Lecture
: Matthieu 21/ 1 à 17
Il ne faut jamais perdre de vue que c'est exactement le caractère de
Dieu qui se révèle au travers de tout le comportement de Jésus et
que sa vie sur la terre a pour but essentiel de nous libérer de nos
ténèbres spirituelles pour nous introduire dans la lumière de la
vérité. Cette vérité est précisément celle qui nous affranchit
de toutes nos conceptions erronées sur la nature de Dieu. Bien que
tout homme ait au fond de lui le sentiment très confus qu'il est la
créature d'un Créateur mystérieux et qu'il ait une pensée pour
réfléchir sur la chose, il est dans une grande ignorance des
chemins par lesquels sa pensée et sa réflexion pourraient le
conduire jusqu'à la connaissance véritable de Dieu. En réalité il
n'y parviendrait pas s'il n'était piloté par l'Esprit divin qui
l'habite et qui lui permet de reconnaître progressivement les
signes et les manifestations de la vérité.
Jésus est la manifestation la plus complète et la plus adéquate que Dieu
ait accordée à l'homme de lui-même. Mais elle est si riche et
si directe qu'elle contredit parfois durement les idées et les
traditions reçues et admises depuis des siècles. Les juifs en
étaient si surpris que même les disciples avaient du scrupule
d'abandonner leurs vieilles habitudes de pratique religieuse. Ils
auraient voulu garder le vin nouveau dans de vieilles outres.
Aujourd'hui le chrétien peut éprouver la même difficulté quand
une nouvelle façon de comprendre la vérité s'impose à lui. Tel
aura, par une longue tradition, acquis une forme de service
respectueuse, austère et craintive et comprendra difficilement
que l'on puisse servir Dieu avec joie et bonne humeur et que la
sainteté n'est pas forcément triste. Tout dépend de la conception
qu'on a de Dieu. Il est surtout important pour TOUT chrétien
d'arriver à une conception PERS0NNELLE de Dieu qu'il aura acquise
par sa propre réflexion et sa propre expérience. Trop souvent on
s'attache à une vérité beaucoup plus par peur que par conviction
personnelle. La foi n'est pas un crédo intellectuel mais une
expérience personnelle vécue, et, concernant la nature de Dieu, il
nous faut constamment réviser nos attitudes mentales pour les
rapprocher de plus en plus de la réalité.
Par exemple nous avons un peu ou beaucoup l'habitude de considérer Jésus
comme une sorte de paravent protecteur entre un Dieu austère,
sévère, et nous. Jésus n'est pas un intermédiaire en ce sens que
Dieu nous voyant au travers de lui deviendrait indulgent et
compréhensif. En vérité il est un intermédiaire pour nous faire
comprendre et croire que Dieu EST ce que lui, Jésus, est pour les
hommes. Il est le Dieu dont les prophètes ont dit qu'il est lent à
la colère, riche en bonté et miséricordieux. Mais ces déclarations
consolantes ne pouvaient suffire à susciter un profond amour et une
réelle confiance, il fallait que cette vérité soit présentée
vivante et agissante au milieu des hommes, et c'est la raison pour
laquelle Jésus a accepté de venir s'incarner.
Ne lisons pas les Évangiles simplement pour découvrir que Jésus est un
être agréable, admirable et infiniment digne de confiance.
N'ayons pas l'impression qu'il est là comme pour adoucir le contact
avec un Dieu dont la majestueuse autorité ressemblerait à celle de
ces empereurs humains terrifiant leurs sujets. Nous avons tellement
l'habitude de considérer l'autorité sous la forme matérielle
d'imposants personnages qui intimident et font peur dans leur
froideur et leur indifférence que nous transférons facilement cette
image sur le plan des caractères divins. Nous concevons mal que
quelqu'un puisse faire autorité en restant simple, compréhensif et
ouvert à quiconque désire un contact affectueux. Pour obtenir
une réelle réforme de nos façons de concevoir les choses, il faut
se laisser pénétrer de cette importante vérité que tout le
comportement de Jésus à l'égard des hommes est exactement
celui de Dieu. C'est essentiellement cela la BONNE NOUVELLE.
Si par pureté spirituelle nous refusons de nous prosterner devant des
images ou des représentations matérielles la divinité,
faisons bien attention à l'idolâtrie des représentations mentales
qui tient captif de nombreux croyants au point qu'il est parfois très
difficile de les aider parce qu'ils refusent de penser
différemment et d'admettre que Dieu est bien plus compréhensif et
paternel qu'ils ne le pensent.
Jésus entrant à Jérusalem souligne le fait que partout où Dieu est
accepté et reçu il apporte la PAIX. C'est un Dieu de Paix dont le
règne est un règne de douceur et dont la présence bannit
l'angoisse et la peur. Quand un roi entrait dans une ville monté sur
un âne il voulait prouver par là ses intentions pacifiques.
Autrement c'était toujours le cheval qui était utilisé parce qu’il
symbolise la force guerrière et conquérante
L'autorité divine n'est pas une chose qui nous écrase de sa hauteur et nous
domine de sa puissance matérielle. C'est au contraire une force
d'amour et de douceur mais qui n'en a pas moins une incalculable
puissance. L'amour a d'ailleurs toujours fait plus de héros que la
haine. La force de Dieu est une puissance spirituelle qui est
toujours symbolisée dans l’Écriture par l'huile. Quoi de plus doux
que l'huile et cependant on s'en sert pour lubrifier les mécaniques
les plus puissantes. Une fine pellicule d'huile suffit à empêcher
la friction et éviter la désintégration des aciers les plus durs.
Même les articulations de notre corps sont toutes rendues possibles
par des lubrifiants adéquats. Nous comprenons facilement
l'importance de cette présence adoucissante dans l'existence
physique et matérielle des hommes et il n'en est pas autrement
pour notre existence spirituelle. L'introduction dans notre vie de la
présence spirituelle de Dieu ne peut qu'adoucir et favoriser notre
existence. Si nous croyons que Dieu ne peut être qu'austère et dur
nous serons aussi comme cela et nous n'aurons jamais beaucoup
d'influence sur les âmes pour les amener à croire en l'amour de
Dieu. Plus nous comprendrons mieux les qualités divines et plus ces
qualités se retrouveront dans notre comportement comme elles se sont
parfaitement trouvées en Jésus.
Dieu est PATERNEL ; ce terme aide beaucoup à définir le caractère divin
mais il implique aussi la vérité que Dieu ne néglige pas notre
éducation. Son action éducatrice n'est jamais négative ou
répressive comme on le croit trop souvent. Ce n'est pas la peur du
péché qui nous rendra meilleur mais l'amour du bien et c'est dans
ce sens positif que Dieu exerce son autorité paternelle sur ses
enfants. Dieu ne punit jamais personne mais désire montrer à
l'homme qu'il se fait du mal à lui-même en refusant d'obéir à
une loi d'amour qui n'est pas là pour le tyranniser mais pour lui
faire découvrir les joies infinies et les satisfactions profondes de
la fidélité.
Il faut également voir dans ce récit montrant comment Jésus envoie
ses disciples chercher un petit âne, un exemple de la vie simple et
quotidienne sur laquelle s'appuie l'expérience de la bonté de Dieu.
Le côté spectaculaire de la scène est dû à l'émotion populaire
et à son caractère imaginatif mais la révélation de Dieu n'a nul
besoin d'un pareil éclat pour atteindre le cœur qui cherche
sincèrement la vérité. C'est souvent dans les circonstances les
plus ordinaires de la vie que l'on découvre le vrai caractère de
Dieu et c'est souvent là aussi que l'occasion de l'honorer et de le
servir est la plus fréquente.
Jésus a pleuré sur Jérusalem parce que les foules n'aspiraient qu'à une
gloire purement matérielle et humaine et ne réalisaient pas son
vrai besoin spirituel.
Jésus apportait en lui-même et par sa vie l'exacte image du caractère
divin et les gens persistaient à croire en un Dieu partial et
vengeur qui rétablirait la gloire matérielle d'Israël telle que se
la figurait l'ambition humaine.
Certainement Jésus était souverain et désirait établir sa royauté sur Israël
mais pas seulement sur Israël. Il pensait aussi à tous les
autres peuples. Il aurait aimé s'asseoir sur un trône mais pas
celui de Jérusalem fait de matière, il voulait établir son règne
sur les cœurs et dans l'esprit des gens. Certainement il était
assez puissant pour chasser les ennemis d'Israël mais, pas les
Romains, l'occupant exécré, car les vrais ennemis de l'homme sont
tous les égoïsmes, toutes les haines, toutes les peurs et toutes
les impuretés spirituelles et morales qui le tourmentent.
Combien de dures épreuves auraient été épargnées alors si le
message de Dieu avait été entendu par des oreilles spirituelles et
des cœurs désireux avant tout de faire la volonté de Dieu et non
de conserver à tout prix les formes vétustes et figées d'une longue
tradition religieuse. Dieu est un Dieu vivant et qui n'a d'autre but
pour l'homme que de lui faire trouver les chemins d'une vie toujours
plus riche profonde et joyeuse dans la pratique désintéressé de
l'amour et de la justice. Pour défendre leur cause perdue les juifs
ont été capables alors d'un extraordinaire héroïsme et on peut
essayer d'imaginer ce qu'ils seront lorsqu'ils seront saisis par la
réelle vision spirituelle de leur vocation comme témoins de l'amour
et de la justice de Dieu.La Bible dit que ce sera pour le monde comme
une résurrection d'entre les morts. Si le témoignage fidèle
de quelques disciples juifs qui avaient compris le message de leur
Maître a pu avoir les répercussions mondiales que nous connaissons
que sera alors le témoignage d'une nation entière ! Dans un monde
qui se désespère sous l'ombre de la guerre et de la mort les juifs
devront donner un jour le témoignage irrécusable que seul Jésus
est vraiment le Prince de la Paix qui annonce que Dieu est le Père
de tous les hommes, toujours prêt à les comprendre et à les
accueillir.
30/ 03/ 1969 Samuel GUILHOT
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire