L’Ecriture
déclare que Jésus a été élevé selon le rang, ou l’ordre de
Melchisédek. Cette simple déclaration nous révèle déjà que
l’univers des plans de Dieu et des réalités célestes sont loin
de pouvoir être entièrement cernés par l’intelligence humaine ou
saisis par la vision spirituelle de la foi.
L’Epître
aux Hébreux est une tentative d’expliciter et de faire comprendre
la portée véritable des symboles de l’Ancien Testament et
principalement du rite mosaïque.
Ceux
qui se penchent objectivement sur le témoignage des écrits du
Nouveau Testament sont obligés de reconnaître que la Personne de
Jésus et sa fonction d’instructeur religieux au milieu des hommes
projettent une étonnante lumière sur les significations des
symboles.
De même, à la lumière des enseignements prophétiques de
Moïse, on peut déjà distinguer la future Révélation apportée
par le ministère et la personne de Jésus. Mais ce qu’il faut
surtout remarquer est que les enseignements de Moïse ne sont qu’une
ombre de choses à venir et qu’ils sont matériellement et
intellectuellement limités alors que Jésus ouvre, pour la
connaissance de Dieu, des perspectives illimitées.
Les
enseignements de Moïse n’étaient qu’une base et il est dommage
que les éducateurs juifs n’aient pris la liberté de s’affranchir
de la peur panique de l’hérésie dite chrétienne pour saisir
l’évidence du message spirituel de Jésus. Personne ne détient le
monopole de la vérité mais les juifs étaient et seraient les mieux
placés pour aider le monde à comprendre et à recevoir le contenu
spirituel du message biblique et particulièrement celui de Jésus,
le Juif par excellence.
Pourquoi la comparaison Jésus - Melchisédek ?
D’abord
pour démontrer que la Révélation se fait par étapes et que Jésus
ne peut être exclu de la lignée des instructeurs qui ont été,
depuis Moïse, les conducteurs spirituels du peuple de Dieu en vue de
le préparer à être un témoin pour toutes les nations.
D’autre
part, ce qui permet la comparaison, est le fait qu’ils ont été
investis d’une autorité divine pour accomplir leur mission
consistant à révéler le Dieu unique pour TOUS les hommes.
Melchisédek a préparé le terrain pour la venue de Jésus en ce
qu’il a révélé les caractères de justice, de bonté et de
miséricorde du Dieu Tout-puissant contrairement à ce qu’étaient
ceux des divinités païennes.
C’est
particulièrement à Abraham que Melchisédek a révélé ces divins
caractères en lui renouvelant les promesses qu’il avait reçues
lors de son appel. Or, ce qui est important dans cette affaire, c’est
le fait que Dieu propose de bénir et d’accompagner lui-même
Abraham dans tout son pèlerinage terrestre : ceci constitue la
révélation d’un Dieu personnel qui veut être le Dieu de chacune
de ses créatures comme de toutes ensemble.
Il
y a également le fait que Melchisédek est un personnage céleste
matérialisé dans l’incarnation humaine pour pouvoir s’adresser
aux hommes et qu’il a soudainement disparu comme il est venu après
avoir laissé un témoignage à la Vérité tel que le monde en avait
besoin pour son temps et pour la suite de son histoire.
Il
est dit que Melchisédek était sans généalogie et sans
commencement ni fin de jour parce qu’il était préexistant à sa
venue sur la planète et qu’il reste à toujours dans les royaumes
célestes un puissant ministre de Dieu. Il l’est d’ailleurs parmi
beaucoup d’autres puisqu’il est dit au Psaume 82/ 1 : « Dieu
règne dans l’assemblée des dieux ». C’est pourquoi il est
dit aussi qu’il était semblable au Fils de Dieu (Hébreux 7/ 3).
Les
deux se ressemblent donc par la nature de leur message, le fait de
leur incarnation humaine et le but de révélation de la Vérité en
vue d’affranchir le monde des ténèbres de l’ignorance et de la
superstition.
Simplicité et complexité du message biblique
L’auteur
de l’Epître aux Hébreux ne cache pas qu’il y a des choses
difficiles à expliquer dans la révélation du message biblique. Il
est normal qu’il en soit ainsi quand on considère que dans le
simple domaine des connaissances humaines l’homme est fort loin
d’avoir tout compris. Cependant, il cherche ! Pourquoi n’en
fait-il pas autant pour sa vie spirituelle qui a, elle aussi, un
grand et urgent besoin de se développer par la connaissance de
Dieu ?
On
est parfois surpris de constater combien les croyants se contentent
facilement de ce qui est élémentaire pour leur foi en pensant que
la simplicité consiste à rester élémentaire. Paul éprouvait
quelques difficultés à enseigner plus profondément le message de
Dieu à cause de cette paresse d’esprit chez les chrétiens et qui
les empêchait de progresser vers la maturité spirituelle. Il aurait
voulu les voir plus « fervents d’esprit ».
Il
est bien évident qu’il faudra toujours commencer par assimiler les
notions élémentaires de la voie du salut et de la foi comme le
nouveau-né absorbe le lait nécessaire au démarrage de sa
croissance. Mais le développement spirituel exige de dépasser le
stade primaire en vue de mieux comprendre la pensée de Dieu
concernant notre destinée.
Le
reproche qu’on pourrait faire à nos générations de croyants est
celui d’avoir souvent refusé l’effort spirituel pour une
meilleure assimilation des enseignements divins. On trouve plus
facile et plus confortable une morale toute faite et une obéissance
servile à des dogmes soi-disant infaillibles plutôt que de
rechercher avec amour à comprendre et à discerner toujours mieux et
plus justement la volonté de Dieu.
L’esprit
et l’homme développé et exercé au discernement spirituel sait
distinguer ente le bon et le mauvais et même entre le bon et le
MEILLEUR sans qu’il soit nécessaire de lui imposer le joug et
l’aiguillon de la peur.
Ce qui différencie Jésus de Melchisédek
C’est
la manière par laquelle il s’est incarné qui donne au ministère
de Jésus son aspect particulier. Jésus ne s’est pas soudainement
incarné en homme fait. Il a suivi le processus normal de la
naissance et de la croissance physique comme tous les enfants.
Jésus
est devenu homme afin de s’intégrer parfaitement à notre humanité
et nous donner en même temps un exemple qui valait infiniment plus
que toutes les théories.
Jésus
s’est volontairement dépouillé de ses prérogatives divines en
remettant entièrement son sort entre les mains de son Père céleste
(Philippiens 2/ 7 et 8). Il ne faut pas penser qu’il a toujours eu
conscience de sa divinité bien que celle-ci ait été en lui. Mais
il nous est dit que vers l’âge de 12 ans il manifestait déjà la
connaissance intime de la volonté de son Père dans les cieux. C’est
au moment de son baptême, vers l’âge de 30 ans, qu’il semble
avoir définitivement acquis la pleine perception de sa nature divine
comme en témoigne la manifestation du Saint-Esprit à ce moment
précis : c’est donc pleinement conscient de ses pouvoirs et
de sa nature qu’il commença son ministère.
Pendant
toute sa carrière terrestre il est cependant resté soumis à la
nécessité d’avoir recours à la méditation et à la prière pour
rester en contact avec Dieu son Père et connaître les voies et les
actions qui devaient être les siennes. Jamais son obéissance ne fut
celle d’un esclave mais toujours celle d’un fils aimant comme il
l’avait déjà montré dans ses relations avec ses parents
lorsqu’il était enfant.
Il
a dû s’attendre à Dieu pour être instruit sur le chemin à
suivre et sur les meilleurs méthodes à adopter dans les diverses
circonstances de son service. Il a connu les difficiles moments
d’hésitation entre la poussée de ses propres sentiments de
compassion envers les foules et la nécessité de se soumettre au
plan de Dieu quant au moyen et au temps de l’action. Il aurait
certainement aimé intervenir pour libérer son ami Jean Baptiste
emprisonné puis décapité sur l’ordre d’un roi corrompu. Il a
dû crier à Dieu pour être gardé de ceux qui voulaient le tuer et
arrêter brutalement son ministère. Il a dû attendre avec patience
le moment décisif où son Père lui permettrait de s’exposer à
ses ennemis et il aurait désiré mourir d’une autre mort que celle
de la croix.
Jusqu’à
la fin il a recherché la volonté de son Père et il a vraiment
APPRIS l’obéissance par les choses qu’il a souffertes bien qu’il
fut le Fils de Dieu et qu’il disposât de tous les pouvoirs pour
décider de son propre chemin.
Qu’est-ce qu’un salut éternel ?
L’incarnation
volontaire de Jésus et sa parfaite obéissance ont fait de lui
l’auteur d’un salut éternel. Sa vie exemplaire ne doit pas être
considérée comme celle d’un héros qui aurait réussi une
performance mais surtout comme une vie qui peut et doit devenir la
nôtre. A la perfection de son être, ou perfection existentielle,
Jésus a ajouté celle de l’expérience. Sa perfection est donc
devenue absolue.
Mais
si Jésus a pris un tel chemin dans l’expérience de la perfection
humaine c’est dans l’intention de nous entraîner, si on peut
dire, dans le sens inverse : de notre expérience de
perfectionnement humain il veut nous faire atteindre la perfection
divine de l’être. Autrement dit, étant descendu du divin vers
l’humain il nous ouvre un chemin de l’humain vers le divin.
Ceci
donne son plein sens au salut qu’il nous propose et dont il est dit
qu’il est un salut éternel. Comprenons bien ce que cela signifie
car cette notion est restée généralement trop élémentaire dans
l’esprit de la plupart des croyants.
Le
véritable sens du mot « éternel » est qualitatif et non
quantitatif. On ne mesure pas ce salut avec les règles du temps car
il avant tout une qualité de vie et non une certaine longueur de
temps. La grande question n’est pas la perpétuité de l’existence
mais la qualité de cette existence. La vie éternelle est une
succession d’étapes vers des qualités supérieures de vies et
ceci indéfiniment puisque la voie su salut est toujours une voie de
progrès.
Le
salut éternel consiste donc essentiellement en une ascension
constante vers une ressemblance toujours plus parfaite au Fils de
Dieu. C’est ainsi qu’il est dit qu’il peut sauver parfaitement
à cause de son éternelle intercession (7/ 25). Cette intercession
doit être comprise comme étant l’action toujours agissante de son
Esprit en nous pour nous aider à progresser vers cette divine
ressemblance.
Devenons des Maîtres
Nous
restons trop souvent des bébés et des enfants en Christ pour
employer une expression dont Paul se sert en parlant des croyants qui
perdent leur temps à des mesquineries doctrinales et des discussions
sans fin au lieu de tendre vers la perfection de leur caractère.
Les
questions concernant la vie morale, la confiance en Dieu (ou la
certitude que Dieu est digne de confiance), les baptêmes d’eau et
d’Esprit la pratique de l’imposition des mains, la certitude de
la résurrection et d’une justice finale, toutes ces questions sont
élémentaires parce qu’elles constituent la BASE d’une évolution
spirituelle qui ne doit pas avoir de fin ni de limites.
La
foi des croyants se limite trop souvent aux principes élémentaires
de la foi sous prétexte de simplicité. Nous sommes pourtant
exhortés à devenir des hommes faits. S’il est vrai que nous
pouvons passer à côté des principes élémentaires fondamentaux,
nous sommes appelés à aller au-delà. L’écriture n’est qu’un
fondement sur lequel nous devons bâtir avec courage et assurance
l’évolution de notre pensée spirituelle de telle sorte que nous
soyons amenés à faire plus librement, plus spontanément et plus
intelligemment la volonté de Dieu sans être sous la contrainte
perpétuelle de règlements, d’une morale, de devoirs. (Romains 12/
2)
La
grande ambition de Paul pour l’assemblée des Philippiens était de
la voir grandir dans la connaissance de Dieu et il priait avec
ferveur pour que leur amour augmente de plus en plus en discernement
des choses les meilleures. (Philippiens 1/ 9 et 10)
La
nourriture solide demande de l’effort et de la bonne volonté pour
être assimilée et quand un croyant est bien décidé à répondre à
l’appel de sa vocation céleste il peut être certain que notre
Dieu mettra toujours sur son chemin et en temps utile tout ce qui le
stimulera, l’encouragera, l’éclairera et le rassurera.
« Car
on donnera à celui qui a, dit Jésus, et il sera dans l’abondance »
(Matthieu 25/ 29)
Samuel Guilhot 05/10/1969
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