mardi 14 février 2012

L'expérience de la grâce

Lecture biblique : Romains 6/ 1-14

Dans le langage religieux le mot Grâce est souvent employé mais trop souvent superficiel­lement compris. On parle d'être en état de grâce 'ou de vivre sous la grâce ou encore du temps de la grâce mais peut-on donner une signification précise à ce terme et surtout dire à quoi on reconnait l'avoir reçue ? Il est vain d'avoir seulement une définition théorique de la grâce si on est incapable d'en démontrer la réalité. La grâce se reconnait essentiellement à ses effets. Le seul moyen de la comprendre vraiment est de pouvoir cons­tater qu'elle a une influence radicale sur notre vie.
C'est la preuve de sa réalité. La grâce peut être symbolisée utilement dans l'eucharistie mais même si un symbole est considéré comme sacré il a moins de valeur que la réalité. Si l' eucharistie signifie la pré­sence du Christ que l'on reçoit au dedans de soi, la réalité est le Christ et non le symbole Si la valeur du symbole dépend de la réalité celle-ci ne dépend pas du symbole, ce qui veut dire que si le symbole aide à comprendre la réalité il ne la remplace pas. En est-il ré­ellement ainsi chez beaucoup de chrétiens quand ils se croient privés de l'essentiel quand ils n'ont pu avoir accès au symbole pour une raison ou une autre ? Si l'absence de la ré­alité ne peut jamais être remplacée par un symbole, l'absence de symbole ne pourra jamais priver quelqu'un de la réalité..

La présence réelle ne peut pas être autre chose que la présence de Jésus en soi et l'effet premier de cette présence est de produire dans la pensée humaine un désir inexplicable de lui ressembler. Mais ce désir n'est pas toujours bien interprété, il est souvent compris négativement. Ce désir prouve qu'on établit une comparaison entre Christ et soi-même et au lieu de se laisser attirer par la perfection de Jésus on se laisse arrêter par le sentiment de sa propre imperfection. N'oublions pas cette grande vérité : en même temps que la présence de l'Esprit de Jésus produit en nous le désir de lui ressembler elle produit également la réalisation de ce désir. C'est CELA la Grâce. Elle est positive et produit inévitablement un changement et un perfectionnement. Ainsi donc, plus on a la réalité de l'Esprit de Jésus en soi, moins on peut éprouver le besoin d'avoir recours au symbole. La grâce tend à libé­rer toujours plus nos pensées des entraves de la représentation matérielle des faits spirituels.

Notre texte parle également du BAPTÊME. Lui aussi est un symbole. Il n'a aucune valeur s'il ne nous introduit pas dans la mort avec Jésus. Peu importe la formule, trinitaire ou non, employée à cet effet. Là encore évitons d'être négatifs. La mort de Jésus est la fin d'une existence EN VUE d'en commencer une autre qui lui est supérieure. L'Écriture parle du bap­tême au Nom de Jésus ou, littéralement, POUR le Nom de Jésus. Cela veut dire qu'avec lui nous décidons d'en finir avec une façon de vivre pour en commencer une autre qui lui est supé­rieure. Elle est supérieure parce que céleste et divine.

Mais qu'est-ce que la vie ? C'est la possibilité de penser, de sentir, et d'agir. Le vrai baptême symbolise la réalité d'un changement radical dans la manière de penser, de sentir et d'agir .Le baptême ne nous introduit pas dans une église ni ne nous confère une religion, il est le témoignage d'une transformation de la vie dans un but précis : celui de res­sembler à Jésus c'est-à-dire de penser, de sentir et d'agir comme lui. C'est ce que veut dire la phrase : afin que nous marchions en nouveauté de vie.
Notre vieil homme (notre ancienne façon de vivre) a été CRUCIFIE avec lui. La croix est un symbole de contradiction. Les gens qui étaient crucifiés étaient considérés comme en con­tradiction avec le monde. Ils étaient contre le monde et le monde était contre eux. Il est facile de vérifier cette vérité quand on décide de penser, de sentir et d'agir comme Jésus. Le mensonge est une croix pour la vérité et la vérité une croix pour le mensonge. C'est pourquoi Paul déclare dans Galates 6/ 14 : "Le monde est crucifié pour moi comme je le suis pour le monde".

Notre texte dit aussi que nous sommes devenus une même PLANTE avec lui dans sa mort et, par conséquent, dans sa résurrection. Toute existence a une origine et une source et si on ne peut devenir chrétien sans Christ on ne peut non plus le rester sans lui.
Cette image de la plante nous suggère cette dépendance grâce à laquelle nos ressources spirituelles sont parfaitement assurées pour la réalisation de cette conformité avec Christ à laquelle nous sommes appelés et qui n'est rien d'autre que le fait de lui ressembler.

On remarque en général que les enfants portent l'hérédité de leurs parents. C'est une loi de la nature. Ils sont parfois doués de talents admirables sans avoir rien fait pour l'être. Il ne leur manque que de perfectionner les dons qu'ils ont déjà. Cette loi de l'hérédité se retrouve et joue de la même façon sur le plan spirituel. Celui qui a reçu une vie nou­velle qui vient de Dieu a en lui des caractères nouveaux qui ne demandent qu'à être déve­loppés, affermis et perfectionnés. Ces caractères seront toujours inévitablement ceux-là mêmes que Jésus avaient en lui et qu'il nous communique par la réalité de sa présence en nous. Le perfectionnement du chrétien n'est pas un effort contre-nature mais un effort cons­tant pour permettre à la nouvelle nature qui est en lui de se manifester librement.

C'est pourquoi il est dit : "travaillez à votre salut. Il n'est pas plus difficile pour un chrétien de chercher à être comme Christ qu'à un musicien doué de se perfectionner en musi­que. Sans l'Esprit nous ne pouvons rien faire mais la collaboration avec l'Esprit est indis­pensable. La vie spirituelle n'est pas une mécanique mais une communion avec l'Esprit de Jésus. La volonté de Dieu fait toujours appel à la volonté de l'homme pour la doter des divines aspirations et la stimuler par les forces célestes en vue de l'unir à la sienne et faire que l'homme devienne un vrai fils de Dieu en mesure de réaliser l'existence la plus prodigieuse qui soit dans l'univers céleste : la Vie Éternelle.

Bien trop souvent les gens ne considèrent que la mort du Christ et n'ont devant les yeux que l'image du crucifix. C'est pourquoi la religion chrétienne fait figure d'enterrement et n'attire guère ceux qui voit en elle le naufrage des joies de la vie. Il est évident qu'avec la moitié d'un bateau on coule. La mort de Jésus n'est que la moitié de la réalité. La vérité toute entière nous montre Jésus mort ET ressuscité.
Si nous sommes avec lui dans sa mort c'est toujours pour ressusciter mais pas pour rester au tombeau froid et sans joie. Pourquoi les églises ressemblent-elles si souvent à des tombeaux ? Jésus est-il ressuscité oui ou non ?
C'est là que les contradicteurs nous attendent. Ils veulent des preuves et nous n'en avons pas. Jésus n'a pas laissé à ses disciples des arguments pour prouver sa résurrection par A+B. Il y a autre chose que malheureusement les contradicteurs ne veulent pas voir parce que c'est trop simple et trop évident : le chrétien EST la preuve de la résurrection quand il devient comme Jésus, de même que le contradicteur EST la preuve qu'il n'a pas l'Esprit de Jésus en lui puisqu'il ne le désire pas.

Partout dans le monde entier l'hérédité prouve l'origine et les vrais enfants de Dieu ont toujours du plaisir à se découvrir une hérédité spirituelle commune dans la joie qu'ils ont de se rencontrer et de parler le même langage d'amour pour leur commun Seigneur. Ce n'est pas la psychologie qui peut expliquer ce phénomène d'ordre supra-humain.
Si la vie chrétienne est nécessairement une vie morale elle est plus qu'une morale. La morale humaine est un effort d'adaptation aux mœurs et coutumes sociales en accord avec les niveaux de conscience propres à chaque peuple. La vie chrétienne est une façon de vivre qui puise son origine et sa force dans une réalité supra-terrestre. Si la conscience n'était pas éclairée par le don de l'Esprit de Dieu elle ne pourrait jamais imaginer ni même accepter les niveaux supérieurs de pensée, de sentiment et d'action du monde céleste. La croyance en Dieu ne suffit pas pour produire dans l'esprit de l 'homme une telle transformation. Il faut vraiment avoir décidé de faire la volonté de Dieu et de l'aimer de tout son cœur pour réaliser l'inexplicable pouvoir de la Grâce qui dépasse toute compréhension. Dans le Royaume spirituel il faut savoir avant de comprendre. Le savoir ici est la certitude d'avoir une chose qui se démontre elle même par l'effet qu'elle produit.

MORT AU PÉCHÉ, VIVANT POUR DIEU. C'est ainsi que notre texte nous dit de nous regarder. Il ne peut être question pour une vie chrétienne équilibrée de se laisser mettre sous le joug épuisant d'un légalisme étroit en croyant que pour ressembler à Jésus il faut cons­tamment vivre sous des interdictions et des privations. Si nous devons nous considérer comme morts au péché c'est que nous n'avons plus rien à faire avec ce qui le concerne. Ce qui intéresse un chrétien qui vit sous la grâce c'est de penser à tout ce qu'il peut faire de bien et de beau et non plus à tout ce qu'il ne doit pas faire.

La grâce nous donne d'aimer la vérité et le bien et de vivre dans la joie superbe de pouvoir l'accomplir. Si le christianisme réussissait à se réformer dans ce sens il est probable qu'on attacherait beaucoup moins d'importance aux étiquettes religieuse et à l'orgueil des traditions. Il ne discuterait plus sur Dieu, il le révèlerait.
Samuel GUILHOT 19/01/1969

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