Lectures : Marc : 1/ 29 à 38 ; Jean 6/ 14 à 15 ; Matthieu 27/ 38 à 43 ; Actes 1/ 3 à 8
« Car
mes pensées ne sont pas vos pensées, et vos voies ne sont pas mes
voies, dit l’Éternel ».
(Esaïe
55/ 8 à 9)
Si
Jésus a passé beaucoup de temps avec ses disciples ce n'est pas
tellement parce qu'Il avait beaucoup de choses à leur dire car s'il
fallait tout dire sur tout ce qui concerne la vie spirituelle et les
royaumes célestes c'est l'éternité qui serait nécessaire. C'est
d'ailleurs là ce qui fait tout l'intérêt de la Vie Éternelle :
elle est, entre autre, le moyen divin de satisfaire pleinement la
faim et la soif de l'homme de savoir et de connaître toute chose.
Nous connaîtrons comme nous avons été connus.
Ce
que voulait principalement Jésus dans ses fréquents contacts avec
ses disciples c'était surtout de leur apprendre la MANIÈRE de
comprendre les choses. Ils avaient une façon trop matérielle et
trop terrestre de comprendre les enseignements de Jésus sur le
Royaume de Dieu et ils n'arrivaient pas à admettre certains des
comportements de leur Maître ni certaines de ses paroles. Ils
étaient souvent agités par le trouble et la perplexité quand leurs
ambitions humaines, même les plus honorables, ne semblaient pas
rencontrer l'approbation de Jésus.
Ils
ne sont malheureusement pas rares les croyants qui trouvent étrange
que Dieu ne fasse pas ce qu'ils désirent et qui laissent leurs
pensées s'assombrir sous les nuages de la perplexité et,
quelquefois, du doute.
La
meilleure façon d'arriver à comprendre les voies de Dieu c'est
d'abord d'obtenir le calme intérieur car l'agitation fait toujours
obstacle à l'expérience de la Foi. Le juste vivra par la foi, dit
l’Écriture. La foi n'est pas l'acceptation passive de rester
aveugle et ignorant concernant les voies de Dieu, mais l'attitude
positive et paisible qui consiste à attendre le lever du jour qui
mettra de la lumière sur tout ce qui est momentanément obscur.
Dieu
est LUMIÈRE et rien ne doit rester indéfiniment caché mais nous
devons apprendre à pénétrer par avance les réalités cachées en
utilisant l'éclairage spirituel de la foi vivante et persévérante.
Le premier choc
L'entrée
de Jésus dans le ministère public semble se faire au gré des
circonstances et celles-ci se déroulent de telle façon que les
disciples en sont remplis d'enthousiasme. C'est pour leur Maître une
occasion extraordinaire de confirmer sa messianité et, pour eux,
d'être au bénéfice d'une exaltante popularité.
L’enchaînement
des faits commence avec la délivrance d'un possédé qui se présente
inopinément dans la synagogue au moment où Jésus y fait un
discours. Après cela, c'est la belle-mère de Simon qui est délivrée
de sa fièvre alors que Jésus est dans sa maison. Il est facile et
humain de penser que les nouvelles vont aller très vite et que les
gens vont arriver de toute part et se rassembler autour de la maison.
Pour ne pas enfreindre la loi du sabbat tous ces malades ont attendu
le coucher du soleil pour venir solliciter la compassion et le
pouvoir de Jésus. C'est ainsi que pendant une bonne partie de la
nuit, Jésus sera occupé à donner libre cours à son amour pour
tous ces gens affligés mais sans jamais perdre de vue cependant le
véritable but de sa mission.
Jésus
a toujours su concilier les impératifs de la compassion avec les
exigences de la volonté de son Père Céleste ; autrement dit, dans
tout ce qui était bon il a su discerner le meilleur. Nous pouvons
être certains que la volonté de Dieu est toujours ce qu'il y a de
meilleur pour l'homme et que, même dans sa façon de faire le bien,
Jésus visait avant toute chose à placer l'individu dans les
meilleures des conditions pour son bonheur éternel.
C'est
parce que Jésus garde la maîtrise des événements qu'Il provoque
la surprise chez ses disciples en refusant de continuer davantage de
s'occuper de la foule qui se rassemble à nouveau. Après s'être
éclipsé pour être un moment seul avec Dieu Il sera retrouvé par
ceux qui le cherchent et réclament son ministère de guérison. Mais
Il répondra : ALLONS AILLEURS.
Le but ne doit pas être confondu avec les effets
Si
la guérison des malades était un but elle aboutirait à
l'immortalité. Visiblement elle n'était pas cela puisque tous les
malades guéris par Jésus dans le cours de son ministère terrestre
sont morts depuis longtemps.
Ce
qui est évident c'est le déploiement de miséricorde et d'amour
divin sur tous ceux qui ont été l'objet de son intervention. Dieu
est tout amour et bonté mais non à la manière de parents qui
donnent n'importe quoi à leurs enfants en cédant à tous leurs
caprices. Dieu est amour mais Il est aussi un parfait ÉDUCATEUR.
Éduquer veut dire « conduire » et si les œuvres de
Jésus étaient l'effet de l'amour divin ce même amour divin reste
déterminé à conduire l'homme vers les vrais buts de l'existence.
Jésus
prêchait le Royaume de Dieu et Il en donnait les preuves. Les gens
qui étaient guéris avaient en eux-mêmes, dans leurs corps rétabli,
le signe évident de la nature de ce Royaume. C'était quelque chose
d'excellent.
Cependant
le plus important pour Jésus c'était d'INTRODUIRE les hommes dans
ce Royaume. Ces hommes avaient besoin des choses qui ne s'usent pas
et que le temps n'emporte pas dans l'oubli. La justice, la paix et la
joie ne sont pas des valeurs matérielles mais des biens éternels
que l'on possède avec son cœur et que l'on apprécie avec son
esprit. Le corps matériel finit toujours par être ravi par la mort
mais nul ne peut ôter, à celui qui les possède, les biens
spirituels qui font la source inaltérable et inépuisable de son
bonheur. N'oublions pas que l'affliction ne fait pas toujours le
malheur de l'individu, ni la santé toujours son bonheur.
Jésus
avait la possibilité de créer un énorme courant sentimental de
sympathie et d'enthousiasme populaire à son endroit. Qui de nous
n'en aurait pas profité s'il avait disposé d'un tel pouvoir...!
Pourtant, par des interdictions de parler et par des refus d'agir,
Jésus semble vouloir limiter au maximum les effets humains et
matériels de son puissant ministère. La Bonne Cause ne justifie pas
pour Lui n'importe quel moyen.
Jésus
ne veut ni créer ni entretenir un mouvement superficiel où les
hommes se retrouveront finalement identiques à eux-mêmes. Son
ministère de guérison met l'accent sur son désir de guérir
spirituellement tous les handicapés spirituels que représente une
humanité moralement malade et religieusement aveugle.
La
guérison spirituelle est la capacité de reconnaître et de
connaître Dieu par une expérience personnelle de foi, c'est l'aimer
de tout son cœur et chercher Sa volonté pour l'honorer et le
glorifier en toute chose. C'est en effet cela et cela seulement qui
peut assurer à l'homme un bonheur parfait.
Le Roi des Rois refuse la royauté
Beaucoup
de croyants et de penseurs ont de la difficulté à établir un lien
entre le fait de la toute-puissance divine et ce qui s'accomplit par
cette même puissance au milieu des hommes. C'est vrai que Dieu peut
tout mais Il ne fait pas pour autant n'importe quoi et n'importe
comment. Ce n'est pas parce qu'on met entièrement sa confiance en
Dieu qu'on peut en obtenir n'importe quoi. Mais à coup sûr on en
obtiendra ce qui est le plus conforme à notre perfectionnement et à
notre bonheur.
Chassé
des synagogues pour son non-conformisme et pour la nouveauté de son
message, Jésus est contraint de prêcher dans les déserts. Dans ces
endroits il n'est pas facile de ravitailler une foule affamée mais
la compassion de Jésus et la volonté de son Père céleste lui
dictent d'opérer un miracle très particulier qu'Il ne reproduira
que de très rares fois. Malheureusement la suite montrera que la
satisfaction matérielle l'emportera sur le désir spirituel et c'est
ce que Jésus fera remarquer à ses disciples plus tard.
Il
est facile de faire des adeptes en flattant l'ambition matérielle et
il aurait été très facile à Jésus de se prévaloir de sa
puissance pour créer une unanimité de sentiments à son égard. Un
mouvement populaire se dessine d'ailleurs en sa faveur mais Il
ne se laisse pas tromper par une fausse gloire ni séduire par de
fausses valeurs. Rien n'empêcherait Dieu d'imposer son autorité à
la manière des rois de la terre mais s'Il garde le silence et se
cache c'est parce qu'Il ne veut régner que sur les cœurs
qui le cherchent et qui l'aiment. Son royaume est celui de l'amour et
il n'est pas question de soumettre les libertés individuelles sous
les contraintes d'une autorité purement physique et matérielle.
Dieu veut être aimé et servi non pour ce qu'Il donne mais pour ce
qu'Il EST.
Jésus
n'a jamais voulu créer de clans religieux ni d'églises au sens
matériel du terme. Il a fondé son assemblée sur une révélation
spirituelle par laquelle tous les hommes peuvent comprendre que Dieu
est le Père de tous et chacun, s'il le veut, peut devenir un fils de
Dieu indépendamment de tous les cloisonnements, de tous les
nationalismes et de tous les sectarismes.
Jésus
a beaucoup déçu ses disciples en disparaissant une nouvelle fois,
en ne profitant pas de ces circonstances exceptionnelles comme chacun
de nous aurait été tenté de le faire... pour la Bonne Cause.
L'inévitable aboutissement des refus de gloire matérielle
Mille
fois Jésus a eu l'occasion d'éviter la croix mais ses refus
successifs des propositions humaines l'ont amené à être Lui-même
refusé par un monde qui avait tout à apprendre sur les valeurs
supérieures de l'Esprit.
Rejeté
de tous et incompris Il refuse encore de descendre de cette croix
comme on L'y invitait. Un coup d'éclat était encore possible pour
confondre les incrédules mais Il savait bien que cela ne conduirait
pas ses persécuteurs à reconnaître en Lui celui qui les aime et
désire affranchir leur esprit des esclavages de la pensée
matérielle.
Les
disciples seront de plus en plus désemparés par l'étrange
comportement de Jésus mais ils comprendront bientôt que les voies
de Dieu ne se conçoivent que par l'esprit parce que l'Esprit est
éternel et qu'il reste indestructible et parfaitement libre même là
où la mort physique semble emporter toutes les espérances. La
sagesse est toujours justifiée par ses œuvres.
Si
Jésus était le Prince de la Vie comme Il le laissait entendre, Il
ne pouvait pas craindre l'épreuve de la mort. Elle lui était même
indispensable afin de montrer aux croyants de tous les temps qu'elle
n'était plus l'obstacle définitif à la réalisation des profondes
aspirations de l'âme humaine : ce qui n'est pas réalisable pendant
la courte vie terrestre, le sera sur les sentiers de la progression
éternelle.
Le refus des preuves matérielles de la résurrection
Si
Jésus s'est manifesté 40 jours durant à ses disciples après sa
résurrection Il pouvait très bien le faire auprès de ceux qui
l'avaient condamné. A aucun moment, pourtant, Il n'est apparu à un
de ses ennemis ou même simplement aux gens qui avaient été témoins
de sa prédication et de ses œuvres. Ce sont seulement ceux qui
l'aimaient et particulièrement ses disciples qui ont eu droit à ses
apparitions.
Dieu
ne donne des preuves de son être qu'à ceux qui le cherchent
sincèrement et désirent connaître sa volonté pour la faire. Il
n'est pas question que le Royaume de Dieu soient constitué de gens
requis par force. Dans un règne de contrainte la pièce essentielle
manquerait : l'AMOUR.
Les
seules preuves qui seront données à tous les hommes au cours des
siècles seront la vie et le comportement des vrais croyants. Tout le
monde est d'accord pour reconnaître la validité de ces preuves,
sinon ouvertement du moins négativement, en critiquant les mauvais
croyants.
Les
disciples doivent devenir des témoins en ce sens qu'ils recevront
une nouvelle puissance spirituelle qui les rendra capables de vivre
comme leur Maître a vécu : avec un réel amour et une entière
confiance envers leur Père céleste. Jésus ne leur demande pas de
contraindre les hommes à entrer dans le Royaume de Dieu mais Il les
exhorte à leur donner le témoignage de la réalité de ce Royaume
par la démonstration de leur amour réciproque.
Ne
soyons pas obsédés par le fait que Dieu semble être avare de
démonstrations et de signes qui, à notre sens, convaincraient les
hommes pour les amener à la foi. Ce serait une tragique erreur qui
ne ferait que satisfaire la curiosité et favoriser la
superficialité. Nous devons prier pour que les hommes aient faim et
soif de Dieu et veiller à être toujours disponibles pour les aider
à croire en l'amour et en la justice de Dieu parce qu'ils nous
verront nous-mêmes pratiquer cet amour et cette justice.
Si
au lieu de se disputer sur des définitions doctrinales, les croyants
s'étaient toujours préoccupés d'abord de vivre dans leur vie
privée et publique les enseignements de Jésus il n'y aurait jamais
eu de conflits religieux ni de cloisonnements sectaires.
Dieu
est le Père de tous les hommes et, pour devenir ses fils, Il ne leur
demande pas leurs idées, leurs opinions ou leur doctrine mais leur
cœur, leur foi vivante et leur amour sincère.
Il
est vrai que nous avons tout à apprendre sur Dieu et sur sa Divine
Paternité. Mais comment le pourrions-nous si nous n'avons d'abord
acquis par la foi la certitude que nous sommes ses enfants et donné
la preuve de cette réalité en nous aimant fraternellement ? Or cela
est possible parce que la promesse du Saint-Esprit est pour tous ceux
qui veulent être des disciples.
Samuel
GUILHOT
14/
12/ 1969
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