dont l'action et l'efficacité sont strictement déterminées et contrôlées par les règles de la Parfaite Sagesse de Dieu. Entre la prière et l'exaucement il y a une LOI qui entre en jeu conformément à l'intérêt de celui qui prie comme à celui de la volonté de Dieu.
Par exemple, entre le moment où la pluie ou la neige tombe sur la terre et le moment où elle retourne dans le ciel sous forme de nuage, il s'est produit plusieurs événements pendant lesquels la goutte d'eau s'est transformée et s'est évaporée. Ce sont les LOIS physiques merveilleusement organisées et agencées par le Créateur qui ont permis ce retour vers le ciel et qui la renverront encore sur la terre pour l'abreuver. C'est cette image qu'emploie le prophète Esaïe pour parler de la puissance de la Parole de Dieu et de la façon dont s'exécute Sa Volonté (Esaïe 55/ 10-11).
Ainsi Dieu a disposé dans son univers spirituel des lois par lesquelles Il permet que soit exaucée la prière de ses enfants. Lorsque ces lois sont déclenchées on peut dire qu'elles produisent automatiquement leurs effets, mais elles ne sont déclenchées que si cela correspond à la Volonté Sainte, Bonne et Juste de Dieu qui les a établies.
Le juge et la veuve
Entre les deux il y a la loi ; lui, peut en déclencher le déroulement, elle, ne peut que présenter sa demande. Lui a tout pouvoir, elle, aucun. Mais si le juge peut quelque chose c'est parce qu'une loi existe et que la veuve est dans son bon droit. Si ce juge est considéré comme inique (adixias), c'est-à dire «  sans justice », ce n'est pas forcément parce qu'il est méchant et désire faire du mal mais parce qu'il est égoïste, ne se soucie que de son intérêt et reste indifférent à la bonne cause de la veuve.
Si la loi n'entre pas en fonction cela ne vient pas d'elle mais de lui qui est indifférent et qui ne se laisse pas toucher par l'impuissance d'êtres sans défense. Il ne craint pas Dieu parce qu'il ne croit pas à une justice supérieure à la sienne et ne considère pas les hommes parce qu'il ne veut les voir que quand  cela lui plaît ou l'arrange. C'est pourquoi Jésus dit qu'il n'a d'égard pour personne, ce qui revient à dire qu'il ne veut pas voir la veuve ou se laisser voir par elle. Cette veuve dépend vraiment de l'humeur de ce juge et de sa bonne ou mauvaise volonté.
C'est ainsi que, comme cette veuve, nous sommes des êtres dépendants et soumis à une existence qui nous impose la nécessité d'avoir constamment recours à la bonne volonté de Dieu. Est-ce que ce juge ne ressemble pas un peu parfois à l'idée que nous nous faisons de Dieu ? Bien sûr que nous n'oserons pas dire que Dieu est ainsi mais nous nous comportons parfois COMME s’il était ainsi !
Dieu et la justice
Toutes les lois que Dieu a établies sont parfaites et sont l'image de sa Bonté aussi bien que de sa Beauté. Elles sont toutes faites pour assurer le bonheur PARFAIT et ÉTERNEL de sa créature. Lorsque nous le prions nous n'avons pas affaire avec une volonté changeante ou indifférente. La loi qui exécute sa volonté est en parfait accord avec elle c'est-à-dire, faire aboutir le désir de nos cœurs et nos demandes.
Seulement la veuve est un exemple pour nous montrer la nécessité de connaître nos droits afin que nous sachions si ce que nous voulons peut nous être accordé. Or, une chose est en tout cas certaine : c'est que la Volonté de Dieu pour l'homme est son bonheur et son plein développement vers la perfection. On peut dire que toute prière qui a une telle motivation est sûre d'être exaucée. Dieu n'oblige personne à se placer sous sa LOI D'AMOUR et de JUSTICE et chacun peut essayer de faire lui-même sa vie et il arrivera ce qui arrivera mais que l'on se dise bien que le mal ne vient pas de Dieu, mais de l'ABSENCE de Dieu car Dieu a tout fait POUR le bien et le bonheur des hommes.
Certainement même un croyant sincère peut avoir des misères sur la terre et il en a effectivement et il ne peut rien contre, il est comme la veuve. Seulement il ne se désespère pas, il ne se lasse pas car il SAIT qu'en définitive tout cela peut contribuer à un meilleur bien SI il s'efforce de comprendre que la LOI de justice et d'amour divin agissent sur le plan de l'éternité et pas seulement dans le cadre étroit de l'existence terrestre. Cela est normal puisqu'un chrétien (dans le sens spirituel et non confessionnel du terme) sait qu'il a la vie éternelle et qu'il est par conséquent aimé de Dieu comme un fils de son père. Or un père pense quelquefois vingt ou trente ans à l'avance à ce qu'il doit préparer pour ce fils et assurer son avenir de la meilleur façon !
La curieuse raison qui décide le juge
Chaque peuple et chaque époque a ses expressions particulières pour définir certaines attitudes ou réactions chez l'individu. Celle de nDIEU N'ABANDONNE JAMAIS CEUX QUI SE CONFIENT EN LUI
QUOI QU'IL ARRIVEotre texte, « casser la tête », peut être rendue de différentes façons dans nos versions françaises car le terme original signifie : frapper au visage, sous les yeux. C'est la face qui est touchée et le juge ne tient pas à « perdre la face » si on peut dire. Il sait que la veuve a raison et il est pris entre son orgueil de juge garant de la loi et son indifférence humaine. Il agit, non par bonne volonté, mais parce qu'il le faut. Les adversaires de la veuve sont, littéralement, « contre » la justice et il a le pouvoir de « faire » justice. Il ne veut donc pas que sa personnalité soit compromise dans une telle affaire à cause, non de la justice, mais de l'importunité de la veuve dont le droit est la force.
Ceci montre le contraste qui existe entre Dieu et ce juge humain qui ne fait agir la loi de justice que pour être débarrassé d'une veuve trop sûre de son droit. Si donc ce juge agit,  combien plus celui qui, par Jésus, nous révèle nos droits au bonheur et nous exhorte à nous confier en la parfaite justesse de ses œuvres et de ses voies pour nous « faire justice » c'est-à-dire nous établir et nous maintenir dans nos privilèges de fils de Dieu.
Toucher la face de Dieu
Si le juge ne voulait  pas que la veuve « touche sa face » c'est littéralement parce qu'il ne voulait pas se laisser atteindre par sa prière. Cette expression est souvent employée dans la langue hébraïque pour parler de la prière. Dans Nombres 6/ 25 il est dit : « Que l’Éternel fasse luire sa face sur toi ». Lorsque Dieu tourne sa face vers son peuple c'est toujours pour le bénir. La face est la partie visible de la tête et voir Dieu, ou sa face, signifie COMPRENDRE sa volonté.
Quand nous prions en voyant la face de Dieu, c'est-à-dire en connaissant sa volonté d'amour pour nous et en persistant toujours dans cette attitude, c'est alors que nous devenons fort et que nous triomphons de l'adversité.
Nous pensons avec compassion à tous ceux qui prient comme de pauvres mendiants en espérant recevoir quelques « grâces » ou quelque protection mais qui n'ont aucune certitude quant à la volonté de Dieu de les aider et de les secourir. Bien souvent ce sont ceux qui ne prennent pas la peine de s'instruire sur l'enseignement de Jésus dans l'évangile qu'ils n'ont peut être jamais lu bien que se disant « chrétiens ».
Les élus de Dieu
On pourrait penser que Dieu ne fait intervenir sa loi d'amour que pour quelques élus seulement mais c'est une mauvaise façon de comprendre cette expression. Ici Jésus parle de ceux qui se différencient des autres par leur attitude confiante envers Dieu. Ils se placent ainsi au bénéfice de la bénédiction, ils se mettent à part et c'est comme cela qu'ils sont des élus. Cela veut dire que quiconque cherche sincèrement Dieu le trouve.
Ils CRIENT à Lui nuit et jour. Jésus veut indiquer par cette simple image que les hommes peuvent avoir accès à Dieu où qu'ils soient, à n'importe quel endroit de la terre car sur la terre c'est le jour et la nuit à la fois. Mais c'est le verbe « crier » qui doit retenir notre attention parce qu'il signifie dans ce passage, non par le cri du désespoir, mais celui comparable au « mugissement » du bœuf qui réclame patiemment sa pitance. Paul, citant le passage de la loi de Moïse qui dit : « tu n'emmuselleras point le bœuf qui foule le grain », ajoute : « Dieu se met-il en peine des bœufs ou parle-t-il uniquement de nous ? » (1Corinthiens 9/ 9)
Car il est évident que la prière n'est pas forcément toujours un recours contre l'injustice mais SURTOUT une recherche de la justice, c'est-à-dire de la volonté de DIEU.
Dieu NE TARDE PAS dans l'accomplissement de sa justice contrairement à l'impression que nous en avons parfois, mais il attend simplement que les meilleures conditions soient remplies pour un exaucement parfait. Il n'est pas limité par le temps et agit QUAND il le décide sans que rien ne puisse faire obstacle au déroulement de la loi qu'il déclenche.
Le seul obstacle qui peut retarder l'aboutissement du désir de l'homme est certainement son manque de persistance à croire envers et contre tout en la Bonté et en la Justice fidèle de Dieu qui agit dans l'intérêt de l'un en tenant compte de celui de tous. Et c'est sans doute ce dernier point qui fait que Jésus se demande s’il trouvera la foi sur la terre, cette foi dont il a donné lui-même l'exemple en qualité de Fils de l'homme et qui a fait que jusque dans les douleurs de la croix et l'agonie de sa mort il a constamment manifesté son indéfectible attachement à cette éternelle vérité, à savoir que :

DIEU N'ABANDONNE JAMAIS CEUX QUI SE CONFIENT EN LUI
QUOI QU'IL ARRIVE

09/ 11/ 1969 Samuel GUILHOT

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