« Écris à l’ange
de l’Eglise de Laodicée : Voici ce que dit l’Amen, le
témoin fidèle et véritable, le commencement de la création de
Dieu :…
« Parce que tu
dis : Je suis riche, je me suis enrichi, et je n’ai besoin de
rien, et parce que tu ne sais pas que tu es malheureux, misérable,
pauvre, aveugle et nu, je te conseille d’acheter de moi de l’or
éprouvé par le feu, afin que tu deviennes riche, et des vêtements
blancs afin que tu sois vêtu et que la honte de ta nudité ne
paraisse pas, et un collyre pour oindre tes yeux, afin que tu
voies ».
« Si quelqu’un
entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui, je souperai
avec lui, et lui avec moi. »
« Que celui qui
a des oreilles entende ce que l’Esprit dit aux Églises. »
Le symbolisme de l’Apocalypse
peut nous paraître souvent déroutant et confus, mais il ne faut pas
oublier qu’il fut écrit dans une langue et dans un siècle qui ne
sont pas les nôtres. Les images ne s’adaptent pas toujours à
notre mentalité, ni les mots à nos idées modernes ; bien des
obscurités subsisteront malgré les efforts sincères et
consciencieux d’interprétation. Il est cependant clair et certain
que ce livre contient un message pour notre temps et que les
expressions employées correspondent à des réalités qu’il est
possible de percevoir avec un entendement spirituel.
Le fait évident que cette lettre
souligne dès le début est celui qui concerne la LOYAUTÉ absolue du
Créateur. Un Créateur parfaitement sage et intelligent s’y révèle
comme le garant d’un dénouement cosmique d’une telle élévation
et d’une telle beauté qu’aucune créature de l’univers ne
saurait finalement ressentir la moindre déception. Le Créateur est
réellement l’AMEN, le pleinement positif et affirmatif ; il
est le Commencement, ou le PRINCIPE de la création parce qu’il
soutient et soutiendra éternellement ses œuvres en route vers la
perfection totale.
La confusion et les obscurités
seront toujours indéfectiblement supervisées et contrôlées par
l’Esprit souverain qui travaille infatigablement à ajuster,
réajuster et coordonner les poussées anarchiques des forces
mondiales et cosmiques. Transposez cela sur le plan de votre
existence personnelle avec tout ce qu’elle comporte de phases
obscures, de perturbations et de conflits intimes, et vous
constaterez, en y réfléchissant honnêtement, qu’une force
supérieure domine sur les ténèbres et vous lance un discret appel
dans le secret de votre cœur.
Cet appel est un appel à l’ordre,
à la joie, à la gloire. La confusion vient toujours de ce que vous
cherchez à l’extérieur et souvent très loin ce qui est au-dedans
de vous-même, à l’intérieur. A la glorieuse finalité que Dieu a
imposée à toute chose peut s’opposer votre volonté, et, votre
libre choix, même mentalement exprimé, l’emportera toujours. La
personnalité absolue de Dieu peut éternellement échapper à vos
efforts de compréhension mais la part de son Esprit qu’il place en
vous sera à jamais le guide parfait qui assurera votre émergence
dans la Lumière. Dans le processus de la création le matin suit
toujours le soir, avec un apport supplémentaire de perfection, vous
le comprendrez à mesure que vous tenterez l’expérience de la foi.
Laodicée et la religion
Le christianisme est devenu une
religion par opposition à d’autres religions mais il est loin de
représenter fidèlement la pensée de Jésus à propos de la
religion. En réalité, il est plus facile de retrouver cette pensée
chez des individus plutôt que dans l’ensemble des collectivités
chrétiennes. L’Église de Laodicée est instructive à cet égard.
Sa situation spirituelle ressemble beaucoup à celle des églises
d’aujourd’hui. Il ne s’y trouve pas de franche incrédulité
mais pas de foi vivante non plus. Cette tiédeur enlève à son
message l’efficacité de la parole créatrice et il n’en résulte
aucun effet pratique sur le comportement des hommes.
Le christianisme a enrichi d’une
façon phénoménale son patrimoine intellectuel et théologique ;
c’est même devenu une religion de discours, de théories sur Dieu,
sur la foi et sur les œuvres, mais ce n’est plus la parole
souveraine du Seigneur créant la foi et produisant des œuvres. Les
millions de « chrétiens » baptisés ne sont aucunement
une force spirituelle, ils représentent tout au plus une certaine
mentalité, la mentalité écoeurante de celui qui croit avoir, alors
qu’il n’a rien. Ce n’est pas tout à fait l’incrédulité, ce
n’est pas la foi vivante, c’est la religion morte, paralysée par
une vague superstition et l’ignorance presque totale des
enseignements de Jésus.
Cette collectivité religieuse se
croit pourtant si riche par ses traditions et son passé, si bien
structurée par ses organisations et si bien encadrée par son élite
intellectuelle qu’elle ne ressent même plus son vide spirituel et
son absence d’efficacité directe pour libérer les âmes.
Le monde rejette et rejettera
instinctivement un système qui n’est pas à la hauteur de ses
prétentions et accumulera les préjugés et le mépris contre tout
ce qui a un caractère religieux.
Le monde n’a pas davantage
raison de réagir négativement car c’est en cherchant le vrai
qu’on élimine le faux et non pas en se contentant de détruire ou
de contester. Mais il faut d’abord bien comprendre que l’intention
de Jésus n’a jamais été de fonder le « christianisme ».
Son message visait essentiellement l’individu et son expérience
personnelle. La communauté religieuse des hommes ne devait être que
le résultat de la foi personnellement vécue et individuellement
expérimentée. C’est la valeur de l’individu qui fait la force
d’une communauté et non l’embrigadement d’un individu aux
exigences d’une collectivité.
Il est étrange que le réflexe
commun des hommes à l’invitation d’une authentique expérience
spirituelle soit la peur de changer de religion. Et changer de
religion signifie pour beaucoup de gens changer de communauté
religieuse. La peur de l’excommunication a remplacé l’amour de
la vérité. La dignité de la foi personnelle se dissout dans
l’anonymat de la foule tiède qui ne connaît pas ce qu’elle
croit.
C’est précisément ce manque
de connaissance qui est à l’origine de cette inconsistance
religieuse et de cette indigence spirituelle. L’Église de Laodicée
croyait connaître Dieu parce qu’elle pouvait parler de lui, mais
elle avait perdu l’EXPÉRIENCE de Dieu. Et l’expérience de Dieu
se reconnaît à ses fruits. Le fruit de cette expérience est qu’on
arrive à mieux aimer son prochain en souhaitant pour lui la même
expérience, c'est-à-dire l’affranchissement de son être
intérieur et sa libération des entraves de la peur superstitieuse
de devoir changer de religion. C’est en effet, à un changement que
l’Esprit nous convie, mais un changement de cœur et de pensée
pour faire l’expérience PERSONNELLE de Dieu.
Les signes d’une religion morte
On peut ne rien trouver à redire
aux théories qui définissent la vérité et que défendent les
Églises ; on peut approuver leurs démarches en vue d’établir
un monde meilleur, mais on est aussi obligé de constater le maigre
résultat, quand il y en a. Beaucoup de moyens mis en œuvre peuvent
donner une impression de richesse, mais le résultat prouve une
grande pauvreté.
Pourquoi l’Eglise est-elle
malheureuse ? Parce que ses adhérents ne donnent nullement
l’impression de posséder une véritable joie d’être des
croyants. Ils sont des enfants de l’église, ou des fils de la loi,
mais il leur manque de se sentir fils de Dieu et d’en apprécier
la réalité.
Pourquoi est-elle misérable ?
Parce qu’elle est obligée de pétrir sans cesse le ciment de
l’autorité pour imposer sa loi et qu’elle n’a pas confiance en
la loyauté de ses membres ; la peur de l’hérésie prévaut
sur l’attrait d’une vérité vivante et progressive.
Pourquoi est-elle pauvre ?
Parce que son action est dépourvue d’efficacité spirituelle et
l’oblige à faire appel aux adjuvants de la technique commerciale
ou publicitaire pour remédier aux défections de la masse qui veut
chercher ailleurs les satisfactions de l’âme.
Pourquoi est-elle aveugle ?
Parce qu’incapable de montrer avec assurance le chemin du ciel et
de communiquer aux âmes les glorieuses certitudes de la destinée
éternelle. Incapable de dire en termes précis et clairs le message
de l’amour divin, de son infinie bonté et de sa puissance pour
donner à chaque individu le pouvoir de se conduire comme un enfant
du Père céleste, en toute joie et toute liberté par un contact
direct avec lui.
Pourquoi est-elle nue ? Parce
que, finalement, il n’y a plus guère de différence entre elle et
ce pauvre monde qui se déchire et se débat dans ses égoïsmes, son
orgueil et son matérialisme, sa vanité et sa corruption.
Les signes d’une religion vivante
Le comportement décevant d’une
collectivité religieuse ne doit pourtant jamais être un motif
d’abandon. Il n’est pas inutile de toujours redire que Dieu
s’intéresse toujours à l’individu. Il est un Dieu personnel
pour chaque personnalité, et aucun mouvement de masse ne pourra
jamais s’opposer à la foi sincère d’un individu. Si l’attitude
d’une église morte peut gêner parfois considérablement
l’activité d’un témoignage vivant, elle ne doit pas gêner ni
entraver la progression des vrais fils de Dieu. Jésus lui-même a
parfois été handicapé dans son activité par les mauvais fruits
d’une religion sans vie (Mat.13 :58) ; mais cela n’a
jamais troublé sa marche avec Dieu, ni sa totale confiance envers
son Père céleste.
Parce qu’il y a des âmes
sincères qui aiment Dieu et le cherchent avec persévérance, il y a
une Église vivante. Elle peut être physiquement disséminée, sans
organisation visible et sans appui officiel, mais son existence est
absolument une réalité comme est une réalité l’expérience de
Dieu vécue par chacun de ses membres.
Cette Église là n’est pas
malheureuse parce qu’une joie profonde anime les croyants qui la
composent. Ils SAVENT qu’ils sont des enfants de Dieu, maintenant
et pour l’éternité, et ils essaient de le dire à ceux qui
acceptent de les écouter.
Elle n’est pas misérable parce
que la peur n’est plus le motif de sa détermination et de sa
fidélité. La paix du cœur et la sérénité de l’âme, la
confiance affectueuse en Dieu et la foi en son aide paternelle sont
des vérités d’expérience.
Elle n’est pas pauvre car
l’efficacité de la présence spirituelle de Dieu dans le coeur des
croyants dépasse de beaucoup celle d’une simple conviction
intellectuelle. La transformation spirituelle d’un individu élimine
souvent une quantité de problèmes qui n’auraient que très
difficilement trouvé leur solution par les procédés habituels de
la psychologie. Elle est d’autant plus riche qu’elle peut faire
tout cela sans argent et qu’elle en fait économiser beaucoup à la
société qui bénéficie ainsi des vertus de droiture et d’honnêteté
des membres de cette Église spirituelle.
Elle n’est pas aveugle parce
qu’elle sait aider les âmes qui cherchent des certitudes et
communiquer une foi vivante à ceux qui ont besoin d’une expérience
de Dieu.
Elle n’est pas nue parce qu’elle
peut faire la démonstration de la véritable maîtrise spirituelle
en opposant aux contrariétés inévitables de l’existence
terrestre les fruits constants de la justice et de la miséricorde
divine dont elle aime pouvoir se vêtir.
L’Eglise est vivante quand elle
achète des mains du Seigneur cet or pur d’une foi éprouvée par
l’expérience. La terre est une école d’expérience et cette
expérience commence toujours par un acte de foi conscient envers la
parfaite sagesse de Dieu, sa parfaite bonté et sa loyauté absolue
envers ses créatures qui lui font confiance.
Il frappe a la porte
Bien que l’Esprit de Dieu soit
tout puissant, il respectera toujours le domaine privé de la pensée
humaine. Cela ne l’empêche pas de frapper à la porte et d’attirer
ainsi l’attention de celui qu’il voudrait aider et bénir. Il
veut établir un contact personnel et direct avec l’âme et
l’esprit du croyant. L’Esprit divin est comme les ondes de la
radio qui pénètre en profondeur, au-delà de toute frontière,
pourvu qu’on veuille bien les recevoir. Le poste récepteur est la
volonté humaine, et le désir sincère de faire l’expérience de
Dieu sera TOUJOURS réalisé, quelquefois de la façon la plus
inattendue, par celui qui a librement décidé d’ouvrir son cœur
et son esprit à la pénétration de l’Esprit divin.
C'est parce que Jésus a
parfaitement compté sur la loyauté de son Père qu’il a pu avoir
une vie aussi équilibrée et confiante, exemplaire et édifiante.
Les perplexités et les épreuves de la vie terrestre ne doivent pas
nous éloigner de Dieu, bien au contraire, puisqu’il se propose de
les affronter et de les traverser avec nous en nous accordant la
divine compagnie de sa présence spirituelle. La vraie liberté ne
consiste pas à être livré à soi même, mais à être assuré de
voir se réaliser un jour le meilleur de nos aspirations profondes.
Pour y arriver, le croyant apprend chaque jour un peu plus à
partager la foi et la confiance de Jésus en son Père. C’est
l’apprentissage indispensable à cette très haute destinée qui
consiste, pour la créature, à recevoir un jour une part de la
souveraineté et de la gloire du Créateur.
Samuel GUILHOT
24/
05/ 1970
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