Lecture : Romains 5/ 1 à 5
Le mot FOI est devenu un terme
ambigu qui, dans l’esprit de la plupart des gens, se limite à
définir leur pensée personnelle au sujet de la religion : on
est de foi catholique, protestante, juive, musulmane ou autre ;
on a la foi si on est pratiquant et on ne l’a pas si on ne pratique
pas sans que cet autre terme « pratiquer » ait pour
autant une signification précise et claire. En fait la foi se résume
trop souvent à une question sentimentale, partisane de morale ou
d’éthique, sans avoir une réelle incidence sur l’évolution et
la libération spirituelle de l’individu.
La FOI pour être vraie et
efficace a besoin d’un solide point d’appui qui réponde
entièrement aux exigences de notre conscience et aux besoins de
notre cœur. On ne saurait mieux avoir que le message de Jésus dont
toute la vie humaine s’est mise dans le sillage de la nôtre avec
ses joies et ses peines de la naissance jusqu’à la mort. Le
prolongement surnaturel et divin de cette existence ne se vérifie
pas seulement théologiquement mais est accessible SANS
DISCRIMINATION à tout homme qui veut sincèrement en faire preuve
dans sa propre expérience. Bien que Jésus n’ait plus un corps
matériel visible l’efficacité et la réalité de sa Présence
sont des faits indiscutables d’expérience pour ceux qui
s’attachent à sa personne et le considère comme l’unique source
et l’unique but de leur progression spirituelle.
L’esprit de vérité atteint tous les hommes
Contrairement aux pratiques de la
magie, l’efficacité de la foi ne dépend pas de sa formulation. Si
les hommes n’arrivent pas à être satisfaits de ce qu’ils ont,
s’ils aspirent après plus de justice et de liberté, s’ils
rejettent délibérément les asservissements de la religion et font
profession d’athéisme, c’est une preuve qu’ils aspirent au
vrai et à une satisfaction réelle dans les profondeurs de leur
esprit. L’idée de liberté et de justice sont des valeurs
immatérielles et c’est pourquoi le pur matérialisme n’existe
pas.
Il faut que les hommes arrivent à
comprendre que le message de Jésus ne peut être monopolisé par
aucun système humain religieux ou philosophique, que ce message n’a
pas pour but de les river à une forme statique d’existence
ennuyeuse et pénible mais qu’il vise au contraire à les libérer,
à les ennoblir et à les élever dans une ÉTERNELLE progression vers
Dieu son père.
Si des questions insolubles se
posent à vous au sujet de Dieu c’est tout à fait normal mais
n’oubliez pas que les solutions se trouvent EN Dieu et que la
première démarche qui doit être la nôtre est, par conséquent, de
LE chercher. Dieu est la lumière qui éclaire Dieu.
La foi et la grâce
La grâce non plus n’est pas
toujours correctement comprise et elle a pour beaucoup de gens une
couleur un peu magique par les exercices rituels qu’ils croient
devoir s’imposer pour l’atteindre. Recevoir la grâce divine
n’est pas une pieuse abstraction qui fournit à l’homme une vague
raison d’espérer en la clémence de Dieu. La foi ne consiste pas
en une attitude suppliante et mercenaire pour essayer de persuader
Dieu d’être bon et miséricordieux, ou un moyen de calmer sa
colère comme s’il avait une nature coléreuse et irritable.
La foi consiste au contraire à
découvrir que Dieu est bon et miséricordieux. Elie, le prophète du
jugement, a dû en faire une extraordinaire constatation quand, après
de terribles manifestations de puissance, Dieu, s’est révélé à
lui dans le silence, d’une voix douce et subtile (1 Rois 19.12 et
13).
La grâce n’est pas un
accessoire surajouté à l’action divine par l’œuvre de Jésus
mais au contraire l’essence même de la nature divine révélée
par cette œuvre de Jésus. On peut dire en toute certitude que
l’œuvre de Jésus est elle-même la conséquence directe de la
nature essentiellement bonne et miséricordieuse de Dieu.
Si la foi nous conduit à une
telle découverte c’est parce que Dieu a rendu possible cette
expérience et qu’elle devient toujours réelle pour celui qui s’y
engage. Jésus en qualité de Fils de l’Homme montre la relation
normale qui doit être celle du croyant avec son Dieu : Dieu
veut traiter ses créatures comme ses propres enfants, son amour est
un amour paternel. Il n’ignore rien de nos misères mais nous ne
sommes pas sans valeur à ses yeux. Si la grâce est une valeur
gratuite, elle est motivée par le fait que Dieu n’est pas un homme
pour jeter le manche après la cognée et qu’il n’a donc jamais
eu l’intention d’abandonner à son sort malheureux une création
éprouvée par le mal et le péché.
La grâce et la justice divine
Il est facile de juger de la
culpabilité d’une création d’une création égarée dans le mal
mais c’est encore là une abstraction philosophique car la création
se compose d’individualités qui sont loin de disposer de toutes
les lumières et des encouragements désirables et nécessaires pour
se frayer un chemin sûr au travers et au-delà des ombres de leur
matérialité. Il faut constater le poids énorme et écrasant des
conceptions mentales erronées sur la divinité et la religion pour
comprendre qu’il est difficile d’attendre mieux de cette
humanité.
La justice de Dieu joue donc
primordialement dans un sens libérateur plutôt qu’accusateur bien
que nous ne discernions pas toujours la valeur et la portée des
procédés divins pour atteindre ce but libérateur.
Dieu sait très bien ce qu’est
l’imperfection humaine et il ne reproche pas à l’homme de
n’avoir pas acquis ce qu’il n’a eu ni le temps, ni les moyens
d’acquérir. Il ne lui reproche rien, il lui demande quelque
chose ; c’est de vouloir ÉCOUTER.
L’Esprit de vérité ne s’impose
pas comme une voix criarde, elle est comme une onde qui enveloppe la
terre et qui cherche à se faire entendre dans le fond des
consciences humaines et provoque ainsi ces vagues d’insatisfaction
et de révolte qui font croire à une fin prochaine de la société
humaine. Cette façon un peu paradoxale de voir les choses est
justifiée par la certitude que la sagesse de Dieu peut apparaître
comme une folie à la logique bornée de l’intelligence humaine (1
Cor. 1.25). L’humanité aspire fondamentalement au bonheur et à la
justice. Elle s’y prend mal pour atteindre ses buts et retarde
ainsi considérablement l’avènement des temps attendus. Mais
comprenons bien que ces crises sont des crises de croissance dues à
l’action plus ou moins perceptible de l’Esprit de vérité. En
vérité, Dieu s’occupe du monde bien plus qu’on ne le pense.
Toutefois, sur le plan individuel,
chacun peut faire une échappée et éviter le retard en laissant
déjà s’installer le Royaume de Dieu dans son propre cœur. C’est
un signe certain de la réalité de la grâce quand un individu se
plait à pratiquer la justice et à semer la paix. La grâce ne
remplace pas la justice par une intelligence arbitraire, elle
accomplit la justice de Dieu dans le cœur et la vie de l’homme,
quand celui-ci consent à ÉCOUTER cette voix intérieure qui
l’appelle à la FOI.
Demeurer ferme dans la grâce
Cette fermeté dont parle notre
texte est le fait d’un choix continuel qui consiste à refuser de
plus en plus la religion de la peur de Dieu pour n’agir et n’obéir
que par amour. La peur et la contrainte ont toujours été à
l’origine du fanatisme, de l’intolérance et du sectarisme.
Trouver le vrai Dieu c’est
entrer dans un monde dans un monde de confiance et de liberté où
l’amour du bien remplace la peur du mal. Il est donc important de
s’affermir dans la grâce pour déblayer le terrain du subconscient
des accumulations négatives du passé (2 Pierre 3.18).
L’Espérance de la gloire de Dieu
Il est écrit que tous les hommes
sont privés de la gloire de Dieu (Romains 3.23). Cela ne signifie
pas qu’elle leur est interdite mais qu’ils sont incapables par
eux-mêmes d’en bénéficier s’ils demeurent loin de Dieu.
Puisque c’est la gloire de Dieu, ce n’est qu’EN Dieu qu’ils
la trouvent.
Cette espérance de la gloire de
Dieu n’est pas un vain mot car elle correspond exactement aux plus
chers désirs des hommes, à ces désirs qui paraissent les moins
réalisables : libération du corps matériel, acquisition d’un
corps supérieur exempt de souffrance et de mort, épanouissement
continu dans la joie, la connaissance, le perfectionnement des
facultés et les réalisations créatrices de toute nature.
Aussi impensable que cela paraisse
cette espérance est la plus pure des réalités.
L’inévitable affliction terrestre
Le plus affligeant pour les
humains sont les fardeaux qu’ils ajoutent eux-mêmes au poids de
leur épreuve en se persuadant qu’ils sont des cas uniques. S’ils
pouvaient connaître les confidences que l’on nous fait parfois et
comprendre les situations secrètes de la plupart des gens, ils
réaliseraient qu’au fond, ils ne sont pas les plus à plaindre.
Ce qu’il faut surtout savoir
c’est que l’affliction ne doit pas obligatoirement être subie
avec résignation ou fatalisme. Mes témoins sont plus nombreux qu’on
ne le pense qui pourraient affirmer de quelle façon avec un peu de
foi sincère en la bonté de Dieu les choses peuvent finalement
rapporter plus de bien qu’elle n’ont coûté de mal.
L’homme doit avoir confiance en
lui-même dans ce sens qu’il n’est pas une créature quelconque
jetée au hasard d’un univers qui l’engloutit et l’absorbe. Il
doit avoir la certitude qu’il est un fils du Dieu créateur et
qu’il est inutile d’essayer d’expliquer à Dieu comment on
aimerait que les choses se passent. Sa science est parfaite et sa
sagesse est tout à fait capable de nous aider à unifier notre
volonté avec la sienne afin que nos désirs deviennent les siens en
sorte que le résultat de notre persévérance soit réellement divin
et éternel.
Persévérer c’est réussir
La persévérance n’est pas
comparable à l’entêtement qui est comme une ronde autour de
soi-même. La persévérance ne voit dans les épreuves du présent
qu’une raison de plus pour chercher plus en avant l’issue
victorieuse. Si les afflictions sont inévitables et souvent
indépendantes de notre volonté, celle-ci n’en ai pas pour autant
obligée de les subir passivement. Le but divin s’offre toujours à
notre volonté comme un puissant attrait quand elle en prend
conscience et décide fermement de l’atteindre.
C’est la persévérance dans une
foi confiante et éclairée qui forge nos qualités d’âme et
façonne note caractère à l’image divine.
La persévérance se nourrit des
victoires successives qui consistent à découvrir que les
souffrances du présent ne peuvent se comparer au résultat bénéfique
qu’on en tire pour l’avenir (2 Corinthiens 4.17).
L’accumulation des expériences
fortifie et développe indéfiniment l’aptitude à jouir des
gloires supérieures du ciel.
Cette gloire de Dieu dont l’image
se reflète un peu dans la vaste création n’est pas une vaine
consolation. Le tréfonds de notre y aspire que nous le voulions ou
non. Mais il faut, pour l’apprécier et en jouir, que l’âme
humaine subisse l’éducation nécessaire qui développe son
aptitude.
Lorsqu’il est question de
récompenses et de mérites différents distribués aux humains dans
le royaume de Dieu, cela n’implique pas un partage arbitraire de la
part du Seigneur. Dieu donne tout également mais tous ne peuvent
également apprécier et recevoir ce qui leur est offert.
L’amour est l’essence de toutes choses
C’est dans la même mesure que
l’on connaît Dieu que l’on comprend ce qu’est l’amour. La
foi nous engage dans un tel enchaînement de faits que note esprit ne
peut faire autrement que de constater que tout était finalement
conduit par une loi d’amour. C’est cela trouver Dieu.
Si Dieu ne peut pas être
expliqué, il peut toujours être aimé et c’est pourquoi il sera
toujours accessible à tous les êtres de l’univers. Chercher à
comprendre le mystère de Dieu sans l’aimer c’est aller au devant
de la déception et de la désillusion. Toutes les réponses
concernant la personne de Dieu ne se perçoivent que dans l’amour.
La paix avec Dieu n’est ni plus
ni moins que cette harmonie intérieure de la pensée et de l’esprit
qu’expérimente inévitablement celui qui croit, qui cherche, et
qui aime de tout son cœur et de toute sa force et qui comprend enfin
que la vie éternelle est une réalité du présent et une certitude
pour l’avenir car on ne finit jamais de trouver Dieu et de s’en
réjouir.
Samuel
GUILHOT 21/
09/ 1969
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