Lecture : Exode 15 ;
Apocalypse 15
« Alors
Moïse et les enfants d’Israël chantèrent ce cantique à
l’Eternel. Ils dirent :
«
Je chanterai à l’Eternel, car il a fait éclater sa gloire ;
«
Il a précipité dans la mer le cheval et son cavalier.….
«
… Et ils chantèrent le cantique de Moïse, le serviteur de Dieu,
et le cantique de l’agneau, en disant : tes œuvres sont
grandes et admirables, Seigneur Dieu tout-puissant ! Tes voies
sont justes et véritables, roi des nations ! Qui ne craindrait,
Seigneur, et ne glorifierait ton nom ? Car seul tu es saint. Et
toutes les nations viendront, et se prosterneront devant toi, parce
que tes jugements ont été manifestés. »
Ce
cantique de Moïse, qui fut chanté spontanément à l’aurore de la
création d’un peuple et sera repris avec allégresse à
l’inauguration des temps nouveaux, est tout entier motivé par la
joie de la libération. En dépit de toutes les menaces
d’asservissement, le don précieux de la LIBERTÉ sera éternellement
sauvegardé par le Créateur de l’homme libre. Tout le récit de la
sortie d’Égypte est l’histoire du triomphe de la liberté. Tout
le long drame historique du peuple d’Israël concerne
l’apprentissage de la liberté. Tout le message de Dieu par la
révélation biblique envisage la liberté de tous les hommes et de
tous les peuples.
Ceux
qui aiment la liberté doivent comprendre qu’elle ne peut pas être
seulement physique. Ceux qui connaissent et adorent la vrai Dieu sont
des êtres vraiment libres. Ils le sont vraiment parce qu’ils le
sont en profondeur, dans leur être pensant et affectif. Ils
affirment en eux-mêmes cette liberté par leur volonté de
rechercher le vrai Dieu et de le trouver, directement, sans
intermédiaire, pour eux-même. Ils prennent la liberté de croire
qu’ils ne seront pas trompés par ce Dieu qu’ils cherchent et qui
se révélera au-dedans d’eux, dans ce seul véritable temple où
peut s’établir la seule religion : celle de l’expérience
personnelle.
Le
peuple de l’Egypte était entièrement quadrillé par un réseau
étroit de règlements, de rites et de cérémonies religieuses. Les
âmes étaient esclaves, comme les corps. Cette main mise était si
forte que même les hébreux en subiront une profonde et durable
empreinte. Ils eurent beaucoup de difficulté à comprendre le sens
et la portée de leur libération physique et se rendirent eux-mêmes
trop souvent les esclaves de leur propre système religieux. Il faut
toujours un certain temps aux âmes des hommes pour comprendre la
valeur et la signification de l’idéal le plus élevé qui soit :
celui de la LIBERTÉ SPIRITUELLE.
Toutes
les autres libertés dépendent de celle là. On est confondu de voir
tant de systèmes religieux prétendre proclamer le message de la
vérité tout en évitant de donner aux âmes le moyen de développer
leur propre liberté de penser. La vérité est inconcevable sans la
liberté. Beaucoup trop de chefs religieux imposent leurs façons de
penser et de concevoir la vérité, alors que c’est la vérité
elle-même qui doit orienter la pensée humaine. Et à ce signe on
reconnaît qu’une âme découvre la vérité : elle se libère
de la peur et de la superstition par une connaissance personnelle de
Dieu qu’elle apprend à servir par amour en aimant et en respectant
sincèrement son prochain.
Le cantique de l’agneau
Le
cantique de Moïse est le chant plein d’espérance qui introduit
dans l’expérience d’une libération spirituelle. Il sera
normalement complété par celui de l’agneau parce que l’expérience
aura finalement démontré par quel genre de puissance s’effectue
toute libération spirituelle.
Les
violences et les destructions sont la caractéristique des fausses
libérations. Les libertés physiques n’apportent pas
automatiquement la libération de la peur, du ressentiment ou de la
haine. La pensée et le cœur des hommes peuvent rester les
prisonniers malheureux des faux espoirs, des déceptions et de la
crainte. L’agneau représente celui qui a triomphé de toutes les
formes de violence et de haine PAR LA PUISSANCE DU PARDON. Si Jésus
est appelé l’agneau de Dieu c’est parce qu’il a fait la
démonstration, dans son existence terrestre, de cette vertu
absolument souveraine de la bonté miséricordieuse. Sa force
résidait toute entière dans le caractère de sa vie intérieure
paisible, confiante, parfaitement droite, saine et équilibrée.
Crucifié par l’ignorance d’une humanité qu’il veut sauver,
lié sur le bois d’infamie, il a encore proposé le pardon à ses
persécuteurs. Il était physiquement prisonnier, mais
spirituellement libre ; et c’est CETTE liberté qu’il nous
offre.
La
puissance de l’Esprit de Jésus est infiniment supérieure à toute
autre énergie. Elle est toujours actuelle et devient agissante dans
le cœur de tous ceux qui veulent sincèrement se libérer des
méfaits de la crainte et de la haine. Le pardon de Dieu n’est pas
une affaire qui regarde la théologie, ce n’est pas une
abstraction. C’est un fait réel dans l’âme de celui qui décide
de pardonner aux autres parce qu’il a reçu lui-même le pardon de
Dieu. Le
remède à beaucoup d’angoisses et de névroses se trouve là.
Et vous, gardez le silence. (Exode 14/ 14)
Ils
n’ont jamais été aussi près de la liberté qu’au moment où la
détresse était la plus grande. Ils ne pouvaient pas prévoir
comment s’opérerait leur délivrance et ils s’en tenaient à ce
qu’ils constataient autour d’eux. La délivrance devait d’abord
être dans leur propre cœur ; en exprimant ouvertement leurs
craintes, ils les rendaient encore plus vives. Ils étaient humains,
comme nous tous. Il fallait qu’ils apprennent à garder le silence,
non pas le silence vide de la résignation, mais celui des
certitudes. Non plus le bruit confus des « comment » et
des « pourquoi », mais le silence confiant de celui qui
sait attendre le moment où tout s’explique et se comprend.
La
libération spirituelle a toujours pour conséquence de ne plus rien
placer entre Dieu et soi. Les événements de l’existence sont
désormais perçus au travers de Dieu, et non plus le contraire. Il
en est de même lorsque nous voyons les hommes à travers Dieu. Il
n’y a plus de raison alors de perdre courage, de s’irriter ou
d’avoir peur. L’envie ou la jalousie ne trouvent plus de racines
dans le cœur qui trouve son plaisir en l’Eternel et qui garde le
silence en espérant en lui. (Psaumes 37).
Ne plus
avoir des sentiments amers contre personne, ne plus trembler de peur
devant l’avenir, ne plus craindre de chercher la vérité pour
soi-même là où elle se trouve, ne plus douter de l’affection
paternelle d’un Dieu qui nous connaît parfaitement, n’est ce pas
là la plus grande des libertés !
L'Éternel est un vaillant guerrier (Exode 15/ 3)
Dans le
texte hébreu, cette expression est beaucoup moins nuancée ;
elle se dit littéralement : L’Eternel est un homme de guerre.
On peut se laisser surprendre par de telles expressions qui font que
bien des gens croient que Dieu se plaît à faire la guerre. On dit
même que le Dieu de l’Ancien testament est un Dieu guerrier et
sanguinaire. En parlant ainsi on ne saisit pas la différence entre
le fait des guerres inévitables à cause de l’imperfection
humaine, et le fait de l’intervention divine pour garantir la
survie des valeurs fondamentales et protéger les intérêts
supérieurs d’une humanité en constante évolution. Ces valeurs
sont le respect de la personnalité humaine, et ces intérêts sont
les expériences nécessaires qui permettent à l’homme de
reconnaître son besoin primordial de libération spirituelle.
De
plus, il ne faut pas considérer la guerre toujours sous son aspect
répugnant de cadavres et de ruines matérielles. Il ne faut pas
confondre l’effet avec la cause. Toute guerre a pour origine une
conception mentale particulière de l’existence. Ce sont d’abord
des conflits d’idées qui dressent physiquement les hommes les uns
contre les autres. Ce sont en fait des guerres spirituelles.
L’Apocalypse parle de guerres dans le ciel (12/ 7). Ce sont des
guerres dont nous pouvons avoir une image dans les débats et les
conflits juridiques qui opposent les politiques humaines. Jésus a
connu l’adversité et la nécessité de s’affermir
continuellement dans sa volonté de faire la volonté de son Père
céleste, de faire triompher la justice par la bonté et la
miséricorde. L’apôtre Paul a du combattre jusqu’à la fin de sa
vie le bon combat de la foi. Toutes ces luttes ont été soutenues
sur le terrain du cœur, de la pensée et de l’esprit. C’est à
cause de sa pensée et de son message que Jésus a été combattu, et
c’est à cause de leur étroitesse de cœur et de pensée que ses
persécuteurs ont lutté contre lui. Mais Jésus ne s’est pas
physiquement opposé à eux parce qu’il était spirituellement
libre et qu’il savait que c’est seulement par leur transformation
spirituelle que ses ennemis pouvaient devenir ses amis. Jésus était
le plus fort parce qu’il n’avait pas peur de perdre ses valeurs
spirituelles de justice et de bonté dans la destruction de son corps
matériel.
Jésus
était fort parce que son esprit se nourrissait d’un pain vivant et
pur : la communion spirituelle directe et personnelle avec son
Dieu Père, affectueux, aimant les hommes et désirant se révéler à
eux par le caractère parfaitement humain de son fils incarné.
Nous
comprendrons encore mieux cela quand nous saurons que le mot guerre
signifie dans la langue des hébreux « ce qui est pour le
pain ». La guerre est ce qui permet de subsister. On se bat
pour le pain, mais aussi par le pain qui nourrit le combattant. La
question du pain est donc fondamentale, mais il faut reconnaître
qu’elle est fondamentale surtout parce qu’elle révèle un besoin
SPIRITUEL. Si les hommes se sont battus pour le pain matériel c'est
à cause d’un manque de climat de confiance, de générosité,
d’altruisme et d’amour du prochain.
C’est
pourquoi ce même Dieu, que certains croient guerrier à la manière
des hommes, déclare dans sa Parole : L’homme ne vivra pas de
pain seulement, mais de tout ce qui sort de la bouche de l’Eternel.
(Deutéronome 8/ 3). Jésus s’est proposé aux hommes comme
étant le pain vivant qui descend du ciel, directement. Il le propose
d’une façon concrète et pratique en disant : celui qui me
mange vivra par moi ; cette parole annonce l’effusion de SON
Esprit dans l’esprit de l’homme pour lui communiquer l’énergie
nécessaire à son développement spirituel.
Dieu
est un « un homme de guerre » parce qu’il donne
le pain. Et c’est ainsi que la fin de la phrase de ce verset 3
prend tout son sens : L’Eternel est son nom. Le nom divin
résume en lui-même l’indestructible et l’éternelle existence
de l’Etre. Dieu combat pour amener les hommes à reconnaître leur
besoin de libération spirituelle pour une vie éternellement
progressant dans la lumière et le bonheur. En acceptant d’être
physiquement vaincu et brisé, Jésus a fait la démonstration de sa
victoire spirituelle sur le mal et la mort. Personne n’a pu
s’approprier son corps physique, mais tout homme qui le désire
peut recevoir en lui-même et pour lui-même une part de SON Esprit.
Ce pain vivant de communion spirituelle est directement donné à
celui qui a faim de justice et de miséricorde, et qui veut survivre
au-delà de la mort physique.
Vers les demeures de la sainteté (Exode 15/ 13)
Les
véritables ennemis de l’homme se trouvent dans son cœur et dans
sa pensée, et c’est là qu’ils peuvent être vaincus par
l’effusion de l’Esprit triomphant de Jésus. Ce qui lui fait mal
et le tient captif, ce sont ses propres conceptions erronées sur la
nature du vrai Dieu, son ignorance des réalités spirituelles et son
aveuglement sur les véritables sources de la vie. Le résultat
visible est qu’il n’arrive pas à être vraiment heureux et
satisfait.
Mais,
aussi impressionnante soit-elle, cette armée de faits négatifs peut
être entièrement vaincue par le seul fait positif de la présence
réelle d’une part vivante de l’Esprit de Dieu dans le cœur de
l’homme. La religion n’a aucun sens si elle n’ouvre pas à
l’individu un accès direct dans le royaume du Dieu de la liberté
et de l’épanouissement spirituel. Elle ne doit pas dire :
venez à moi, mais : allez à Dieu et marchez ensemble sur le
chemin du ciel.
Le
miraculeux passage de la mer est encore aujourd’hui symbolisé par
le baptême, rite déjà pratiqué au temps de Jésus. Il a revêtu
une signification quasi magique dans bien des milieux religieux, ce
qui lui donne un caractère entièrement faussé. Mais là où il
garde son sens de témoignage vivant à une expérience
personnellement et consciemment vécue, il est le point de départ
d’une route désormais ouverte sur l’éternité. C’est la route
du développement de la foi et de la compréhension des réalités
spirituelles. C’est la route qui devra traverser les déserts où
surgiront parfois des ennemis bien connus tels que le doute, la
perplexité, l’anxiété ou le découragement. Mais c’est la
route absolument sûre parce que Dieu y accompagne lui-même ses
enfants en éduquant leur foi et leur confiance par les victoires
successives de l’esprit. C’est l’apprentissage de la liberté,
le perfectionnement de l’aptitude à s’en servir pour accéder au
bien le meilleur et à une jouissance toujours plus profonde du vrai
bonheur.
Le
chant de la liberté est chanté par ceux qui ont acquis la
certitude d’être des enfants de Dieu, qui savent que leur chemin
terrestre débouchera inévitablement sur les mondes célestes de la
lumière et de la perfection où pourra enfin se réaliser le
meilleur de toutes leurs meilleures aspirations et de leurs idéaux
les plus élevés. La montagne de Dieu est sur le sommet des
montagnes et c’est là qu’est fondé le sanctuaire de la justice,
de la bonté et de la miséricorde préparé par le Seigneur pour
accueillir ceux qui ont, une bonne fois et volontairement, décidé
d’y monter.
Samuel
GUILHOT
14/06/1970
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