Lectures : Jean 14/ 1 à 14 et Éphésiens 3/ 14 à 21
Quelle
que soit la valeur qu’on accorde aux différentes religions du
monde il est de toute évidence que l’enseignement de Jésus reste
celui qui ouvre à l’homme les plus saines et les plus glorieuses
perspectives quant au temps et à l’éternité.
Cette
affirmation ne veut naturellement pas dire que les chrétiens sont
les meilleurs hommes du monde car ils ne sont trop souvent que des
chrétiens de nom ou de tradition et ne comprennent pas non plus
toujours la véritable portée des enseignements de Jésus. Preuve en
est qu’ils se disputeront plutôt sur la qualité et la valeur de
sa Personne au lieu de découvrir ces mêmes valeurs en pratiquant
les enseignements qu’il leur a laissés. Cela revient à dire ce
que l’on sait très bien en général : un chrétien est
quelqu’un qui a décidé de suivre Jésus. C’est d’ailleurs
ainsi qu’il a appelé ses disciples en leur disant : « Toi,
suis-moi ».
Mais
cela risque d’être un lieu commun que de dire qu’il faut suivre
Jésus pour être un chrétien car il n’en résulte pas toujours
les fruits normalement attendus.
C’est
qu’il y a autant de manière de comprendre cet appel qu’il y a
d’individus qui l’entendent. C’est pourquoi Jésus a choisi ses
disciples en les appelant par leur nom c’est-à-dire en tenant
toujours compte de leur personnalité particulière.
On
a fait beaucoup de tort au message de Jésus en obligeant souvent les
gens à penser uniformément et à ressentir identiquement son appel.
Cela a abouti à une déplorable fragmentation des esprits où chacun
s’est cru l’unique dépositaire des vraies façons de comprendre
la Vérité. Que ceci soit resté le trait particulier de certains
chrétiens ou soit celui de certaines églises, officielles ou non,
peu importe. Cela ne change rien au fait que chacun peut et doit
avoir un contact personnel avec Jésus et qu’il ne peut y avoir
d’autres preuves de la réalité de ce contact que celles marquées
par les radicales transformations de son existence en qualités et
valeurs spirituelles. On ne peut prétendre être chrétien sans
chercher à devenir ce que Jésus était : un Fils de Dieu.
Que signifie suivre Jésus ?
Personne
ne peut le savoir à moins d’avoir d’abord sincèrement décidé
de le suivre. Lorsque Jésus dit qu’il est lui-même le chemin cela
signifie que ce chemin ne peut être découvert et connu que par une
décision et un contact personnel. Aucune forme extérieure de
religion ne peut remplacer cette nécessité ou alors c’est la
négation et la ruine de la personnalité humaine et de sa libre
volonté. C’est quand on a sincèrement décidé de suivre Jésus
que commence l’apprentissage de l’unification des deux volontés
en jeu : celle de Dieu et celle de l’homme.
La
religion de la peur doit être bannie plus que jamais et c’est « un
voleur d’âme » celui qui impose sa religion par la peur. La
volonté de Dieu n’est pas une chose contraignante comme on le
croit souvent mais une invitation à la volonté humaine pour
s’accorder et s’harmoniser avec celle de Dieu. Ainsi celui qui
suit de tout son cœur le chemin de Jésus s’aperçoit qu’il aime
ce chemin parce qu’il est aussi le sien.
Différents points de départ pour un même but
Il
est frappant de constater combien sont différents les expériences
qui ont amené chacun à découvrir son besoin de Dieu et déterminé
sa décision de suivre Jésus. Mais ce qui est important c’est
surtout de reconnaître que nous sommes tous appelés à une vocation
unique : celle d’être des fils de Dieu et de ressembler de
plus en plus à note Père non seulement en nature et en qualité
mais aussi en action. C’était d’ailleurs le désir de Jésus que
ses disciples soient aussi là ou lui-même se préparait à aller.
D’où
que nous partions, le but reste donc la progression vers les cieux
ou, pour être plus clair, vers les étapes successives de
l’éternelle existence en vue de réaliser le plan de Dieu pour
toutes ses créatures.
Un
être normal cherchera toujours à améliorer ce qu’il est et ce
qu’il a. Sans ce désir, il n’y aurait jamais eu ni progrès ni
civilisation. Si nous trouvons que le progrès matériel de
l’humanité est formidable, il reste néanmoins handicapé par
l’absence du désir de progresser moralement et spirituellement.
Quand
l’homme s’imagine que la recherche d’une saine spiritualité
risque d’amoindrir sa personnalité et son progrès matériel il
fait une grossière erreur. Il est clairement prouvé que ce sont
toujours les meilleurs chrétiens qui sont les meilleurs ouvriers
parce que plus ouverts dans leur compréhension et plus
consciencieux. Il en est ainsi dans tous les domaines et le meilleur
des hommes de la terre devient encore meilleur quand il joint à ses
qualités humaines celles de la nature divine que Jésus communique à
ceux qui le suivent.
S’il
est vrai que certains pays des plus retardés sont cependant le plus
spiritualistes par l’importance du concept religieux dans leurs
structures nationales c’est parce que ce système religieux est
sclérosé et dogmatisé à l’extrême et n’est pas vivifié par
une constante purification visant la libération de la pensée
humaine, son affranchissement de la peur superstitieuse et la
découverte d’un Dieu vivant et personnel qui aime l’individu et
l’attire à lui comme un Père attire son fils.
Si
un abîme infranchissable sépare note corps physique et matériel
des univers spirituels et célestes, nous ne sommes pas pour autant
des êtres isolés. Il existe une voie de communication par où se
font les échanges entre créateur et créature et c’est la voie de
la foi. La foi est avant tout une attitude de l’esprit humain qui
s’ouvre à l’influence bénéfique de l’esprit divin. Il est
vrai qu’il peut exister des influences mauvaises dans es domaines
de l’invisible mais elles sont sans effet sur celui qui recherche
sincèrement la volonté de Dieu, ce qui est bon et ce qui favorise
la pratique de la droiture mentale.
Cette
foi n’est pas une attitude négative qui attend les évènements
avec passivité mais elle s’exprime par la prière spontanée et
confiante. La valeur des mots employés dépend de l’éducation
intellectuelle de celui qui prie mais l’efficacité de sa prière
n’en dépend pas. C’est le contact d’esprit à esprit qui est
important et qui se manifeste par cette heureuse certitude qui
caractérise les vrais enfants de Dieu. C’est le premier stade
d’une évolution spirituelle dans le chemin que Jésus nous a
ouvert vers son Père céleste : « Je m’en vais vers mon
Dieu et vers VOTRE Dieu, vers mon Père et VOTRE Père. »
L’exemple
de la vie familiale est un premier signe de la vie céleste qui nous
permet de comprendre et d’apprécier par avance l’éternelle
bonté paternelle de Dieu qui nous attirera indéfiniment vers lui.
Jésus veut conduire ses disciples où lui-même se trouve
Il
déclare en effet que là où il va il leur préparera une place.
Jésus dit qu’il va vers son Père et nous montre ainsi le but vers
lequel nous irons aussi. Il est écrit que lorsqu’il est monté
vers son Père, il a traversé les cieux ou, en langage plus moderne,
il a traversé les univers de la création pour se retrouver à la
droite de la Majesté Divine, source et cause première de toute
chose. Inutile d’essayer de concevoir en imagination ce que cela
peut représenter dans la réalité céleste, nous en sommes
parfaitement incapables pour l’instant bien que nous sachions que
cette réalité existe.
Si
Jésus a été actif sur la terre, il l’est toujours dans les
Royaumes Célestes et cette activité est à la mesure de sa suprême
élévation en pouvoirs et en sagesse. C’est en cela que réside
l’extraordinaire destinée des Fils de Dieu : ils sont appelés
non seulement à acquérir sur terre un commencement de ressemblance
avec leur Maître mais aussi à devenir de plus en plus ses
collaborateurs dans l’action. Ils le sont déjà dans une certaine
mesure mais ceci n’est qu’un prélude et une préparation à des
œuvres plus grandes et plus glorieuses que tout ce qui peut être
imaginé de plus grand et de plus glorieux sur terre.
Toutes
les religions ont cherché à pénétrer le mystère de l’au-delà
mais les solutions qu’elles proposaient ont augmenté souvent la
confusion et noyé l’espérance dans des formes d’existence dans
consistance et sans attrait.
Même
si nous ne pouvons imaginer la nature nouvelle des mondes à venir,
et nos arrières grands-parents étaient loin de pouvoir imaginer les
inventions de notre monde actuel, nous sommes en mesure de savoir que
tout doit aller vers des formes supérieures, donc plus
satisfaisantes et toujours mieux adaptées à nos désirs les plus
élevés et les plus nobles.
Rien
n’est plus désespérant et lassant que d’essayer de trouver une
signification à notre existence sans l’apport de cette perspective
éternelle. Un homme dont la vie a été un échec est quand même
une créature doué d’une qualité de valeur impérissable par le
simple fait qu’il est capable de reconnaître son échec. C’est
une preuve qu’il est fait pour réussir et s’épanouir et son
échec peut justement avoir déjà contribué à le préparer à son
existence future. Les vraies réussites sont ailleurs que sur la
terre parce que dans les mondes célestes les acquisitions sont
définitives, inflétrissables et infinies dans leurs heureuses
répercussions.
Jésus
a franchi les portes de la mort pour nous donner l’exemple de la
vie qu’il possède et qu’il désire nous communiquer. Suivre un
tel Maître n’est pas une servitude mais une libération
continuelle de notre esprit et de nos espérances. Si nous voulons
commencer l’apprentissage de note future destinée, commençons
déjà par considérer que cette présente existence a sa raison
d’être et remercions Dieu d’en avoir l’assurance. Nous pouvons
dés maintenant goûter la joie du ciel en le considérant comme note
but, note trésor et l’objet, supérieur à tous les autres, de
notre recherche et de notre foi.
Plusieurs demeures dans la maison
Le
sens de cette phrase nous apparaît clair quand nous donnons au mot
« demeure » son sens de séjour provisoire ou d’étape.
La Maison du Père constitue le vaste et inimaginable ensemble de la
création organisé en « demeures » par lesquelles passe
le chemin de Jésus. Il s’agit là en réalité d’une perpétuelle
ascension au travers des différentes phases d’expériences à tous
les niveaux de l’existence céleste vers la compréhension de
l’incompréhensible absolu divin et de sa qualité Paternelle et
Personnelle. C'est-à-dire que l’émerveillement et l’attrait de
l’amour divin resteront à toujours les stimulants fondamentaux de
la vie céleste.
Croyez
bien que ce langage n’est pas de la fantaisie ; l’apport des
découvertes de la science nous aide aussi à mieux comprendre
certaines choses même dans le domaine biblique.
De
plus en plus l’univers apparaît aux regards des chercheurs comme
un ensemble extraordinairement organisé qui devient l’expression
visible d’une pensée intelligente et douée de personnalité et de
volonté. Et ceci n’est encore qu’une conception très sommaire
de ce qu’il reste à découvrir. Mais ce qui est intéressant pour
nous et nous permet d’être, dans un sens, en avance sur la science
des hommes c’est la certitude que cet univers est rempli de
glorieuses sphères occupant leur place dans l’espace infini et
servant de cadre à l’évolution spirituelle et à la progression
constante de toutes les créatures de Dieu. Éphésiens 3/ 15 est
particulièrement révélateur à ce sujet et d’autre passages de
l’Ecriture que le chercheur attentif peut encore découvrir.
Le trouble des disciples
Ils
n’avaient pas, comme nous, l’arrière plan historique qui leur
aurait permis de comprendre beaucoup de choses dans ces heures
angoissantes précédant le départ de leur Maître bien-aimé.
C’est
au moment précis où Jésus parle ouvertement de ce qu’il a
l’intention de faire, au moment où ils commencent à percevoir la
supériorité divine de leur Maître et le but qu’il place devant
eux, c’est à ce moment qu’il parle de les quitter !
Ils
ressentent profondément comme une impossibilité absolue de réaliser
seuls et pendant leur vie terrestre le programme missionnaire que
Jésus a commencé avec eux.
Ce
qu’ils ne comprenaient pas encore c’était la portée universelle
et éternelle de l’œuvre de Jésus. Le court chemin terrestre
était évidemment insuffisant pour un tel but de rédemption et de
perfection mais Jésus les encourage d’une façon très
particulière en leur disant « Croyez en Dieu et aussi en Moi,
au moins à cause des œuvres. »
La signification des œuvres de Jésus
Dans
tout ce que Jésus a été et a fait pour ses disciples il a révélé
une affection et une sollicitude réellement paternelle. Il était,
il est vrai, de leur génération et plus ou moins à peu prés du
même âge et se considérait comme leur frère ainé. Mais sa
maturité spirituelle, intellectuelle autant que professionnelle lui
donnait un incontestable ascendant et, comme tout fils ainé de son
temps, il savait assumer une responsabilité paternelle. Il avait été
à une bonne école dans sa propre famille auprès de ses frères et
sœurs. Il était donc leur éducateur et se proposait de les
conduire très loin et très haut dans la connaissance de leur Père
céleste qu’il révélait constamment dans tout son comportement.
C’est
pourquoi il rassure ses disciples qui croient que tout va finir avec
son départ. En réalité, tout ne fait que commencer et s’ils ont
prouvé leur foi en Dieu, il faut que celle-ci progresse vers la
confiance filiale en l’amour paternel de ce même Dieu.
Nous
pouvons croire en la toute puissance de Dieu mais il nous faut encore
apprendre à le connaître plus intimement et plus personnellement en
croyant qu’il est exactement pour nous ce que Jésus a été avec
et pour ses disciples. Nous devons l’aimer comme un Père cat c’est
comme ses propres enfants que lui-même nous aime.
Ceux
qui comprennent cette vérité seront toujours solidement armés pour
résister aux assauts possibles et imprévus des épreuves
terrestres. C’est surtout dans les heures difficiles que se
remarquent les vrais fils de Dieu. Même s’ils ne sont guère
encouragés par leurs propres conditions d’existence ici-bas, ils
savent que cela n’influence en rien le bénéfice éternel de leur
foi persévérante en la bonté de leur Père céleste. Sur les
innombrables sphères de l’univers divin le chemin est déjà tracé
pour de glorieuses entreprises où les infirmités et les déceptions
n’ont plus cours. Celui qui peut faire infiniment au-delà de tout
ce que nous demandons ou pensons ne décevra jamais les siens.
C’est
à l’échelle de l’éternité qu’il faut comprendre l’œuvre
de Jésus et non uniquement à celle de notre brève existence
matérielle.
Demander au nom de Jésus
Prions
et demandons mais apprenons à le faire vraiment au NOM de Jésus
c’est-à-dire comme des fils, comme si c’était lui qui
demandait. Demander n’est pas gémir ou supplier en essayant
d’expliquer à Dieu ce qu’il a l’air de ne pas comprendre.
Prier vraiment est une expression de la volonté bien arrêtée de
recevoir le nécessaire pour l’accomplissement de la volonté de
Dieu. Nous ne sommes pas des étrangers dans la Maison de notre Père
pour nous entraver dans des formules conventionnelles, c’est
pourquoi nous devons être simples et spontanés et devenir de plus
en plus conscients du lien familial qui nous unit au Seigneur.
La
maison de notre Père est remplie de serviteurs célestes et dévoués
et ces nombreux ordres d’agents divins connaissent parfaitement la
volonté de Dieu à leur égard.
Ils
savent très bien s’occuper de nous en temps toujours opportun si
nous restons confiants dans l’affection infinie du Père pour ses
enfants.
Les Écritures nous parlent souvent de ces fidèles ministres célestes
mais n’oublions pas qu’ils ne sont pas là pour satisfaire nos
caprices mais pour nous éduquer afin que, sortant de l’enfance
spirituelle, nous devenions de véritables fils de Dieu capables de
toujours mieux discerner, aimer, faire et comprendre la volonté de
notre Père.
C’est
à ce stade là de notre évolution spirituelle que nous pouvons
prendre pour nous cette promesse de Jésus : « Demandez ce
que vous voudrez et cela cous sera accordé ».
Samuel
GUILHOT 19/
10/ 1969
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