lundi 6 octobre 2014

L'échelle de Jacob

Lecture : Genèse 28/ 10 à 22

Jean 1/ 51 : « En vérité, en vérité, vous  verrez désormais le ciel ouvert et les anges de Dieu monter et descendre sur le Fils de l'homme ».
Genèse 35/ 10 : « Dieu lui dit : « Ton nom est Jacob ; tu ne seras plus appelé Jacob, mais ton nom sera Israël ».

L'aventure, l'exil et le retour de Jacob sont toujours des réalités actuelles. Pour celui qui s'intéresse au récit biblique comme étant le support d'une révélation avant d'être autre chose, l'histoire de Jacob qui devient Israël apporte une meilleure compréhension de la destinée humaine telle qu'elle est contenue dans le plan d'ensemble du Créateur.

Le fait que Beer-Schéba soit le point de départ de cette aventure est intéressant à noter parce que cet endroit fut le témoin d'événements importants. Ce nom signifie : puits du serment. Cette signification peut s'appliquer par extension aux promesses que Dieu fit à Abraham à cet endroit, comme on peut le lire au chapitre 32 de la Genèse. Il est clair que nous subissons tous dans ce monde et dans les temps que nous vivons les répercussions de ces antiques promesses. Ceci doit suffire à ouvrir les yeux à toute intelligence libre de fonctionner.

L'aventure humaine, individuelle ou collective, peut paraître hasardeuse et constituer un destin sourd et aveugle à beaucoup de gens mais c'est parce qu'ils sont eux-mêmes sourds et aveugles par l'effet de leur ignorance ou de leur incrédulité à l'égard de la Révélation de Dieu. Mais il suffit de VOULOIR voir et entendre les Paroles de Dieu pour se rendre compte que la lumière existe et que la voix de Dieu est parfaitement audible.

L'histoire de Jacob est celle d'une existence pénible, semée de contrariétés, marquée par de profondes déceptions, imprégnée de faiblesse humaine, martelée par les échecs, assombrie par les injustices, moralement et sentimentalement tourmentée, spirituellement éprouvée par la perplexité, l'incompréhensible destinée et les dures exigences d'une vocation. Cette existence n'aurait pas de sens si le passé était la seule chose qui valorise la vie. Le passé est un poids mort s'il n'est qu'une accumulation de regrets.

Jacob a survécu et survit toujours parce que les promesses de Dieu ont donné un sens à son existence et qu'elles en donnent un à toutes les existences. La vie est une pénétration constante dans l'avenir parce qu'elle est fondée sur des promesses d'avenir, elle est essentiellement une marche en avant parce qu'elle concerne toujours ce qui est en avant. Il est permis de conclure d'une façon absolument certaine que le MEILLEUR est toujours DEVANT et qu'il ne se réalise que pour ouvrir l'accès à quelque chose d'encore meilleur.

A Beer-Schéba, Abraham avait planté des arbres en dépit de son âge car sa vision de l'avenir s'était entièrement modifiée à la suite d'une série d'expériences qui l'avait amené à recevoir une nouvelle révélation de Dieu. Il comprit là que son destin ne se limitait plus à des réalisations purement terrestres et limitées dans le temps. Sa compréhension se spiritualisait et lui permettait de percevoir la réalité future d'une Maison de Dieu c’est-à-dire celle d'une humanité spirituelle. Sa foi ayant franchi les barrières du temps et de l'espace, il vit et comprit le Dieu d'ÉTERNITÉ.
La foi affranchit la pensée des limitations humaines par assimilation de celle de Dieu. Cela veut dire que notre pensée reste personnelle et entièrement sous notre contrôle mais qu'elle devient semblable à celle de Dieu. C'est cela qui constitue la révélation de Dieu en nous et nous permet de poursuivre notre course en avant en dépit de tous les voiles momentanés qui couvrent encore le sens de notre destinée.
Un point d'appui pour la tête
La foi de Jacob était toute traditionnelle puisqu'il l'avait héritée de ses pères. Il en est pour la foi comme pour l'incrédulité ; la plupart des gens restent soumis à l'influence de leur hérédité religieuse ou de celle du comportement traditionnel de leur entourage. La vie peut remettre tout cela en question et nous placer subitement dans les ténèbres de notre propre obscurité intérieure. C'est alors qu'on cherche un point d'appui qui puisse représenter pour notre esprit un fondement sûr. La confusion et la perplexité sont dans la tête des hommes tant qu'ils ne parviennent pas à l'expérience PERSONNELLE de Dieu et au discernement spirituel.

Comme beaucoup d'hommes, Jacob semble être la victime des circonstances imprévisibles et subir le contre-coup amplifié des ses propres erreurs de jugement. Les effets paraissent disproportionnés à la cause ; c'est une expérience commune à tous les hommes. C'est dans ces moments là que nous prenons conscience de la valeur de nos points d'appuis et que nous pouvons entrer de plain-pied dans l'expérience.

La pensée des hommes est facilement dans la confusion lorsqu'il s'agit de définir par quel chemin on peut aboutir à des certitudes dans le domaine de la vie religieuse. C'est un problème insoluble intellectuellement s'il faut trouver une définition commune ; les hommes sont toujours divisés quand il s'agit d'interpréter la foi. L'unité ne peut se faire que dans l'EXPÉRIENCE de la foi et cette expérience consiste à prendre comme unique point d'appui le fait de la VIE et des ENSEIGNEMENTS de Jésus.

S'appuyer sur cela signifie que l'on reconnaît qu'il n'y a pas d'existence plus élevée, plus complète, plus équilibrée et meilleure que celle qu'a vécue Jésus en sa qualité de Fils de l'homme. C'est elle qui donne le meilleur sens à la destinée humaine parce qu'elle nous montre le prix inestimable de la confiance en Dieu et en l'avenir jusque dans les pires circonstances qui soient. Ce n'est pas simplement une belle image que de dire que Jésus est la pierre principale de l'édifice. Il l'est en vérité et cela devient vérité pour nous personnellement quand nous nous habituons à lui confier notre vie et notre destinée. C'est avec cette pierre fondamentale et toutes les pierres de nos expériences de foi que nous construisons la Maison spirituelle de Dieu qui ne connaît pas les barrières ni les divisions des interprétations intellectuelles de la vérité.
L'échelle céleste de l'éternité
C'est parce qu'il conçoit le bonheur comme la réalisation immédiate de ses désirs que l'homme se décourage et reste insatisfait. Tous les hommes ont le sens de l'éternité et sentent plus ou moins confusément qu'ils sont fait pour cela. C'est donc à l'échelle de l'éternité que nous devons envisager un vrai bonheur. Un bonheur qui ne dure pas éternellement ne pourra jamais être un vrai bonheur qui ne soit pas assombri par quelques nuages. Cette échelle qui se dresse vers le ciel dans le songe de Jacob comme celle dont parlait Jésus est le signe de cette ouverture qui reste éternellement ouverte à l'ascension spirituelle ; l'existence n'est jamais sans issue.

L'erreur de Jacob comme, d'ailleurs, celle de son frère Esaü, a été de vouloir obtenir dans les moindres délais ce qui ne pouvait s'acquérir que par l'évolution normale de la vie et l'expérience. Esaü voulait une satisfaction matérielle immédiate tandis que Jacob cédait au désir de détenir sans plus tarder l'héritage spirituel prophétiquement annoncé.

Il est vrai que Dieu place devant le croyant des buts supérieurs et glorieux mais c'est une erreur de croire que parce qu'ils sont gracieusement offerts il n'est nul beoin d'être préparé à les atteindre. Les sommets spirituels sont ceux qu'on atteint sans s'en rendre compte par une victoire quotidienne de l'esprit sur les petits inconvénients de la vie terrestre et par une fidélité constante dans les petites choses. Les circonstances dramatiques de la  vie sont exceptionnelles mais on les affronte d'autant mieux qu'on s'est habitué à la victoire spirituelle dans la banalité de chaque jour.

La joie du progrès est celle qui résulte de ces étapes successivement accomplies dans la marche en avant de l'existence. L'échelle est appuyée sur la terre parce que c'est sur la terre que commence l'éternelle ascension.
La collaboration angélique
L'histoire de Jacob concernait celle du monde entier à cause de la vocation particulière qui serait celle de son peuple et la vision montre que Dieu déploie lui-même une grande activité pour assurer l'accomplissement des promesses faites à Abraham. Cette activité est celle de tous ces être divins, ces messagers célestes qui occupent la terre depuis bien avant que les hommes n'y soient établis. Ils ne descendent pas pour remonter ensuite, tout au moins dans le songe. Ils montent d'abord pour bien montrer que la terre est leur lieu de résidence et qu'ils ont quelque chose à y faire. Ils partent de la terre pour aller en haut chercher leurs instructions en vue d'assurer le bonheur des humains, non à l'échelle réduite de l'existence terrestre mais à celle du ciel et de l'éternité.

L'Israël d'aujourd'hui est la preuve concrète que cette activité ne s'est jamais relâchée et qu'elle se poursuivra jusqu'à ce que soient mises en place les structures mondiales pour une nouvelle révélation du plan de Dieu. Les hommes sentent le besoin d'une société nouvelle et l'activité de l'Esprit de Dieu est de les amener précisément à désirer ce qui doit un jour être établi. La confusion et le désordre qui résultent parfois de l'activité humaine montre que les hommes ne savent pas toujours comment s'y prendre pour créer un nouvel état de choses. Mais Dieu a les moyens de faire ce qu'il a décidé bien que le sens de son action échappe le plus souvent à notre compréhension.

L'échelle est aussi le symbole d'une activité créatrice, constructrice. La création de Dieu n'est jamais un état fixe mais constamment évolutif. Il en est ainsi de la révélation, tout au moins de sa compréhension par les hommes. Jacob est un échelon dans la révélation divine comme Israël tout entier est appelé à en être un pour le monde entier. Le monde n'est pas abandonné par Dieu mais l'expérience terrestre, si terrible soit-elle pour l'humanité, est indispensable pour l'ensemencement des vérités spirituelles qui doivent l'affranchir de ses ténèbres.

Quoi qu'il en soit la pierre du chevet garde toute sa valeur symbolique : il faut nous affermir de plus en plus dans cette vérité fondamentale que le meilleur est toujours devant et que nous l'atteindrons infailliblement parce que c'est Dieu lui-même qui en a ainsi décidé.
La victoire de Dieu
C'est alors qu'il est seul que Jacob pressent la réalité de Dieu. Il en avait une connaissance traditionnelle parce qu'il croyait à la religion de ses pères mais il n'avait encore établi aucun contact personnel avec lui. Aujourd'hui encore on est frappé par le nombre de gens qui n'en sont qu'au stade de la religion traditionnelle. Ils y croient et la défendent mais restent dans le vague et manquent d'assurance quand il est question d'avoir de Dieu une connaissance personnelle. Ils ne peuvent être séparés de leurs chapelles ou de leurs intermédiaires humains sans prendre peur. S'ils ne cherchent pas autre chose c'est beaucoup plus par crainte superstitieuse que par respect de leur religion, même si celle-ci les désappointe ou les scandalise. Ils réalisent péniblement la vérité que Dieu est le Dieu de chaque individu dans lequel il a placé une étincelle d'Esprit et qu'il leur faut une foi toute personnelle pour expérimenter la puissance de cette présence intérieure.

Ce que Jacob apprendra tout au long de son exil c'est à reconnaître la personnalité absolument unique de ce Dieu qui le délivrera tant de fois de la peur et d'un esclavage humain qui menaçait d'être définitif. Il avait été choisi pour être le père d'un peuple libre et spirituellement affranchi mais il faut qu'il connaisse par l'expérience le prix et la valeur d'une telle liberté. Les temps n'ont pas changé, Israël doit être le peuple de la liberté, il doit en connaître le prix mais devra réaliser bientôt l'expérience décisive d'être spirituellement affranchi. Il est encore l'esclave des formes traditionnelles de sa religion ou des limitations d'une philosophie humaniste et athée. Il est en chemin cependant pour ressentir le besoin d'un souffle nouveau de l'Esprit qui doit souffler des quatre vents, selon la prophétie d’Ézéchiel 37/ 9.

On peut trouver étonnante la requête de Jacob qui semble faire un marché avec Dieu. Si Dieu fait ceci et cela pour lui et le ramène en paix chez son père, alors il le reconnaîtra pour son Dieu. C'est la prière intéressée mais que Dieu exauce quand même, seulement pas à la façon que Jacob pensait ! Bien mieux qu'il ne pouvait le penser, d'ailleurs.

Mais vingt années devront se passer avant qu'il ne réalise ce que Dieu aura été pour lui et beaucoup de temps devra encore se passer afin que Dieu puisse se révéler PAR lui, c'est-à-dire par cette destinée particulière qui fut la sienne. Jacob ne devra plus être le « supplanteur », celui qui talonne les autres pour arriver plus vite au but (c'est ce que suggère la signification de son nom). Sa personnalité subira une telle transformation par le travail intérieur de l'Esprit de Dieu, qu'il sera enfin un jour en mesure de s'appeler ISRAËL, c'est-à-dire : DIEU VAINCRA.

L'humanité spirituelle promise par Dieu est déjà visiblement prouvée quand les croyants savent et aiment se rencontrer dans la réelle fraternité spirituelle pour s'encourager et s'édifier, dans une totale liberté, afin d'être en mesure de démontrer, à qui désire le reconnaître, que le chemin du ciel est ouvert à tous. Mais si nous y sommes déjà, continuons surtout d'avancer, il y a l'éternité devant nous et les inimaginables réalisations et satisfactions que cela laisse prévoir parce que Dieu n'est jamais vaincu par nos faiblesses ni par nos doutes. Si nous ne voyons pas le bout de l'échelle c'est parce qu'il pénètre dans l'invisible où Jésus prépare une place à tous les enfants de Dieu, de quelqu'origine qu'ils soient.
25/01/1970 Samuel GUILHOT

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