mardi 10 avril 2012

La nécessité de comprendre la grandeur de Dieu

Lecture : Luc 9/ 43-50

Qu'il soit un naïf ou un scientifique l'homme a toujours eu soif de merveilleux et de fantas­tique. Les croyants de tous les temps ont toujours ardemment désiré voir leur Dieu s'affirmer et se manifester avec éclat aux yeux de ceux qui ne croyaient pas ou ne pensaient pas comme eux. Mais la confusion a été plus souvent du coté des premiers que des seconds. Les disciples de Jésus ont souvent été surpris et décontenancés devant le refus de leur Maitre d'accepter les suggestions de fausse grandeur dont ils voulaient le persuader.
Il a même interdit à ceux de son peuple qui étaient l'objet d'une intervention miraculeuse de sa part de le publier et ses disciples ont du, la plupart du temps, garder le silence sur certaines de ses actions ou de ses paroles. Nous pouvons aisément nous reconnaitre dans ces manifestations de zèle impatient et inconsidéré chez les disciples de Jésus. Qui de nous n'a pas désiré parfois de toute son âme quelque intervention éclatante de Dieu pour confondre les hommes et les obliger à croire. Soyons honnêtes pour reconnaitre que les réponses de Dieu à ce sujet ont été exceptionnelles pour ne pas dire moins. C'est notre fausse conception de la grandeur et de la puissance qui nous empêche de comprendre la volonté de Dieu. Remarquons bien cependant que Jésus n'a que rarement fait des actes de puissance en dehors du domaine de la guérison. Son pouvoir s'est exercé surtout pour venir en aide à ceux qui souffraient mais jamais pour obliger les gens à croire ou pour leur imposer une nouvelle religion. Ce fait révèle et prouve le vrai motif de ses miracles qui était uniquement la compassion et la révélation du Dieu d'amour .

Le récit de la tentation dans le désert montre que la cause unique de toutes les chutes et les rébellions a été la fausse idée de grandeur et de gloire. Jésus a vaincu le tentateur en refu­sant d'accéder à la grandeur humaine et matérielle par des manifestations extérieures de son pouvoir divin. En quelques jours il était capable de soumettre le monde entier sous sa toute ­puissante volonté. Il avait droit à cette domination mais il a voulu montrer que la grandeur consistait essentiellement à faire la volonté de Dieu. Dieu peut vouloir pour nous une chose mais nous ne pouvons réellement l'obtenir que par l'obéissance à sa volonté. Il est normal que l'homme aspire à la grandeur mais il n'est pas normal qu'il prenne n'importe quel chemin pour cela. On ne peut arriver à Dieu que par Dieu. .

A cause d'une guérison que Jésus vient de faire les gens et les disciples sont frappés de la grandeur de Dieu et dans l'admiration. Ils le sont parce qu'ils voient dans cet acte une jus­tification de leur idée de grandeur. Ils sont étonnés et fiers·d'avoir un tel Maitre et ils voient déjà en lui un libérateur possible de leur nation. C'est la grandeur et la gloire matérielles qui sont le motif de leur admiration et non la compassion. Nous devons croire au mira­cle comme manifestation possible de la compassion divine et non comme une nécessité pour établir la grandeur de Dieu. Le miracle matériel n'a aucune influence sur l'esprit de celui qui ne désire pas croire. Il pourra peut-être croire qu'il y a quelque chose au-dessus de lui mais cela ne produira pas la foi qui aime et qui obéit. Le miracle aidera toujours ceux qui ont besoin de croire et le veulent sincèrement mais il n'est pas indispensable comme signe de la grandeur de Dieu. Le spectacle de la création offre pour cela un champ infiniment varié d'observations {Romains 1/ 19-20). Cela concerne l'idée matérielle de grandeur. Jésus veut amener ses disciples dans une dimension nouvelle : celle de la grandeur spirituelle, de la noblesse morale et de la qualité d'âme. Cette grandeur divine par excellence qui est celle de l'amour se manifeste en compassion et en puissance de salut en vue d'emmener l'homme à ressembler à Dieu. C'est cela que Jésus veut faire comprendre à ses disciples en leur disant : "POUR VOUS écoutez bien ceci". Ils doivent subir le choc de la discipline mentale qui consiste à renoncer définitivement à leurs ambitions purement humaines et terrestres pour s'intégrer au plan spi­rituel et supérieur de la pensée divine. Ils ont peur d'interroger Jésus parce qu'ils ont peur de la vérité qu'ils pressentent tellement différente de ce qu'ils avaient imaginé. Il en est toujours ainsi dans l'aventure de la foi mais qu'à la fin on ne regrette jamais d'avoir courue. Si Jésus sera livré entre les mains des hommes c'est parce qu'il refusera de les vaincre matériellement et c'est pourquoi il est écrit qu'il a été crucifié à cause de sa faiblesse (2 Corinthiens 13/ 4). C'est une victoire spirituelle qu'il veut remporter sur eux en changeant leur cœur et en transformant leur vie. Le plus fort n'est pas celui qui arrache une mauvaise langue mais celui qui la transforme en instrument de vérité et de douceur. La grandeur de Dieu est dans la qualité de sa puissance et non pas simplement dans ses aspects matériels et extérieurs.­

Pourquoi Jésus s'est-t-il manifesté en qualité de Fils ? Non pas tellement pour révéler la puissance de Dieu mais surtout pour mettre en valeur ses qualités de père avec tout ce que cela implique de valeurs morales et d'élévation spirituelle.

Jésus a constamment lutté contre l'idée trop répandue dans tous les lieux et dans tous les temps que Dieu n'était qu'un pouvoir suprême qu'il fallait s'efforcer de se concilier, de s'associer ou dont il convenait d'acheter ou de s'approprier les faveurs par des pratiques douloureuses ou coûteuses de sacrifices et de renoncements. Cette façon erronée de concevoir Dieu a des racines très profondes dans le cœur des hommes, même chrétiens, qui ont tendance à considérer comme un souverain inflexible ou comme un patron exigeant

Lorsque Jésus prend un petit enfant et en fait pour ses disciples un sujet d'enseignement c'est pour leur montrer que le plus grand est celui qui est le plus près de Dieu, non en se faisant son égal, mais en étant comme un enfant avec son Père. Dieu ne demande pas que nous soyons enfantins ou naïfs dans les affaires sérieuses de la terre mais il veut que nous ayons à son égard la simplicité et la spontanéité confiante de l'enfant. La bruyante et effrayante manifestation du Sinaï avait frappé l'imagination des hébreux mais n'avait pas réussi à sus­citer dans leur cœur des sentiments d'affection filiale qui les auraient fait servir Dieu par amour et non par crainte. C 'était peut-être la nostalgie du Sinaï qui animait le cœur des disciples quand ils demandaient que le feu du ciel tombe sur les samaritains inhospitaliers. Le Sinaï avait fait des hommes des esclaves de Dieu et de sa loi mais Jésus en fait des fils et des serviteurs de son amour. C'est la grande leçon que Jésus veut apprendre à ses disciples. Leur fausse idée de grandeur les avait amenés à interdire à un homme d'exprimer sa foi en chassant les démons parce qu'il ne suivait pas Jésus. Cet homme n'aurait-il pas été touché par le comportement miséricordieux de Jésus ? Le motif de son activité ne serait-­il pas déterminé par une réelle compassion qui l'aurait poussé à agir ainsi ? Dans ce cas il était encore plus près de Jésus que les disciples eux-mêmes. La vérité est UNE mais l'expé­rience qu'on en fait varie avec chaque individu et il est lamentable de constater parfois le mépris qu'ont certains croyants pour ceux qui ne pensent pas comme eux. Jésus a révélé l'universalité de la paternité divine et même l'incrédule est un fils de Dieu mais un fils égaré qui ne veut pas reconnaître que Dieu est son Père. Dieu nous a aimés comme un Père avant que nous le connaissions et tout croyant sincère peut constater ce fait dans sa propre vie. Les disciples ont longtemps réagit contre l'idée que des non juifs pouvaient être également des fils de Dieu jusqu'à ce qu'ils comprennent finalement que le message dont Jésus les chargeait était précisément de révéler la Bonne nouvelle de la Paternité divine et par la, de la fraternité des hommes. Il est pénible de voir qu'il existe encore des croyants qui se méprisent les uns les autres et s'accusent mutuellement de délits d'opinion parce qu'ils ne for­mulent pas de la même façon leur expérience de la vérité .Il y a très certainement à la base de ces conflits religieux cette fausse idée de grandeur qui veut que l'on soit seul à déte­nir toute la vérité, seul à être béni, seul à être sauvé, seul à être la porte d'entrée du Royaume des cieux. Le problème en réalité n'est pas tellement dans les différences d'expression doctrinale mais surtout dans le manque de respect et de compréhension des autres. La seule expression valable et authentique de la vérité est celle qui rend l'homme fraternel et assez compréhensif pour reconnaitre en son prochain non un rival mais un chercheur de vérité qui est aussi un fils de Dieu. L’Esprit de vérité respecte l'individualité de chacun en l'incitant à en faire de même avec son prochain par un service fraternel et compréhensif.

Notre force et notre grandeur est dans notre capacité de servir et de favoriser le dévelop­pement spirituel des êtres non en leur imposant une manière de voir ou de penser mais en le entrainant dans la découverte et dans l'expérience de l'amour paternel de Dieu. Ce n'est pas en les menaçant des foudres divines que nous convaincrons les gens mais en chassant leurs craintes, et en les délivrant de la peur. C'est l'essence même du message de l’Évangile et pour tous ceux qui aiment sincèrement Dieu il n'y a pas de meilleure preuve de l'Amour divin que l'amour fraternel qui émane d'êtres entièrement différents de par leur nature, leur tempérament ou leur façon d'exprimer ce qu'ils comprennent de la Vérité. Ne pensons surtout pas qu'il s'agit là de compromis hasardeux et dangereux pour la foi. Il s'agit au contraire de démontrer qu'on ne peut pas être trompé par la Vérité et que l'union sincère des cœurs vaut mieux que celle des cerveaux quand l'unité s'arrête là.

Les occasions d'être grands de cœur, de pensée et d'esprit ne manquent pas pour ceux qui ont le désir sincère d'être les représentants authentiques du caractère divin qui est Amour.

Nous serons d'autant plus près de la Vérité que nous serons près de Jésus et nous serons près de lui dans la mesure où nous désirerons être spirituellement ce qu'il a été.

Samuel GUIIHOT le 16/ 02/ 1969


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