Il
nous arrive parfois d'écouter à la Radio le témoignage de
personnalités dont la réussite intellectuelle, artistique, ou
sportive retient l'attention du monde. Leurs déclarations sont
parfois très dignes d'intérêt et dénotent d'un niveau élevé de
pensée, d'idéal ou de maîtrise de soi. La seule chose qui ne
manque pas de surprendre et qui est assez fréquente est leur
hésitation et leur embarras quand il s'agit de définir le
véritable sens de l'existence.
Certains
aimeraient pouvoir recommencer leur vie pour être à nouveau ce
qu'ils ont été et ressentent une profonde nostalgie à l'évocation
d'un passé qui ne se reproduira plus. Il leur manque encore
d'avoir expérimenté plus à fond ce qu'ils n'ont fait parfois
qu'entrevoir.
En
vérité la vie que Dieu donne à sa créature ne sera jamais un
cercle fermé où se répètent indéfiniment les mêmes départs et
les mêmes retours. L'idéal pour un être humain n'est pas de
pouvoir recommencer mais d'avoir la possibilité de pouvoir CONTINUER
afin, justement, d'atteindre des buts de plus en plus élevés et des
réalisations de plus en plus parfaites.
ÊTRE AU CLAIR SUR LES BUTS
Si
beaucoup de gens sont dans la confusion quant au véritable sens de
la vie il est à craindre que beaucoup de croyants ne soient pas très
au clair sur la question de leur destinée éternelle. Ces deux
questions de la vie terrestre et de la vie éternelle sont
inséparables et être au clair sur l'une c'est éclairer l'autre.
Quels
sont en général les buts que l'homme se propose d'atteindre durant
sa vie ? Ils peuvent se résumer en trois phrases dont les thèmes se
retrouvent dans les versets 4 à 6 de notre texte :
- Acquérir dans la société une situation, un titre ou un rang,
- Être connu et estimé par le plus grand nombre,
- Posséder suffisamment de biens et de richesses pour jouir du repos.
Il
est parfaitement normal et sain d'aspirer à ces choses. Dieu nous a
créés doués pour cela. Mais où l'homme se trompe, par contre,
c'est dans le choix des moyens qu'il utilise parfois et qui tendent à
pervertir en lui les plus nobles ambitions. Le départ est normal
mais la direction n'est pas toujours bonne. Elle ne l'est pas en tout
cas quand ses ambitions se bornent à vouloir satisfaire la totalité
de ses désirs uniquement dans le cadre et sur le plan de la vie
terrestre en négligeant le côté spirituel et céleste de
l'existence. Les croyants connaissent les mêmes errements quand ils
réduisent l’œuvre de Dieu aux dimensions de leur sphère
matérielle.
L'existence
que Dieu nous a donnée a Un SENS et DES BUTS. Toutes nos expériences
spirituelles nous ont montré qu'un but était fait pour être
dépassé en ouvrant le Chemin vers un nouveau but. Nous devrons tous
nous rendre compte que lorsque nous penserons être arrivés au terme
de notre existence nous ne ferons que commencer une autre vie vers de
nouveaux horizons. La vie n'est donc pas quelque chose qui recommence
toujours mais qui va toujours AU-DELÀ, comme l'écolier qui termine
une classe pour aller dans une autre. Rien n'est recommencement mais
tout est commencement. La Vie éternelle est à la fois un but et un
départ; elle est une suite infinie de progrès et jamais un état
fixe. Elle commence ici-bas comme un progrès et continuera à
toujours de cette manière.
OBTENIR UN RANG
Reprenons
les trois points des versets précités en y découvrant le but divin
et le moyen de l'atteindre. Le soldat qui désire acquérir un rang,
ou un grade, s'efforcera d'être un fidèle exécuteur des
ordres. Il devra le faire intelligemment afin de mettre à profit
toutes les leçons qu'il tirera de ses multiples expériences pour
une meilleure compréhension de ce qui est exigé de lui.
Dans
l'expérience spirituelle il ne suffit pas seulement d’exécuter
fidèlement les ordres divins quand ils nous parviennent. Un
croyant n'est pas une mécanique, il est avant tout un fils de Dieu.
Il doit donc aussi apprendre à discerner par lui-même le désir de
son Dieu.
Il
ne suffit pas de pouvoir dire : Dieu m'a montré ceci ou cela. il
faut encore être et devenir capable de SAVOIR ce qui lui plait.
L'enfant obéit aux ordres de ses parents parce que ceux-ci font
autorité sur sa volonté mais quand il est devenu grand il est en
mesure de connaitre leur désir sans qu'il lui soit nécessaire de
recevoir des ordres. Cela implique un discernement et une sensibilité
qui ont été développés par une fidélité persévérante et qui
font passer l'obéissance servile au stade de la collaboration
intelligente et affectueuse. A l'âge de douze ans Jésus avait
décidé de s'attarder dans le Temple pour « s'occuper des
affaires de son Père » et toute sa vie a été une
démonstration de cette QUALITÉ d'obéissance à laquelle nous sommes
tous appelés.
Le
moyen d'y parvenir s'offre tous les jours à nous par la somme des
petites choses que nous sommes exhortés à faire « comme pour
le Seigneur » (Colossiens 3/ 23-24). N'oublions pas que
toutes les valeurs d'expérience spirituelle acquises sur terre
seront automatiquement transférées pour notre compte dans notre vie
future et s'y déploieront encore vers des stades toujours supérieurs
(Apocalypse 14/ 13). Le ciel est organisé de telle sorte que celui
qui a, obtiendra davantage encore (Matthieu 25/ 29) et multipliera
ses possibilités de progression éternelle vers le but suprême qui
est la PERFECTION DIVINE.
L’ATHLÉTISME SPIRITUEL
Pour
ce qui est des honneurs et des privilèges ils seront toujours
réservés à ceux qui auront respecté les règles du jeu. Paul
prend en exemple les spectacles qu'il avait sous les yeux au temps de
l'empire romain. Un athlète couronné devenait un personnage important dont le nom était proclamé devant tout le peuple et qui
jouissait d'un statut particulier qui lui permettait d'avoir son
entrée dans les cercles nobles de la société. Dans le monde
d'ici-bas les positions élevées ne correspondent pas toujours
aux règles de la droiture et
de
la justice mais nous pouvons être certains que rien de tel ne se
produit dans les mondes célestes.
Souvent
ce qui est méprisé sur la terre est honoré dans le ciel et
vice-versa. Paul invitait les assemblées à honorer des hommes tels
qu'Epaphrodite (Philippiens2/ 29). Ce dernier avait été l'obscur et
dévoué serviteur de l'apôtre emprisonné. Ce service qu'il était
seul autorisé à rendre au prisonnier l'avait épuisé au point de
le rendre malade presque jusqu'à la mort. Comme pour d'autres dont
les noms sont restés inconnus ce n'est pas tellement la quantité de
services qu'ils ont rendu qui les a honorés mais l'ESPRIT dans
lequel ils ont servi. C'est la QUALITÉ d'un dévouement qui en fait
toute la valeur.
Il
y a des gens en compagnie desquels on est toujours heureux de se
retrouver. Ce sont ceux qui savent se rendre utiles sans jamais
imposer leur présence partout et à tout instant. Ils ne sont pas
des tricheurs et savent respecter les règles de l'humble fidélité.
Ils
ont des amis parce qu'ils sont eux-mêmes amicaux ; ils trouvent la
compréhension parce qu'ils s'efforcent eux-mêmes de comprendre
les autres et ils cherchent constamment à être ce qu'ils désirent
que l’on soit pour eux.
Ces
êtres là impriment dans les profondeurs de leur nature une
honorabilité qui se révèlera sur les plans supérieurs de la vie
céleste en leur donnant une luminosité plus intense (1
Corinthiens 15/ 41). Dans la course spirituelle d'ici-bas les
obstacles ne manquent pas mais ils sont en fait des occasions de
perfectionnement et de mise en valeur des qualités d'esprit et
de cœur que l'Esprit du Seigneur, notre entraîneur, est prêt à
nous insuffler généreusement dans la mesure des besoins. Retenons
cependant ce principe essentiel et fondamental que ce n'est pas le
service en lui-même qui constitue la règle du jeu mais l'ESPRIT
dans lequel nous l'accomplissons. En faisant ainsi nous sommes
assurés que l'entrée dans le Royaume éternel nous sera pleinement
accordée comme le précise Pierre dans son épître (2 Pierre 1/
3-11).
Et
puis, enfin, si jamais personne sur la terre ne reconnaissait jamais
la valeur de notre service nous en serions d'autant plus honorés
dans le ciel mais il est rare que passent inaperçus ceux que le
Seigneur estime car nous avons besoin aussi de leur exemple. Quoi
qu'il en soit il faudra toujours persévérer MALGRÉ TOUT et ne pas
sacrifier au découragement le prix incalculable et inestimable de la
récompense céleste.
ON RÉCOLTE CE QU'ON SÈME
La
dernière imago est celle du paysan qui n'hésite pas à perdre momentanément son grain dans l'espérance d'en récolter cent fois
plus au jour de la moisson. Si le temps des semailles est parfois dur
il sera largement compensé par la satisfaction et le repos qu'une
abondante moisson procurera au laboureur.
La
question de la vie spirituelle et de son entretien est plus qu'un
accessoire à notre vie. C'est le FONDEMENT même de notre existence
temporelle et éternelle.
Pour
beaucoup de gens la vie religieuse est une chose que l'on a en plus
de tout le reste et pour laquelle il convient de trouver une petite
place. Qu'ils ne s'étonnent pas de ne trouver qu'une mince
satisfaction et peu de certitudes pour leur âme. Le vrai croyant est
plutôt amené à découvrir ce qui est EN TROP dans sa vie afin de
pouvoir laisser la première place aux valeurs éternelles. Il
n'hésite pas à jeter le grain de son temps dans le terrain de la
foi en vue d'obtenir un jour une glorieuse moisson de biens éternels.
Il
faut en effet savoir que le chemin de notre vie future commencera au
point du niveau spirituel acquis sur terre et que chaque progrès
vers la perfection constitue un gain de temps considérable et
donc un repos dans la carrière céleste . Nous vivons une courte vie
terrestre où le temps est extrêmement condensé par rapport au
temps céleste et où, par conséquent, chacun de nos pas représente
un large échelon dans les sphères du ciel.
Ce
qu'un homme aura semé il le moissonnera et celui qui sème pour
'Esprit moissonnera de l'Esprit la Vie éternelle. Ne nous lassons
pas de faire le bien et de bien faire car la moisson arrive toujours
au temps convenable (Galates 6/ 1-10).
Quand
Paul exhorte Timothée à combattre le bon combat et à SAISIR la Vie
éternelle cela implique que l'éternité se prépare dès maintenant
et qu'elle sera finalement en qualité, en élévation et en honneur
selon la mesure où nous en aurons apprécié les valeurs et
expérimenté les vertus.
GLOIRE,
HONNEUR et PAIX sont les termes mêmes de l’Écriture pour rappeler
que ce sont là des buts certains proposés à. tout homme, des
choses qu'il est normal de rechercher parce qu'elles donnent à la
vie sa pleine signification quand on les recherche dans la bonne
direction et de la bonne manière (Romains 2/ 10).
Samuel
GUILHOT
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