Lectures : Apocalypse 15
Paradoxalement
l'Apocalypse, qui est une révélation ou un dévoilement d'après la
signification de ce mot, est en même temps un texte présenté sous
forme camouflée derrière une série de tableaux plus ou moins
symboliques. De nombreux efforts ont été faits pour tirer au clair
son message prophétique, mais avec un succès partiel et des
résultats parfois contradictoires. Il ne faut pas oublier que ce
message fut écrit par l'apôtre Jean à une époque où les
persécutions obligeaient les chrétiens à se communiquer la Parole
de Dieu à mots couverts quand celle-ci concernait les rois et les
empires afin de ne pas risquer inutilement d'encourir la brutale
réaction des autorités.
Cependant
le fait spirituel par lequel s'affirme la sainteté, la justice et
même l'amour infini de Dieu est parfaitement discernable malgré
l'obscurité apparente du texte. C'est cela qui doit essentiellement
nous intéresser et contribuer à notre compréhension des voies de
Dieu pour nous et pour l'humanité en général.
L'apôtre
vit un signe grand et ADMIRABLE. Bien que le côté sombre du tableau
soit impressionnant et parfois effrayant, on ne peut qu'être frappé
d'admiration en considérant son arrière-plan lumineux. Car il uy a
un côté lumineux. Le voici : Alors que les catastrophes provoquées
par la folie humaine sont caractérisées par leur non-sens et leur
imprévisible conséquence, nous avons ici la claire certitude que
tout est mesuré, compté, contrôlé et dirigé en vue d'une fin. Il y a 7 fléaux qui sont les derniers et aboutissent à un
accomplissement.
Ce
qui peut nous surprendre est que cet accomplissement est celui de la
« colère de Dieu ». Nous ne devons pas penser à Dieu
comme à un homme qui se met en colère. Il n'est pas écrit que Dieu
est colère mais qu'il est AMOUR; Cette « colère » n'est
pas le fait de sa nature, mais un moyen d'exprimer ce qui se passe
quand sont transgressées les lois de la création. Or, les lois de
Dieu par lesquelles tout existe, sont des loois d'amour parce
qu'elles contribuent toutes à réaliser l'harmonie et tendent vers
l'ordre parfait. Son intervention n'est pas à comparer avec celle
d'un tyran dévastateur, mais c'est celle d'un Créateur bienveillant
qui fait agir ses lois pour remédier soudainement à un dangereux
désordre. Tout le monde conviendra que le monde entier aspire à un
ordre meilleur mais qu'il ne peut se réaliser sans une violente
réaction, une sorte de fièvre curative, une crise définitive qui
permettra à l'humanité et à la nature de retrouver leur équilibre.
Quand il y a transgression des lois il y a obligatoirement une amende
à payer dans des proportions correspondantes.
Il
est écrit que la colère de l'homme n'accomplit pas la justice de
Dieu (Jacques 1/ 20) parce que cette colère n'est que l'expression
très sou vent d'un désordre intérieur et d'un manque de maîtrise
de soi. Dans ces conditions elle risque toujours de produire une
injustice. Le but de la justice de Dieu et de ses manifestations
n'est pas de détruire mais de redresser et de rétablir (voir ce qui
est dit au prophète Jérémie 1/ 10). Les gens ont l'habitude de
parler de la fin du monde mais si l'on est tant soit peu éclairé
spirituellement on doit être amené au contraire à parler du
commencement d'un nouveau monde. C'est surtout cela que nous
attendons et dans ce cas, l'Apocalypse ne nous apparaît plus comme
un écroulement de nos espérances mais comme la réalisation de nos
plus chers désirs. Bien que l'Apocalypse présente le drame de
l'échec humain pour établir un monde harmonieux, elle souligne
surtout le fait de la victoire de Dieu sur les hommes et celle de
l'ordre sur le désordre.
Le
2ème verset
est un aperçu rapide de ce monde nouveau tel qu'il existe d'ailleurs
sur les sphères célestes. L'apôtre Jean rapporte subjectivement
l'impression qu'il tressent en contemplant cette scène. En
traduisant en lan gage moderne peut-être pourrait-on comprendre que
cette mer de verre mêlée de feu est un immense cristal dont la
propriété est de capter et de reproduire un peu comme nos
minuscules transistors les sons et la vision colorée de la
majestueuse création. Les « harpes de Dieu » semblent
être en rapport étroit avec ce phénomène cosmique et mettre
chaque individu en contact direct avec cette divine et universelle
harmonie. Le Psaume 19 peut alors prendre une signification nouvelle
quand il est dit : « Les cieux RACONTENT la gloire de Dieu et
l'étendue manifeste l’œuvre de ses mains... Ce n'est pas un
LANGAGE, ce ne sont pas des PAROLES dont le SON ne soit pas ENTENDU :
leur retentissement parcourt toute la terre, leurs accents vont aux EXTRÉMITÉS du MONDE. »
L'énorme
cristal semble, presque de toute évidence, capter des énergies qui
font vibrer les harpes et révèlent aux hommes les ressources
infinies des beautés de la création sans fin. De touts les
frontières de l'univers parviennent les échos de la gloire de Dieu.
Les cieux et les cieux des cieux vibrent d'une extraordinaire symphonie et les merveilles de la création ainsi que l'inconcevable
activité de myriades d'êtres célestes provoquent dans cette
nouvelle humanité un émerveillement sans borne.
Ces
gens glorifiés réalisent alors l'importance de la victoire qu'ils
ont eue à remporter sur « l'image de la bête ». Pendant
leur vie terrestre, ils ont été instruits à se dépouiller du
« vieil homme » pour revêtir CHRIST (Éphésiens 4/
20-24) et ils ont en fin la réalisation de l'espérance qui a
toujours été la leur (Romains 8/ 25). Ils ont été libérés
définitivement de la servitude d'une nature corruptible et de la
mort et c'est pourquoi ils chantent le cantique de Moïse et de
l'agneau qui rappellent la délivrance des Hébreux de leur servitude
en Égypte et la victoire sur la mort. Non seulement ils réalisent la
grandeur et la puissance de Dieu, mais aussi l'étendue de sa
sagesse infinie et de la perfection de ses voies. Ils se rendent
compte combien ils ont eu raison de garder malgré tout leur
confiance en Dieu alors qu'ils traversaient la sombre vallée de leur
existence terrestre. Toutes choses ont finalement travaillé ensemble
pour le bien de ceux qui aiment Dieu.
Il
est écrit que « la chair et le sang » n'héritent point
du Royaume de Dieu et que nous sommes appelés à « travailler
à notre salut » (Philippiens 2/ 12) afin d'obtenir la victoire
de l'Esprit sur notre matérialité et notre animalité.
Faisons
attention de bien comprendre les choses. La matérialité et
l'animalité de notre être terrestre ne nous ont pas été données
pour nous handicaper comme des fardeaux inutiles pas pour nous
fournir l'OCCASION de développer en nous l'élément spirituel qui
leur est supérieur. La CHAIR et le SANG de notre matérialité sont
les éléments d'une situation PROVISOIRE et non des futilités
encombrantes. Le mal n'est pas dans la nature animale de l'homme mais
dans la façon dont il la considère. Le rôle de l'homme tel qu'il
est défini dans le récit de la création (Genèse 1/ 28) est
d'exercer une souveraineté totale sur tout ce qui est terrestre y
compris sa propre nature. La victoire n'est pas dans la suppression
de ce qui fait la nature terrestre de l'homme, mais dans le contrôle
et le gouvernement par son esprit sur cette nature. La vie chrétienne
est par définition l'apprentissage progressif et constant de cette
« royauté ». La nature humaine de Jésus nous a montré
le but que l'Esprit de Dieu se propose d'atteindre en nous et AVEC
nous.
Il
est donc dramatique de constater combien de gens sont encore dans une
fausse position par rapport à leur matérialité. Certains la
considère comme unique et définitive et cherchent leur satisfaction
dans le matérialisme tandis que d'autres voudraient l'ignorer ou
s'en débarasser par la mort ou les mortifications. Même le
christianisme par certains aspects négatifs de sa théologie a
souvent contribué à des attitudes erronées et malheureuses. Jésus
a toujours été positif dans son enseignement et a montré aux
hommes comment ils pouvaient s'affranchir de leurs esclavages en
prenant conscience qu'ils étaient des fils de Diue et que leur Père
céleste pourvoirait abondamment à leurs besoins spirituels si
seulement ils voulaient l'aimer et lui faire toujours confiance. Se
battre en duel avec sa propre nature n'est pas la bonne solution mais
rechercher Dieu et se préoccuper des choses de l'Esprit est le plus
sûr moyen de neutraliser les revendications démesurées de la
nature matérielle (Romains 8) La voie de Dieu est toujours positive
parce qu'elle enseigne à vaincre le mal par le bien. C'est ainsi que
la « bête » est vaincue et que transparait l'homme
véritable en conformité à l'image du Fils de Dieu.
Les
versets 3 et 4 résument toute la somme des expérience traversées
par les heureux enfants de Dieu qui réalisent toute la fidélité de
Dieu à leur égard. Ils ont connu comme tous les hommes les luttes
et les tâtonnements de la vie terrestre, les perplexités et les
incertitudes de la raison, mais ils ont marché par la foi, croyant à
priori que Dieu ne pouvait que désirer le bonheur de sa créature.
Même des jugements qui paraissent sévères, se révèlent à leurs
yeux comme des voies de salut et de bonheur. Ses voies sont toujours
justes et véritables et ce qui en résute suscitera une éternelle
admiration. Les voies divines n'inciteront jamais l'homme à la
passivité ou à la paresse. Dieu n'offre pas à sa créature un
bonheur qu'il serait incapable d'apprécier et inapte à recevoir. La
foi doit l'ennoblir et l'élever vers une compréhension de plus en
plus pure des réalités supérieures de l'ordre célest et de
l'Amour divin.
Même
les nations en tant que collectivitées doivent un jour bénéficier
de la libération spirituelle des fils de Dieu (µRomains 8/ 19) et
profiter de l'activité bienfaisant et guérissante de ceux qui ont
vaincu l'image de la bête (Apocalypse 22/ 2) et qui portent sur leur
front le Nom divin. Nous comprenons qu'il ne s'agit pas d'un nom
imprimé en lettres sur le front mais de cette ressemblance frappante
avec Dieu qu'ils ont acquise par leur foi persévérante.
C'est
de cette manière que nous pouvons espérer nous tenir un jour debout
sur les rives éternelles et contempler avec une joie indicible ce
que nous aurons patiemment attendu.
Samuel
GUILHOT
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