Esaïe 66/ 13 : « Comme
un homme que sa mère console, ainsi je vous consolerai. »
Tout
le monde s'accorde pour penser que l'amour des chrétiens entre eux
est la seule chose qui puisse justifier et confirmer leur sincérité
ainsi que l'authenticité du message de Jésus. Dans un autre sens
c'est précisément ce manque d'amour qui a le plus discrédité et
affaibli l'efficacité du christianisme. Il n'y a rien de plus
mauvais que la corruption du meilleur.
Si
nous sommes obligés de faire malheureusement cette constatation cela
ne fait que mettre encore plus en évidence la nécessité pour
chacun de nous de nous rapprocher de plus en plus près de la vérité
et non de nous en éloigner sous le prétexte de ne pas la trouver
chez les autres. La seule manière de surmonter nos déceptions et de
les transformer en expériences positives est de chercher à être ce
que nous voudrions que les autres soient.
Mais
l'amour n'est pas une chose qui s'explique ou qui s'impose. Il ne
peut faire l'objet d'une réglementation ni résulter de
l'observation d'un code. Il ne devrait normalement jamais être le
sujet d'une prédication mais simplement une conséquence. L'amour
est un fruit, il est le produit normal et spontané d'une expérience
répétée de l'âme humaine consistant à connaître spirituellement
la réalité de Dieu. De la qualité de cette expérience dépendra
la qualité de l'amour qui pourra être manifesté.
Un
enseignement purement doctrinal ou moral ne peut donner à lui seul
la capacité d'aimer. La religion est trop souvent encore une
question de devoir et d'obligations, d'abstinences ou d'abnégation.
L'amour vrai n'est pas calculateur ni calculé. Il est une puissance
d'inspiration vers ce qui est bien parce qu'il résulte d'une
PRESENCE réelle de Dieu dans le coeur de l'homme. Ainsi, la sincère
rencontre d'un homme avec Dieu a inévitablement pour résultat de
communiquer à cet homme une NOUVELLE capacité d'aimer.
Il
est évident qu'on ne peut vraiment aimer si on ne conçoit pas que
Dieu est AMOUR. Il est également vrai que c'est dans la mesure où
l'on comprend ce qu'est l'amour de Dieu que l'on est capable d'aimer
comme lui. Certainement l'humanité n'est pas dépourvue d'amour et
les hommes sont tous capables d'en manifester à des degrés divers.
Mais il est justement limité et conditionné par leurs capacités
naturelle. En général on aime seulement ceux qu'on est capable
d'aimer.
Dieu aime l'homme comme un père son enfant
Sortir
de la religion primitive de la peur et se découvrir membre de la
famille de Dieu en croyant et en faisant l'expérience de l'amour
paternel de Dieu est une première phase de croissance spirituelle
dans la véritable foi personnelle et vivante. Il en résulte
toujours une libération mentale par laquelle on obtient une
miraculeuse disparition des haines ou des ressentiments qui blessent
comme des échardes. Comprendre qu'on est un enfant de Dieu c'est
déjà commencer à ressembler un peu à son Père.
Mais,
en qualité de Père, Dieu nous discipline et nous corrige parfois.
Son amour parfait s'intéresse à notre formation et à notre
perfectionnement sous sa bienveillante, mais non moins ferme,
autorité paternelle. Il ne faudrait cependant pas pour autant penser
que Dieu passe tout son temps à discipliner et à corriger et tomber
ainsi dans une crainte continuelle. Dieu nous a fait pour que nous
soyons heureux de vivre en appréciant ses bontés.
La
volonté de Dieu est que nous apprenions à être confiants et
détendus sans faire de toutes les circonstances de la vie des
occasions de nous poser des problèmes. Même s'il y en a vraiment
ils ne sont que de notre côté, jamais du sien. Écoutons plutôt ce
qui est dit au Psaume 127 : « Si l’Éternel ne bâtit la
maison, ceux qui la bâtissent travaillent en vain... Il en donne
autant à ses bien-aimés pendant leur sommeil ».
Dieu aime aussi comme une mère
On
parle peut-être moins souvent de cette qualité de l'amour divin.
Elle est pourtant très réelle et tout autant perceptible que
l'autre. Si l'amour paternel de Dieu guide, instruit, corrige et
éduque ses enfants pour leur bien, Il ne manque pas non plus de ce
caractère maternel par lequel ils sont affectionnés, consolés,
encouragés et rassurés.
L'amour
maternel dans sa douceur et sa sensibilité, sa tendresse et sa
beauté, est une réalité observable de la nature. Dieu serait-il
moins que ce qu'Il a créé ? Écoutons encore ce que dit Esaïe 49/
14 à 15 : « Sion disait : l’Éternel m'abandonne, le
Seigneur m'oublie ! Une femme oublie-t-elle l'enfant qu'elle allaite
? N'a-t-elle pas pitié du fruit de ses entrailles ? Quand elle
l'oublierait, Moi, je ne t'oublierai point. »
Le
psalmiste le savait bien quand il disait dans la quiétude de son âme
« J'ai l'âme calme et tranquille, comme un enfant sevré qui
est auprès de sa mère » (Psaume 131/ 2). Le vigoureux
serviteur de Dieu que fut l'apôtre Paul ne manquait pas de cette
sensibilité qu'il éprouvait de l'amour de Dieu et qui se traduisait
dans son comportement par une extraordinaire capacité d'aimer. Ses
épreuves lui permettaient d'avoir une expérience vécue des
consolations divines et d'être ainsi capable de consoler les autres
: « Béni soit Dieu, le Père de notre Seigneur Jésus-Christ,
le Père des miséricordes et le Dieu de toute consolation, qui nous
console dans toutes nos afflictions, afin que, par la consolation
dont nous sommes l'objet de la part de Dieu, nous puissions consoler
ceux qui se trouvent dans quelque affliction ! » (2Corinthiens
1/ 3 à 4). Il écrivait aussi aux Philippiens (1/ 8) : « Car
Dieu m'est témoin que je vous chéris tous avec la tendresse de
Jésus-Christ ».
Il
s'agit là beaucoup plus que d'une simple question sentimentale. Les
sentiments sont suprêmement canalisés et contrôlés par l'Esprit
de Dieu dans l'esprit de l'homme pour se manifester de la plus noble
et de la plus efficace manière. Aucune explication ni aucune
philosophie ne remplacera jamais le réflexe significatif de l'amour
maternel. L'acte et la manière dont il se produit valent plus que
tous les mots et toutes les théories que l'humanité est capable de
formuler à son sujet. L'intuition à elle seule nous annonce déjà
que Dieu est amour : à nous d'en faire l'expérience en y croyant et
d'y croire toujours plus en l'expérimentant.
La divine consolatrice
On
a souvent observé que l'homme fait instinctivement appel à sa mère
dans les moments de grande détresse ou de grand danger. Presque
toutes les religions ont, plus ou moins en évidence, un culte de la
Mère. Il faut le comprendre comme le résultat d'un besoin toujours
actuel d'une protection maternelle et aussi comme celui d'une
régression spirituelle qui tend à dissocier le caractère de
l'amour divin parfaitement unifié dans ses manifestations. Dieu est
autant capable de tendresse que de puissance, « de guérir ceux
qui ont le cœur brisé » que « de compter le nombre des
étoiles » (Psaume 147/ 3 à 4). C'est une profonde erreur de
penser que Dieu a besoin d'un complément, il est entièrement bon et
parfaitement aimant autant que tout-puissant.
Avant
de quitter la terre Jésus a voulu rassurer ses disciples en leur
promettant de leur envoyer son Esprit Consolateur afin de ne pas les
laisser comme des orphelins.
Ce
qu'il faut savoir c'est que le mot Esprit, dans la langue originale
de l'Ancien Testament, est un mot du genre FEMININ. L'Esprit-Saint
est comme une expression personnalisée de l'amour maternel de Dieu.
C'est la « Ruach Elohim », l'Esprit de Dieu qui se
mouvait au-dessus des eaux dans le récit de la création. Le verbe
mouvoir est une traduction du mot hébreu « merachéphet »
qui fait allusion à l'oiseau qui voltige au-dessus de sa couvée
pour la nourrir ou la protéger. C'est une image vivante de la vertu
créatrice et de l'amour maternel.
Lorsque
Jésus fut baptisé, l'Esprit de Dieu vint sur Lui sous la forme
d'une colombe (Matthieu 3/ 16 à 17). En même temps une voix se fit
entendre qui exprima toute l'affection de Dieu pour son Fils. Encore
une fois nous ressentons là tout le poids de cette affection
maternelle exprimée par la vision de l'Esprit.
Nous
ne pouvons manquer d'être frappés par la saisissante portée d'une
traduction où serait conservé le genre féminin du mot Esprit dans
une parole comme celle de Jean 14/ 16 ou 16/ 13 : « Quand la
Consolatrice, l'Esprit de Vérité sera venu... ». Il est
évidemment difficile de généraliser une telle traduction de ce
terme car il ne faudrait pas tomber dans le travers de ne plus voir
le caractère paternel de l'amour divin. Les deux sont inséparables
mais cette façon un peu particulière d'envisager les choses nous
aide quand même à mieux définir et ressentir la réalité de
l'affection divine pour sa créature.
L'Esprit Saint est comme l'éducatrice de notre vie intérieure
C'est
donc par son Esprit que Dieu console ses enfants et les encourage. Il
est pourvu d'une grande sensibilité et d'une incomparable douceur.
Il est comme la mère qui apprend à son enfant à formuler la prière
spontanée qui doit monter vers le Père céleste. (Romains 8/ 26 à
27)
Le
premier mot qu'un enfant terrestre prononce est « maman ».
Le premier mot d'un enfant spirituellement né, c'est-à-dire d'un
être humain qui naît à la vie spirituelle, sera « Père ».
« Car tous ceux qui sont conduits par l'Esprit de Dieu sont
fils de Dieu. Et vous avez reçu un esprit d'adoption, par lequel
nous crions : Abba ! (en hébreu signifie « papa » ou
« père »). L'Esprit lui-même rend témoignage à notre
esprit que nous sommes enfants de Dieu » (Romains 8/ 14 à 17).
C'est
par l'affection maternelle de l'Esprit que nous découvrons que Dieu
est notre Père et que notre vie spirituelle peut s'épanouir dans
les joyeuses certitudes de la foi en un Dieu qui est finalement plus
proche de nous que nos propres parents terrestres.
« N'attristez
pas le Saint-Esprit de Dieu » (Éphésiens 4/ 30) qui est en
vous par un manque de confiance, ou une vaine anxiété, ou par la
dureté de vos propos. Sa tristesse se répercuterait inévitablement
sur votre vie et vous ne pourriez être de sincères témoins de
l'amour de Dieu. L'Esprit-Saint est comme la divine inspiratrice de
nos pensées et de nos actes. Il travaille patiemment à nous
préparer pour être un jour de dignes citoyens du Royaume céleste
dans la pure clarté d'un monde où les caractères sont enfin
parfaitement unifiés et harmonieusement ordonnés. Nous comprenons
alors le sens de Apocalypse 22/ 17 « L'Esprit et l’Épouse
disent : Viens ! ».
Samuel
GUILHOT
21/
12/ 1969
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