La
chair et l’esprit voilà bien deux éléments que l’on considère
habituellement comme inconciliables, s’opposant continuellement
l’un à l’autre en entraînant l’homme dans un perpétuel
conflit. La philosophie et la théologie se sont beaucoup penchées
sur cet épineux problème sans qu’il en résulte toujours des
résultats pratiques pour le bonheur et l’affranchissement de
l’individu. Bien au contraire, les attitudes psychologiques ont
très souvent été faussées par une piété mal comprise et mal
définie avec toutes les répercussions plus ou moins désastreuses
que cela peut avoir dans le domaine des rapports sociaux et
religieux.
Il
faut, une bonne fois pour toute, comprendre que le but d’une vraie
religion est la LIBÉRATION de l’individu et non son asservissement
et que la peur de l’erreur doit laisser la place à l’amour de la
vérité.
Ce
qui est en tout cas incontestable c’est que Dieu ne peut avoir créé
la chair et l’esprit pour en faire des antagonistes et rendre ainsi
l’homme malheureux. Ce qui nous rend malheureux c’est notre
ignorance de la réalité et non la réalité elle-même.
Ce
que Paul écrit dans Galates 5.7 à propos du fait que la chair a ses
désirs contraires à ceux de l’esprit, et inversement, est pour
souligner la nécessité de rétablir en l’homme un ordre perturbé
par la méconnaissance de la volonté divine et de ses buts. Il est
normal que la chair, en tant qu’organisation physico-chimique et électrochimique constituant l’individualité matérielle de
l’homme, réagisse et se défende devant l’agression et les
tentatives d’étouffement qui lui sont imposées. Si trop souvent
les humains ont délaissé ou abandonné la pratique de la vie
religieuse et spirituelle c’est parce qu’ils ont cru à ces
prétendus conflits inévitables et ont redouté le déséquilibre
mental et la perte de leur individualité.
L’exemple de l’homme Jésus
Le fait que Jésus se soit incarné
est déjà le signe certain que notre vie, notre existence dans la
chair, n’est pas condamnable en soi mais qu’elle a parfaitement
sa raison d’être dans le plan divin. Remarquez bien que notre
texte ne condamne pas la chair mais le péché dans la chair. C’est
ce péché dans la chair qui dénature et trouble sa vraie valeur et
sa fonction normale. Si Jésus a vécu dans la chair sans commettre
le péché c’est parce qu’il a parfaitement harmonisé les
différents composants de son individualité sans en brimer ni en
supprimer aucun. Il n’était pas un pur esprit,, il n’a pas vécu
dans l’abstraction, il était vraiment homme, parfaitement
équilibré, sachant se réjouir avec les siens et partager la joie
des autres aussi bien que leurs peines, connaissant à fond son
métier et se servant avec adresse de ses outils et capable également
de communiquer à ses auditeurs le souffle d’une grande élévation
spirituelle en même temps que les arguments d’une intelligence
éclairée.
Le
péché est tout e qui trouble et transgresse les lois d’ordre,
d’harmonie et d’équilibre qui sont la noblesse et la beauté de
l’être humain. Ce qui déshonore Dieu c’est ce qui déshonore
l’homme et Jésus a parfaitement honoré Dieu pare qu’il a été
parfaitement homme.
L’homme moral
Il
commence par naître dans une habitation matérielle, son corps
physique. On peut dire que le nouveau-né est matériellement
conscient de son existence en ce qu’il réagit à la faim et à la
souffrance. Toute son éducation devra consister à l’aider à
prendre conscience qu’il est aussi et essentiellement une pensée.
Si
la chair est en mesure de pressentir les réalités matérielles,
elle reste cependant sourde et aveugle concernant les réalités
spirituelles.
Mais
il faut aussi parler de cet autre élément fondamental et quelque
peu mystérieux de l’individualité humaine qui est sa PERSONNALITÉ. C’est elle qui devra décider de l’orientation de
la pensée soit pour se matérialiser et se figer dans des
préoccupations uniquement matérielles et terrestres, soit pour
s’élever et se spiritualiser au contact des vraies valeurs
spirituelles.
Il
est donc indispensable que la VOLONTÉ ente en jeu et décide si oui
ou non elle permettra à la pensée de rechercher et de percevoir ce
que Jésus a promis à tout homme : l’esprit de vérité.
Ce que Jésus appelle la nouvelle naissance dans Jean 3.3 est précisément cette expérience de prendre plus ou moins conscience de cette réalité supérieure qui est celle de l’Esprit au travers duquel s’ouvre le monde divin, le royaume de Dieu.
La loi de l’Esprit est la loi de la liberté
Prendre
conscience de cette présence divine apporte toujours, non seulement
une grande joie, mais déclenche en même temps un processus de
libération intérieure qu’il convient de favoriser par une saine
et persévérante recherche des lois de l’esprit. Il n’y a rien
là de compliqué quand on aspire simplement et sincèrement à mieux
connaître Dieu et à aimer faire sa volonté.
On
naît de l’Esprit comme on naît de la chair c'est-à-dire avec
tout le dispositif qui détermine et entraîne la croissance et le
développement de l’être vers la maturité. La loi de l’Esprit
est un principe actif par lequel est assurée la croissance
spirituelle à condition que nous ne lui fassions pas obstacle par
notre libre volonté. C’est comme une loi de gravitation
spirituelle qui nous attire même si nous sommes intellectuellement
incapables de définir et de comprendre ce mystérieux phénomène.
C’est
pourquoi celui qui aspire de tout son cœur à connaître Dieu dans
une relation personnelle et directe sera attiré vers lui et viendra
à bout de tous les obstacles possibles que l’ignorance ou le
conformisme pourront dresser devant lui.
La
liberté spirituelle est un DROIT SACRE pour tout individu et le rôle
des éducateurs spirituels sera et devra toujours être de contribuer
efficacement à cette libération.
Les rapports de la chair et de l’esprit
La
religion a fait un mal terrible en s’opposant à la chair, en la
mutilant ou el la mortifiant au lieu de travailler à la libération
de la pensée et de l’esprit. Ce n’est pas d’être condamnée
ou étouffée que la chair a besoin mais d’être AIDÉE et elle ne
peut l’être que par ce qui lui est SUPÉRIEUR c'est-à-dire
l’ESPRIT. C’est en éduquant l’esprit dans la sincérité et
l’amour de la vérité qu’on libère la chair de ses handicaps
pour accomplir la volonté de Dieu.
La
chair livrée à elle-même ou brimée par une morale de pure forme
ne peut que ressentir douloureusement son incapacité de vivre selon
la justice et la sainteté de Dieu. Elle a été crée pour servir de
véhicule matériel à l’Esprit et, comme véhicule, elle a besoin
d’un conducteur et celui-ci, comme tout conducteur, a besoin
d’apprendre à conduire. C’est ce qui justifie amplement
l’éducation spirituelle et la connaissance du vrai code de la vie
qui permet d’atteindre le but en toute sécurité.
Ce
code ne peut être un dogme rigide ou une doctrine purement
intellectuelle. Il est avant tout la présence réelle d’une
parcelle d’Esprit divin par laquelle Dieu est à nos côtés et
au-dedans de nous pour nous communiquer la compréhension spirituelle
et l’amour de sa volonté.
Si
la naissance d’esprit peut être soudaine, il ne faut pas
s’imaginer qu’il en est ainsi pour le perfectionnement spirituel.
Celui-ci demande du temps, de la persévérance et la formation d’une
expérience qui met à profit justement toutes les vicissitudes et
les imprévus de l’existence terrestre.
La supériorité qualitative de l’Esprit
On
pourrait facilement objecter que la vie matérielle est trop
absorbante pour permettre une culture suffisante de la vie
spirituelle. Combien de fois n’a-t-on pas entendu les gens dire
qu’ils n’avaient pas de temps pour consacrer un moment à Dieu !
Mais il n’y a que celui qui VEUT qui peut trouver le temps
nécessaire et celui-là se rendra vite compte que le simple fait de
son évolution spirituelle le rend plus sage et plus éclairé et
qu’en définitive il évite beaucoup de perte de temps par une
meilleure conduite de ses affaires matérielles.
Une
tradition digne de foi nous rapporte que Jésus a dû, très tôt,
prendre l’entière responsabilité morale et matérielle de sa
famille à cause de la mort prématurée de son père. Cette
éventualité est parfaitement acceptable quand on considère la
mission terrestre de Jésus qui était de nous montrer un exemple en
toute chose. Quoiqu’il en soit, il a su intégrer dans ses
obligations sociales et familiales les énergies vivifiantes de
l’Esprit.
Quand,
vers l’âge de trente ans, il a dû se consacrer uniquement à sa
mission spirituelle, il a prouvé que ces années ne furent pas
perdues pour sa formation humaine parce que ses préoccupations
spirituelles avaient toujours été prédominantes. Les trois années
qu’il passa ensuite à proclamer son message et qui ne
représentaient que le dixième de son existence ont, par leur
qualité spirituelle, d’incalculables conséquences pour la vie
matérielle de l’humanité sans parler des perspectives infinies
ouvertes à l’esprit de l’homme.
Il
en est ainsi pour ceux qui savent trouver une place dans leur vie
pour les valeurs spirituelles ; même leur vie matérielle peut
s’en trouver profondément et modifiées de façon bénéfique. « Un
jour dans tes parvis vaut mieux que mille ailleurs » dit le
Psaume 84.11.
Les qualités prédominantes de l’Esprit
Il
ne faut pas confondre avec la brillance orgueilleuse et ostentatoire
de quelques humains fiers de leurs talents. TOUT HOMME peut être
pourvu de qualités spirituelles et il l’est incontestablement
quand il fait preuve de bonté, de fidélité, de vérité, de
miséricorde et de justice en exprimant sa joie de connaître et de
faire la volonté de Dieu.
C’est
précisément en cela que la chair trouve sa vraie place et sa vraie
fonction ; quand elle est le moyen matériel d’exprimer ces
divines qualités.
S’affectionner
uniquement aux choses de l’Esprit c’est se placer sous le pouvoir
d’une énergie indépendante du temps et des limitations
matérielles parce qu’éternellement progressive. C’est vraiment
une puissance d’espérance et de vie. Les limitations temporelles
de la chair ne pourront jamais empêcher la croissance éternelle de
la vie spirituelle.
S’affectionner
aux choses de l’Esprit ne veut pas dire lutter contre la chair mais
apprendre à s’en servir pour accomplir la volonté de Dieu et
exprimer les qualités supérieures de la loi de l’Esprit. Dans les
Proverbes 19.10 et 30.21, il est montré que l’esclave n’a pas la
capacité de prendre la place du prince et qu’autrement il en
résulte du désordre et du malheur.
L’Esprit
est prince et quand il apprend à garder sa place et assume ses
responsabilités, tout le reste se range sous son autorité et
l’homme est ainsi armé pour assurer la maîtrise de son royaume
intérieur et l’ordre de sa vie matérielle.
Le rôle de l’Esprit de Dieu
Dieu
étant esprit, il ne peut se satisfaire que de l’élévation
spirituelle de sa créature à sa ressemblance. Notre expérience
humaine nous monte combien les valeurs immatérielles sont de
première importance dans la vie : on se passe plus facilement
de pain que de tendresse et l’homme le plus riche de la terre ne
saurait être heureux s’il est privé d’affection.
Aimer
Dieu est plus que seulement croire à son existence. C’est
s’attacher à lui pour être spirituellement enseigné et éduqué
et c’est se préparer à recevoir un jour dans l’univers céleste
un corps nouveau et infiniment plus perfectionné et adapté pour
exprimer de plus en plus les qualités illimitées de la nature
divine.
C’est
pourquoi la question de la vie de l’Esprit est liée à une
promesse de résurrection car il est impossible que finissent ou
s’éteignent un jour les valeurs spirituelles qui commencent à
s’acquérir dans l’existence matérielle présente.
L’Esprit
de Dieu en nous est vraiment le germe d’une nouvelle vie et nous
faisons bien de ne négliger aucune occasion de l’entretenir et de
la nourrir convenablement et régulièrement par tous les moyens mis
à notre portée et que nous aurons toujours la liberté de refuser
ou d’accepter.
A
celui qui VEUT, dit Jésus, je donnerai de l’EAU VIVE et il n’aura
plus jamais soif;
Samuel
GUILHOT 28/
09/ 1969
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